Le procès de Michel Fourniret en live: la parole aux experts psy
JUSTICE La 27ème audience du procès de Michel Fourniret et Monique Olivier à Charleville-Mézières pourrait être décisive. Michel Fourniret pourrait parler des faits, à suivre....
La 27e audience du procès de Michel Fourniret et Monique Olivier à Charleville-Mézières pourrait être décisive. Le tueur en série présumé, qui accepte de parler depuis quelques jours, a été interrogé ce matin sur les faits, à savoir les sept meurtres qui lui sont reprochés. Cette après-midi, les experts passent au crible la personnalité de Monique Olivier. 20 Minutes est sur place pour vous faire vivre cette journée en direct.
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19h45. Fin des débats. Reprise vendredi matin.
19h. Questionnant l'expert, l'avocat Didier Seban se tourne vers Michel Fourniret et lui demande : "Au fait, monsieur Fourniret, comment devient-on Michel Fourniret?" L'accusé se lève, marque un silence et répond : "c'est une question à laquelle je n'ai jamais tenté de répondre. Je ne sais pas si je le ferais un jour, en tout cas ce sera une tâche certainement très hardue".
18h50. Bernard Duffossez poursuit par l'analyse du couple Fourniret-Olivier, en affirmant que les deux accusés sont des pervers. "Michel Fourniret masque sa perversion derrière une politesse cruelle et une recherche de toute-puissance; Monique Olivier la masque derrière une soi-disante soumission, mais elle a supporté pendant seize ans l'insupportable". Selon l'expert, "l'un et l'autre se sont influencés, mais il est impossible de dire si c'est du 50-50, du 60-40, on peut en débattre pendant des heures, on ne sera jamais sûr".
18h35. Au fil du témoignage de cet expert, on retrouve le portrait monstrueux d'un Michel Fourniret, comme au début du procès il y a presque deux mois. Bernard Duffosez évoque un homme "cynique qui ne demandera jamais pardon". Un homme "aux pulsions sadiques, cruelles et perverses" qui avance l'obsession de la recherche de la virginité comme "une façade intellectuelle". "Michel Fourniret aime les grands mots, il a le sentiment d'être un intellectuel, qui fait de la poésie, il est heureux d'être l'objet d'une étude, ça le flatte". C'est un homme "qui aime faire le mal".
18h25. Après Walter Denys, vient Bernard Duffosez, psychiatre, qui lui décrit un "homme Fourniret très orgueilleux qui veut toujours dominer les autres, chez lui dans sa famille, comme dans les différentes endroits où il a travaillé". Il ajoute que Fourniret est un "manipulateur, un pervers comme on en rencontre peu". D'une voix blanche, Bernard Duffosez déclare : "entendre Michel Fourniret décrire ses crimes, même quand on est un professionnel, est insupportable, et il le sait". "Je n'oublierai jamais ce que j'ai entendu, il n'y a pas de mots pour décrire cette cruauté", ajoute l'expert.
18h. La cour en a fini pour aujourd'hui avec Monique Olivier. C'est au tour d'entendre les conclusions des experts psychiatres concernant Michel Fourniret. Comparaît à la barre Walter Denys, expert psychiatre qui a examiné Michel Fourniret en détention. Dans une audition très courte, l'homme décrit un Michel Fourniret "capable de manifester des sentiments, notamment quand il m'a parlé de son père alcollique et de sa mère, une femme courageuse et gentille qu'il admirait". De Michel Fourniret, l'expert n'a pas grand chose à dire, sauf qu'il est d'une "capacité intellectuelle banale et normale".
17h30. Michel Fourniret entre dans la danse et charge lui aussi Monique Olivier. Interrogé sur les expertises psychiatriques de son épouse, Michel Fourniret répond, sybillin : "je ne suis pas au bout de mes surprises, concernant madame Olivier , étant donné ce que j'entends…". Puis, il se fait plus précis et évoque un souvenir à Bruxelles. Le couple stationné dans sa voiture à un passage piéton regarde passer un groupe de jeunes filles sortant d'une école. "Monique Olivier m'a alors dit : "Laquelle tu veux", affirme Michel Fourniret. "Je lui ai désigné une élève, elle est descendue pour lui parler et avoir des informations sur l'endroit où elle vivait… ça pouvait être une future victime", annonce le tueur en série. L'avocat général, Francis Nachbar, réagit : "Alors, madame Olivier, vous faites la rabatteuse?" "Non, c'est faux, faux", répond Monique Olivier.
17h. Les conclusions de l'expert déplaisent à Monique Olivier et elle le dit. "On peut pas prétendre connaître une personne en l'interrogeant quelques heures ici ou là. On dit je pleure pas, mais personne ne voyait si je pleurais dans ma cellule. Si je ne pleure pas ici, c'est par respect pour les familles. Je suis un être humain, j'ai du cœur, le docteur s'est trompé. " Son ton n'est pas balbutiant, il est ferme. Me Didier Seban, avocat de familles de victimes, le lui fait remarquer : "vous êtes donc capable de dire je ne suis pas d'accord, puisque vous venez de le faire avec l'expert. C'est très important ce qui vient de se passer", déclare le conseil à Monique Olivier.
16h35. L'anecdote est macabre. L'expert Paul Belvèze, qui a rencontré Monique Olivier alors qu'elle était incarcérée à la maison d'arrêt de Namur, se souvient d'une détenue qui s'était "vite adaptée à l'univers carcéral". "Elle était méfiante à l'égard des autres détenues, elle s'était rapprochée d'une seule autre détenue, c'était Michèle Martin, l'épouse de Marc Dutroux", déclare l'expert. Contrairement aux précédents spécialistes, Paul Belvèze affirme que Monique Olivier a "une très forte personnalité". "Elle donne l'impression d'une personnalité soumise et passive, mais en réalité, elle est tout à fait capable de réagir et de s'adapter", estime-t-il.
16h25. Reprise avec un troisième expert, le psychiatre Paul Belvèze qui a expertisé Monique Olivier en mai et juin 2005. Une audition qui enfonce encore Monique Olivier. L'expert estime que celle-ci n'est ni dépressive, ni psychotique, ni névrosée. En revanche, il la "suspecte fortement" d'être perverse. Il se souvient qu'à un "moment très bref", alors qu'elle décrivait en détail comment Michel Fourniret avait violé une de ses victimes, elle se reprend et déclare : "je suis en train de tisser la corde qui va servir à me pendre". Surtout, l'expert ajoute que Monique Olivier n'a "aucune compassion pour les victimes, toutes ces jeunes filles ont été des objets pour elle". Pas une larme, précise-t-il durant ses rencontres avec l'accusée.
15h50. L'audience s'interrompt pour une vingtaine de minutes.
15h30. Interrogé par les avocats de Monique Olivier, Gautier Pirson tempère ses précédents propos. Il précise qu'il n'a "pas mesuré de perversité" chez l'épouse de Michel Fourniret. Revenant sur le QI de l'accusée, il estime, "à titre personnel" qu'un QI de 131 lui semble "très élevé", "compte tenu de son niveau d'études, de ses diplômes, et de son parcours professionnel". L'écart étonnant entre les différentes mesures du QI de Monique Olivier occupent les débats pendant encore plusieurs minutes. A-t-elle triché aux tests? Monique Olivier a-t-elle un QI normal ou exceptionnel? Les tests sont-ils fiables?
15h15. L'expert confirme que Monique Olivier est "une personnalité dépendante", mais il ajoute qu'elle peut aussi réagir. "Elle est dépendante dans le sens où elle n'initie pas les projets, mais une fois ces projets lancés, elle peut réagir a posteriori." Interrogé par un avocat, il indique : "je n'avais encore jamais rencontré dans ma carrière des personnes comme (Fourniret et Olivier) et je n'espère plus en rencontrer".
15h. Un deuxième expert à la barre. Gautier Pirson, psychologue belge, a expertisé lui aussi Monique Olivier en 2004. Il évoque un "faible ressenti émotionnel" chez l'accusée, ainsi qu'une "angoisse pathologique", une "anxiété très élevée" et une "dépréciation d'elle-même". Surtout, il précise le quotient intellectuel de Monique Olivier, compris entre 95 et 131, un écart assez rare dans la population, entre "un niveau d'intelligence légérement inférieur à la moyenne" et un niveau "nettement élevé". Plusieurs avocats des parties civiles y voient la volonté de Monique Olivier de paraître moins intelligente qu'elle ne l'est.
14h25. Paul Lombard, avocat de la famille d'Elisabeth Brichet, enlevée et tuée à 12 ans le 20 décembre 1989 en Belgique, attaque Monique Olivier. Le dialogue est tendu.
- "Qu'a dit Elisabeth dans la voiture?", demande l'avocat.
- "Elle a pleuré… elle disait "madame, aidez moi"… je n'ai rien fait, je le regrette, mais je n'aurais pas pu faire quelque chose… je savais qu'il était impossible de faire faire autre chose à Michel Fourniret", répond Monique Olivier. Son ton est pénible, difficile, gêné.
- "Mais vous avez fait la toilette intime d'Elisabeth avant de la donner à l'autre, ça c'était possible!", tonne Lombard.
- "Il m'a forcée, je ne voulais pas…", répond Monique Olivier, les yeux baissés.
- "Vous savez madame, je vous plains parce que par vos actes, vous avez fait reculer les limites de la veulerie", conclue Paul Lombard.
14h15. Petit à petit, l'expert détruit la défense passive de Monique Olivier, qui se présente depuis le début du procès comme une victime collatérale de Michel Fourniret. "Elle évite ses responsabilités, mais elle n'est pas amnésique, elle se souvient de ce qu'il s'est passé. Mais elle ne veut pas s'exposer ni prendre de risques. Contrairement à Michel Fourniret qui n'hésite pas attaquer, elle est en permanence sur la défensive, elle laisse venir et dit ce qui l'arrange".
14h. L'expert Bongaerts précise que Monique Olivier a une "personnalité de dépendance" comme "10% de la population selon les dernières études". "Ces 10% ne commettent pas tous les actes que l'on reproche à Monique Olivier, ils ont aussi un libre arbitre?", interroge l'avocat Gérard Chemla. "Bien sûr, heureusement", répond le psychiatre. Questionné sur la capacité de réagir de Monique Olivier, Xavier Bongaerts affirme qu'elle est capable de réagir "quand les faits lui paraissent graves", citant la fois où elle s'était opposée à ce que son garçon Sélim, puni par son père, dorme dans la cave familiale. L'enfant avait néanmoins fini dans la niche du chien.
13h50. L'audience reprend avec l'audition du neuropsychiatre belge Xavier Bongaerts, qui a expertisé Monique Olivier en prison à Namur en juillet 2004. Il indique que l'épouse de Michel Fourniret n'est ni débile, ni démente. "Elle est présente et passive lors des faits, mais elle n'est pas hallucinée, elle est donc capable de contrôler ses actes", explique l'expert. Concernant sa dangerosité sociale, il estime qu'elle est "évidente" par rapport à son couple avec Michel Fourniret.
11h50. Fin de l'audience ce matin. Le procès reprendra à 13h30, avec les dépositions des experts psychiatres. La cour doit continuer à examiner les autres assassinats vendredi matin.
11h20. Gérard Chemla rappelle que Michel Fourniret affirme qu'il a réussi à violer Fabienne Leroy, et lui demande pourquoi alors il a eu besoin de la tuer. Fourniret répond : "par besoin d'assurer l'anonymat… ça n'empêche pas un témoin de revenir sur son attitude de ne rien dire". Quelques minutes plus tard, l'accusé continue dans la provocation, affirmant que Fabienne Leroy a été tenue en joue par Monique Olivier et qu'elle a dû être "divertie" car "Monique tenait l'arme d'une manière très maladroite". L'avocat général, Francis Nachbar, lui demande s'il "ose confirmer le terme divertir". "Je confirme", répond Fourniret.
11h15. La cour aborde le deuxième assassinat, celui de Fabienne Leroy, 20 ans, violée et tuée le 4 août 1988. Même mode opératoire : le couple aborde la victime en voiture, Monique Olivier enceinte à l'époque, demande la route d'un médecin. Me Gérard Chemla, avocat de la famille Leroy, interroge Fourniret, mais lui demande "de ne pas entrer dans les détails car c'est très pénible pour tout le monde". L'accusé affirme que Monique Olivier était présente tout au long, durant le viol et la mort de Fabienne, abattue d'une balle. L'épouse nie. "Je n'ai pas assisté au viol, comme je n'ai pas voulu vérifier si melle Leroy était vierge, il m'a chassée, je n'étais pas non plus dans la voiture au moment où il l'a tuée".
11h. Jean-Pierre Laville, le père d'Isabelle, interpelle Fourniret sur la prétendue non préméditation. "Arrêtez de dire des bêtises!", clame l'homme d'une voix brisée. "Perdre un enfant, ça vous fait quoi? C'est tout ce que j'ai à vous dire!". Fourniret ne répond pas.
10h45. Alain Behr lui demande s'il a regardé Isabelle Laville quand il l'a étranglée. "Est-ce là où vous vous sentez puissant, le grand Fourniret? C'est ça que vous recherchez?". "Je ne peux pas répondre, si vous imaginez qu'un monstre se penche sur le spectacle de sa victime pour se repaître, libre à vous", répond Fourniret.
10h30.Fourniret entre dans les détails macabres. Il raconte comment il a porté Isabelle Laville à l'étage de sa maison. Auparavant, la jeune fille avait été droguée dans la camionnette. Une fois dans la chambre, il vérifie si elle est vierge. "J'ai procédé de manière digitale, explique-t-il. Monique était présente, mais elle était fidèle à elle-même, c'est-à-dire transparente". Il raconte comment Monique Olivier lui a fait une fellation car il avait un problème d'érection. Interrogé, il répond que l'ensemble a pris "plusieurs heures", ajoutant, d'un ton provocant, "est-ce que nous avons bu le café, je ne m'en souviens plus". Il reconnaît avoir étranglé Isabelle Laville et l'avoir baillonnée, puis caché son visage dans un sac plastique. "Il s'agit d'une forme de respect ou de crainte par rapport à la personne", affirme-t-il.
10h25. Pressé de questions, Fourniret finit par reconnaître la préméditation de l'enlèvement d'Isabelle Laville, mais à sa façon. "Elle a été l'instrument du destin placé sur la route de ma préméditation, comme le braconnier qui s'en va sans savoir s'il va ramener un faisan, un garenne ou rien du tout." Ses propos choquent les familles de victimes dans la salle. Alain Behr réagit : "ça vous fait plaisir de faire souffrir les familles?". Fourniret menace et répond par le chantage : "ou bien je m'exprime avec mes mots, ou bien je rentre dans ma coquille".
10h20. Pour la première fois, Monique Olivier est questionnée par la partie civile. Pull rose et voûtée face au micro, elle confirme la préméditation. "Il fallait une jeune fille qui me ressemblait… il me l'a montrée en voiture, il avait préparé ses affaires pour faire l'autostoppeur", dit-elle de sa voix endormie. Fourniret lui répond : "je dis Monique ment, je ne vais pas me mettre à crier, mais elle ment… j'avais envie qu'elle respire un grand coup et dise, merde que je me soulage et dise ce que j'ai vraiment vécu!", lâche-t-il, en haussant le ton.
10h15. On entre dans le dur. Me Alain Behr, avocat de la famille Laville, interroge Fourniret sur Isabelle Laville, sa première victime présumée, enlevée le 11 décembre 1987 à Auxerre. D'après le dossier, Monique Olivier a abordé la jeune femme de 17 ans en voiture, lui demandant sa route. Une fois l'adolescente dans la voiture, Monique Olivier avait pris en stop Michel Fourniret, un bidon d'essence à la main quelques mètres plus loin. Interrogé, Fourniret affirme qu'il n'y a pas eu de préméditation. "On va faire des courses à Auxerre, acheter une bouteille de gaz… De manière tout à fait fortuite, j'avise une jeune fille, sans aucun repérage, qu'on me croit ou non."
10h. Me Isabelle de Moffarts s'adresse à Fourniret. "Quand vous êtes arrêté en 2003, vous minimisez les faits et faites même des excuses par lettre aux parents de Marie. Puis, en 2005, après les aveux de Monique Olivier, vous assumez le portrait du monstre et écrivait même à votre fils : "Marie, si j'avais pu, je lui aurais arrachée les membres avec jouissance". Alors, aujourd'hui, lui en voulez-vous d'avoir été la cause de votre arrestation?" Fourniret répond du tac au tac : "est-ce que je lui en veux d'avoir été la cause de mon arrestation? Non." Depuis le début de l'audience, Monique Olivier écoute, prostrée, et assise de l'autre côté du box des accusés. Sans un mot pour l'instant.
9h45. L'avocat lui demande s'il veut alors mourir ou se faire arrêter. "Non, quand je la rencontre, ce n'est plus le même bonhomme, c'est le joueur qui ré-émerge", déclare Fourniret. Plusieurs fois, il remercie l'avocat de lui poser telle ou telle question, "pas inutile", ou de "lui tendre la corde, car je suis un peu paniqué", confie-t-il.
9h40. Petite barbe, lunettes cerclées et pull bleu marine chiné, Michel Fourniret commence par être interrogé sur sa tentative d'enlèvement de Marie, 13 ans, le 26 juillet 2003 à Ciney, petite ville belge. Cette jeune fille, qui avait pu s'échapper de l'arrière de la camionnette de Fourniret, conduira à son arrestation. Il explique : "La petite Marie s'est trouvée être sur mon chemin, je ne l'ai pas cherchée, un réflexe s'est produit". Fourniret raconte qu'il était alors dans un état psychologique dépressif. "J'avais le sentiment d'un fiasco familial, avec cette maison qui sentait la vinasse", précise-t-il avec son ton neutre et ampoulé. "Si j'avais vu un grand rocher ou un arbre sur la route, je me serais jeté dessus volontiers en voiture".
9h30.Début prévu de l'audience. Dès 8 heures, le public et les familles de victimes ont commencé à affluer au tribunal. Comme à chaque audience, Michel Fourniret est arrivé, lui, une heure avant le début, depuis sa cellule, dans un fourgon et sous très forte escorte policière.