Dans la Somme, les 352 salariés de la Manufacture française des sièges se retrouvent sans emploi

SOCIAL Faute de repreneur, leur usine va devoir s'arrêter...

Oriane Raffin
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Grosse colère des 352 salariés de Berteaucourt-les-Dames, ce mercredi. La Manufacture française des sièges, en redressement judiciaire depuis le 29 avril, a définitivement fermé ses portes la veille, faute de repreneur. Conforama, But ou Fly, la société était spécialisée dans la fabrication de sièges et de canapés.


«On est en train de voir ce qu’on peut faire, de quels recours on dispose», explique José Matos, délégué CFDT, joint par 20minutes. Ce mercredi matin, au lendemain de la fermeture de l’usine, les employés sont réunis dans leurs anciens locaux. «On est tous dans l’usine, on bloque notre trésor de guerre», prévient-il. Pour le moment, pas d’action prévue, «mais ça devrait venir dans les jours qui viennent». Pour le moment, les employés devraient juste recevoir l'indemnité de licenciement économique. 18.000 euros en moyenne, mais avec de grosses disparités selon les salaires.


Dominique Morel, buraliste à Berteaucourt-les-Dames, croise quotidiennement des salariés de la Manufacture française des sièges. «C’est une catastrophe pour les employés. Il y avait beaucoup de couples dont le mari travaille chez Goodyear (où un plan de licenciement est en cours) et la femme à la Manufacture... comment vont-il faire?». 


«Sacrifiés sur l’autel du bénéfice»


Dans la commune de 1.200 habitants, on oscille entre désolation et colère. «On n’a pas fait grand chose pour sauver l’usine, note le buraliste, ils ont été sacrifiés sur l’autel du bénéfice». 


Au-delà des 352 salariés de la Manufacture, c’est toute cette vallée de la Somme qui va être touchée. «Tous les commerces de la vallée vont trinquer!», s’inquiète Dominique Morel, «et comme il y aura moins de taxe professionnelle avec la fermeture de l’usine, les impôts vont augmenter. La liquidation aura des conséquences significatives pour tout le monde, c’est un engrenage».


Ancienne entreprise du groupe Parisot, la Manufacture française des sièges avait été rachetée en 2007 par une dizaine de cadres, avec à leur tête Jean-Claude Benedetti, l’actuel PDG. En juin, seul un plan de licenciement avait été annoncé, justifié par «un effondrement des ventes lié à la crise et aux délocalisations». Mardi 28 juillet, le couperet tombe: le tribunal de commerce d’Amiens prononce la liquidation judiciaire de la Manufacture.