des gnons, mais pas de pognon

Alexandre Sulzer
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Samedi matin, près du Champ-de-Mars.
Samedi matin, près du Champ-de-Mars. — L. BONAVENTURE / AFP

   A qui la faute ? Après les débordements samedi matin lors d'une opération de marketing qui consistait à distribuer de l'argent dans la rue, la préfecture de police et l'organisateur, le site ­mailorama.fr, se renvoient la balle. La société avait annulé son projet pour des raisons de sécurité alors que plus de 5 000 personnes s'étaient massées à proximité du Champ-de-Mars, à Paris. Déçues par cette décision, de nombreuses personnes ont violemment protesté : un véhicule a été vandalisé, des projectiles lancés contre des policiers et un photographe roué de coups. 

   « La préfecture de police n'a pas fait ce qu'elle avait à faire », regrette Jean-Bernard Bros, adjoint au maire (PRG) de Paris qui avait demandé, la veille, l'interdiction de l'opération. « La police n'a pas mesuré les risques. Moi, j'aurais préféré me tromper », souligne l'élu qui avait dénoncé une forme de publicité « attentatoire à la dignité humaine et à l'ordre public ». « La direction de Rentabiliweb [maison mère de Mailorama] avait reçu l'autorisation formelle et écrite d'organiser la manifestation », s'est défendu Rentabiliweb. Pas exact, d'après la préfecture de police qui parle d'une simple « déclaration transmise à la préfecture ». Selon elle, la police ne peut pas interdire une manifestation facilement. « Les règles sont protectrices du droit de se rassembler. La distribution d'argent comme support publicitaire est une contravention de deuxième classe. Elle ne suffit pas à interdire l'opération. » La préfecture, qui entend poursuivre Mailorama, dit, par ailleurs, l'avoir mis en garde contre d'éventuels troubles à l'ordre public. « La préfecture de police n'est pas un bureau de conseils, s'étrangle Me Jean-Marc Fedida, l'avocat de Mailorama pour qui la police « se défausse de sa responsabilité ». « Mon client s'en est tenu strictement aux obligations réglementaires et légales faites aux organisateurs de manifestations. A partir du moment où la préfecture n'a pas interdit, elle devait assurer la sécurité. » W