Le Français Michaël Blanc, "prisonnier modèle" en Indonésie

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Une décennie avant Florence Cassez, l'opinion française s'était mobilisée pour soutenir Michaël Blanc, condamné à la prison à vie en Indonésie. Redevenu anonyme, le Français espère être prochainement libéré après avoir gagné ses galons de prisonnier modèle.

"J'entrevois enfin le bout du tunnel, les portes qui s'ouvrent...": Michaël Blanc a retrouvé un timide sourire. Il s'apprête à déposer, dans les prochaines semaines, une demande de libération conditionnelle.

Onze années ont passé depuis son arrestation, le 26 décembre 1999 à l'aéroport de Bali, avec 3,8 kilos de haschich dans deux bouteilles de plongée.

Il échappe de justesse à la peine de mort mais pas à la prison à vie, bien qu'il clame son innocence, affirmant qu'un ami lui avait confié ce matériel à transporter.

Cette condamnation à une peine jugée extrêmement sévère provoque un tollé en France. Une vaste campagne de soutien est lancée, notamment à la télévision où l'animateur Thierry Ardisson évoque son cas à chacune de ses émissions.

Peu à peu, la mobilisation faiblit. Le gouvernement français choisit la discrétion, affirmant que la médiatisation est contre-productive.

"J'ai vécu en prison des années extrêmement difficiles. J'y ai perdu tous mes repères", témoigne aujourd'hui l'ex-cuisinier-routard de 37 ans, qui avait quitté sa Haute-Savoie natale pour parcourir le monde.

Mais Michaël Blanc peut compter sur sa mère, qui a tout quitté en France pour être à ses côtés.

Hélène Le Touzey impressionne les autorités indonésiennes par son dévouement à défendre son fils, mais aussi de nombreux autres prisonniers, notamment africains, condamnés à la peine de mort dans des affaires de drogue.

Sa ténacité est récompensée en décembre 2009 lorsque le président Susilo Bambang Yudhoyono commue la peine de son fils à vingt ans de réclusion pour "bonne conduite", une mesure exceptionnelle.

Depuis lors, la situation de Michaël Blanc s'est nettement améliorée. Il a été transféré d'une petite prison de l'est de Java où il dépérissait, à celle de Cipinang, dans les faubourgs de Jakarta, où un journaliste de l'AFP a pu le rencontrer.

Dans cet immense pénitencier, où se serrent 2.000 détenus, le Français est devenu en quelques mois un "pemuka", un "leader" qui bénéficie d'avantages car il "agit pour le bien de la prison", selon la direction.

Responsable de la salle "informatique", il donne des cours de graphisme et d'anglais à ses co-détenus. "Même les gardiens me demandent parfois de les aider", souligne-t-il.

Le statut de "pemuka" lui donne droit à un mois et dix jours de remise de peine par an.

Michaël Blanc s'est bien adapté à l'ambiance "indonésienne", plutôt "informelle", de la prison, où "on te fait confiance si tu respectes les règles".

Les cellules sont minuscules (2 mètres sur trois) et spartiates (juste une paillasse et des toilettes), mais les portes sont ouvertes de 08H00 à 18H30. "Ce qui me permet de passer mes journées dans la salle informatique puis de jouer au basket avant d'être enfermé seul, sans rien d'autre à faire que lire, écouter de la musique et dormir si je peux".

"A Cipinang, Michaël a repris le goût de la vie. Il est beaucoup moins stressé qu'avant", se félicite sa mère. "Mais il est temps qu'il redécouvre la vraie vie..."

S'il bénéficiait du régime de liberté conditionnelle, Michaël Blanc devrait passer quelques années, sous contrôle judiciaire, en Indonésie. Il envisage ensuite de retourner à Bonneville, en Haute-Savoie, où sont ses racines et ses amis.

Pour Hélène Le Touzey, le départ d'Indonésie sera plus délicat. "Depuis onze ans, je me suis totalement intégrée. J'ai appris à aimer ce pays et à m'y sentir un petit peu utile".