Yvan Colonna a-t-il tué le préfet Erignac? Le point sur deux semaines de procès
JUSTICE La défense a réussi à instiller le doute quant à la culpabilité du berger corse...
Yvan Colonna a-t-il tué le préfet Erignac? Le moins qu’on puisse dire, c’est que, deux semaines après le début du procès devant la cour d’assises spéciale de Paris, le doute s’est installé quant à la culpabilité du berger corse.
Un homme grand
Le premier coup de théâtre a eu lieu au quatrième jour d’audience, à l’occasion de la première audition du médecin légiste, le docteur Paulk Marcaggi. Le 15 novembre, il laissait en effet entendre que Colonna était trop petit pour être l’assassin. Puis, rappelé à la barre le 19 novembre, l’expert a maintenu ses théories sur les angles de tir, tout en refusant de répéter ses propos sur la taille du tireur. Un silence qui n’aura pas permis de lever les doutes.
«Les doutes» de Bernard Bonnet
D’autant plus que, le lendemain, c’était au tour de Bernard Bonnet, successeur de Claude Erignac, d’exprimer dans les médias «des doutes» sur la culpabilité d’Yvan Colonna. C’est ce lundi que l’ancien préfet doit témoigner. Mercredi, il prévoyait de répondre «avec beaucoup de prudence». Il devrait expliquer qu'il a été amené dans le passé à «donner à la justice» le prénom et le nom de Stéphane Colonna, frère d'Yvan «aujourd'hui totalement hors de cause», mais qu'il n'a «jamais eu le nom d'Yvan Colonna».
A la barre mercredi, c’étaient les témoins qui ne reconnaissaient pas Colonna. D’abord, Joseph Colombani, directeur de cabinet du président du Conseil exécutif de Corse et ami du préfet. Il était à moins de 25 mètres de Claude Erignac quand celui-ci a été assassiné. Et il est formel: il n’a vu que deux hommes. Ce que la défense de Colonna interprète comme étant les deux membres du commando déjà condamnés, Pierre Alessandri et Alain Ferrandi.
Un homme blond
Ce fut ensuite au tour d’une jeune femme de laisser entendre que les enquêteurs avaient privilégié à tout prix la piste de la culpabilité du berger corse, cessant d'accorder la moindre crédibilité à sa déposition dès lors qu'elle n'a pas reconnu l'accusé. Selon elle, le tireur n’est pas Colonna. Elle n'en démord pas, l'homme avec une arme avait des cheveux mi-longs blonds cendrés, et non bruns comme le berger corse. Pour l'accusation, cette blondeur est due à une perruque
La deuxième semaine de procès s’est clôturée vendredi par le témoignage des deux acquittés du précédent procès sur l’assassinat du préfet Erignac. Tous deux ont dénoncé une enquête peu crédible, s’appuyant sur des «pressions psychologiques très fortes».
Désigné comme complice
La partie devrait être plus serrée pour la défense quand comparaîtront, en fin de semaine prochaine, les six membres du commando déjà condamnés lors du procès de 2003. Durant l'enquête, quatre d'entre eux ont désigné Yvan Colonna comme leur complice, lui plaçant même l'arme dans la main. Ces dénonciations détaillées, formulées à partir de mai 1999, ont été maintenues durant dix-sept mois, avant que les quatre ne se rétractent en choeur, certains invoquant la «pression» policière.
A la barre à partir de lundi
C'est Roger Marion, ex-patron de la police antiterroriste, qui s'expliquera le premier, lundi matin. Ce dernier a assuré dans «Le Monde» qu'il «pense pouvoir faire condamner» Colonna, alors qu'il a longtemps privilégié d'autres pistes. Contrairement à Bernard Bonnet, qui sera également entendu lundi. Mercredi après-midi, ce sera au tour de l'ex-juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière.