Bébé mort dans la rue: pas de demande d'hébergement de la mère depuis le 5 octobre
Une femme SDF qui a accouché mardi dans la rue d'un nouveau-né, mort, n'avait pas contacté le Samu social depuis le 5 octobre, a précisé mercredi le Samu Social, alors qu'élus de gauche et associations ont dénoncé les problèmes de l'hébergement d'urgence.
Une femme SDF de 38 ans, vivant sous une tente avec son mari rue de l'Observatoire (XIVe arrondissement) a accouché mardi d'une fille dont le décès a été constaté à 13H50, malgré l'intervention des pompiers et du Samu.
"C'est le seul endroit où l'on a pu s'installer avec une tente, et ma femme était déjà enceinte de presque huit mois", a déclaré Miloud, 39 ans, le père du nourrisson, à RTL.
"Quand les contractions sont venues, j'ai vu ma femme pliée en deux dans la tente (...). J'ai commencé à la voir pousser, pousser, et j'ai accueilli la tête du bébé (...). Mais elle (le bébé, ndlr) était inerte, j'ai fait 10 minutes de bouche-à-bouche, tout, tout, tout".
On ignore encore si l'enfant était mort-né. Une autopsie est en cours, a précisé la préfecture de région.
"Dolorès-Christina elle s'appelait, on pensait que dès que le moment serait venu, on l'aurait amenée à l'hôpital. Ma femme, elle a une réticence à aller à l'hôpital", a ajouté le père.
"On nous a toujours orientés vers le 115 ou d'autres organismes, mais on a trouvé porte close pratiquement partout", a-t-il déploré.
Eric Molinié, président du Samu social (qui gère l'hébergement d'urgence en Ile-de-France) a indiqué que la femme avait appelé ses services le 5 octobre. "Depuis il n'y a pas eu d'autre demande".
"Elle a raccroché quand on a voulu lui proposer une solution", a-t-il ajouté.
Elle était suivie pour sa grossesse par deux hôpitaux "Saint-Antoine et Port-Royal" et "par les services sociaux de la ville de Paris", a précisé M. Molinié.
Selon la préfecture d'Ile-de-France, le couple avait deux jeunes enfants "placés en famille d'accueil", et un de 16 ans, issu d'un premier lit.
Selon Europe 1, la mère avait inspiré une séquence du film Polisse, de la réalisatrice Maïwenn, consacrée à la Brigade de protection des mineurs.
Elle était toujours hospitalisée mercredi, a précisé le Collectif les Morts de la Rue.
Son porte-parole Christophe Louis a évoqué une "responsabilité collective", de "l'Etat, qui ne donne pas suffisamment de moyens pour l'hébergement d'urgence", des élus, qui "refusent parfois d'ouvrir des centres d'hébergements dans certains arrondissements", "des associations" et "des citoyens".
Olivier Bernard, président de Médecins du Monde, a rappelé que 8% des femmes enceintes suivies par l'ONG en France vivent à la rue et plus de la moitié présentent un retard de suivi de grossesse.
"Nous aidons des milliers de familles et celle-ci comme les autres, le problème c'est que l'Etat, le gouvernement laissent les collectivités locales seules", a dit le maire de Paris, Bertrand Delanoë, à RMC et BFMTV.
Dans un communiqué, le président du groupe PCF/PG (Parti de gauche), Ian Brossat, a accusé le secrétaire d'Etat au Logement, Benoist Apparu, d'être "responsable de la situation de cette femme et de la mort de son enfant".
Contacté par l'AFP, le secrétariat d'Etat au Logement n'a pas souhaité réagir à cette accusation.