Les algues vertes tuent-elles vraiment?

SANTE Le gaz qu'elles rejettent est mortel à très haute dose...

Laure Beaudonnet
— 
Sur les plages de la baie de Saint-Michel-en-Greve, comme sur beaucoup de plages bretonnes, prolifèrent les «algues vertes» (Ulva Lactuca), suite à une pollution d'origine principalement agricole.
Sur les plages de la baie de Saint-Michel-en-Greve, comme sur beaucoup de plages bretonnes, prolifèrent les «algues vertes» (Ulva Lactuca), suite à une pollution d'origine principalement agricole. — LEPAGE/SIPA

Les algues vertes abondent sur les plages de Bretagne depuis une quarantaine d’années et la situation est de plus en plus préoccupante. En juillet 2009, après la mort d’un cheval, c’est un transporteur d’algues vertes qui était décédé des suites d’une trop forte proximité avec ces plantes.

Sa famille a décidé jeudi de porter plainte contre X pour «homicide involontaire par imprudence» à Saint-Brieuc. Selon un rapport d’expertise mené par plusieurs médecins, le lien de causalité entre son décès et les algues vertes ne fait aucun doute. Alors, la question se pose: comment des plantes aquatiques peuvent-elles tuer?

Des plantes bénignes quand elles sont dans l’eau

«Les algues vertes en elles-mêmes ne sont pas nocives. Mais le gaz (hydrogène sulfuré – H2S) qui en émane est dangereux», précise le docteur Françoise Riou, chef du service épidémiologie au CHU de Rennes, à 20minutes.fr. En effet, tant qu’elles sont dans l’eau, ces algues sont bénignes. «On peut même les manger», affirme Alain Menesguen, chercheur à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer).

Les cultures agricoles ne sont pas innocentes dans leur prolifération. Le nitrate provenant des terres agricoles est répandu par les pluies lessivées et favorise leur reproduction. Avec les marées, elles s’accumulent sur les plages et ne sont pas ramenées dans l’eau. Lorsqu’elles restent au soleil, elles créent une croûte blanche imperméable qui fait pourrir celles du dessous.

L’inhalation prolongée du gaz tue

A l’intérieur du tas d’algues, le gaz concentré en H2S - très dangereux pour un vertébré - est produit. La croûte empêche toute effusion, sauf si on marche dessus, par exemple. «Et lorsqu’il est inhalé, il bloque la respiration», explique Alain Menesguen à 20minutes.fr. C’est typiquement le cas du cheval mort en 2009. Mais l’effet est réversible rassure le chercheur. «Si le corps est déplacé, il reprend peu à peu sa respiration». Par contre, à proximité des algues vertes, on finit par mourir. «Et en quelques minutes», promet Alain Menesguen.

La seule solution pour endiguer ce phénomène serait de diminuer le taux de nitrate dans les rivières. Pour ce faire, il faudrait éviter toute fuite d’azote provenant de l’agriculture. Sauf qu’actuellement, les fuites représentent quasiment la même chose que ce qui est utilisé, à peu près 30mg par litre, contre 4,4 mg en 1971. La partie est donc loin d’être gagnée.