« Viens chez moi, j’habite chez un tiers »
Le rapport 2005 de la Fondation Abbé Pierre, publié demain, met cette année encore l’accent sur l’hébergement de personnes en difficulté qui ne parviennent à se loger que chez des amis ou de la famille. Il s’interroge également sur les mesures du plan Borloo. Habiter chez un autre Le phénomène nouveau de « l’hébergement chez un tiers » frappe des chômeurs, des adultes partis puis revenus au domicile parental, des adultes séparés de leur conjoint, voire des enfants. Entre 1996 et 2002, leur nombre est passé de 924 000 à 973 000 selon l’Insee. En l’absence de nouvelle étude, Patrick Doutreligne, délégué général adjoint de la fondation Abbé Pierre, soutient « cela s’est aggravé » depuis. Il se base sur les témoignages des associations. Ces hébergements durables posent aussi le problème du surpeuplement et de la dégradation des logements, menant souvent à des conflits. Le plan Borloo démonté Après avoir décortiqué les projets de construction affichés par les 30 plus grandes agglomérations françaises, la Fondation affirme que l’objectif de construction de 500 000 logements en cinq ans, fixé par le gouvernement, ne sera pas atteint. Elle critique aussi « le double discours » du gouvernement en matière de construction de logements sociaux. Ce programme comptabilise des logements accessibles au moyen de prêts locatifs sociaux, qui exigent de gagner deux fois le Smic. La fondation s’inquiète également du projet visant à détruire puis reconstruire sur cinq ans 200 000 logements. « Le ratio de un construit pour un détruit » est, selon elle, rarement atteint. A. S.