Montebourg fourbit ses arguments «made in France» avec le fusil Famas

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Arnaud Montebourg s'adresse à ses partisans lors d'un rassemblement à Saint-Leger-Sous-Beuvray,le 16 mai 2016
Arnaud Montebourg s'adresse à ses partisans lors d'un rassemblement à Saint-Leger-Sous-Beuvray,le 16 mai 2016 — PHILIPPE DESMAZES AFP

Au vestiaire, la marinière, il défend désormais le Famas «made in France»... L'ancien ministre de l'Economie Arnaud Montebourg n'a pas fait dans la dentelle lundi pour défendre le «patriotisme économique», axe central de son éventuelle candidature à la présidentielle.

En déplacement à l'usine d'armement Manurhin, à Mulhouse, Arnaud Montebourg a «lanc(é) un appel» au ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, dans un discours prononcé devant quelques dizaines de salariés de l'entreprise, sauvée par l'Etat en 2011.

«Comment se fait-il que le successeur du Famas, dont le nom à lui-même raisonne dans toute l'histoire de la mécanique française -Fusil d'assaut de la manufacture d'armes de Saint-Etienne, Famas- sera importé de l'étranger?» s'est interrogé M. Montebourg.

«Il est nécessaire de défendre nos industries. Ayez le réflexe patriotique, surtout lorsqu'il s'agit de défense nationale», a-t-il ajouté, en demandant à M. Le Drian que le «fusil d'assaut, les armes utilisées par les armées françaises et nos forces de police, soient fabriqués en France».

Qu'importe que cela ne corresponde à aucune demande de Manurhin: désormais spécialisée dans la fabrication de machines à fabriquer des munitions, l'entreprise n'a pas vocation à concurrencer ses clients, selon le président du directoire Rémy Thannberger.

Plus tôt dans la journée, l'ancien ministre devenu entrepreneur s'était rendu à l'usine textile Emmanuel Lang à Hirsingue (Haut-Rhin), qu'il a contribué en 2013 à sauver de la liquidation judiciaire en empêchant la vente de ses machines.

- 'Plus de 200.000 emplois préservés' -

L'occasion pour ce «citoyen ordinaire» de vanter devant un public conquis par son bilan à la tête du ministère de l'Economie, un peu moins de deux ans après son départ du gouvernement.

Selon M. Montebourg, ce sont ainsi 1.693 dossiers d'entreprises en difficulté qui ont été traités par les «commissaires du redressement productif» lorsqu'il était à Bercy, permettant de préserver «plus de 200.000 emplois» sur quelque 240.000 menacés.

«La position des néo-libéraux, c'est qu'il ne faut pas s'acharner sur ces entreprises (...) Le patriotisme économique du quotidien, c'est de se mettre tous ensemble autour de la table pour aligner les intérêts des banquiers, des actionnaires, des syndicats, des chefs d'entreprises...» a-t-il expliqué à la presse.

Pas encore candidat, l'ancien ministre affirme être concentré sur la construction de son «projet», pour lequel un site internet à été lancé (leprojetfrance.fr) et pour lequel «vingt groupes bossent en permanence».

Quand pourrait-il se lancer? «Je ne sais pas. Je suis dans l'attente des événements», répond M. Montebourg, qui rappelle que le conseil national du Parti socialiste doit statuer le 18 juin sur l'organisation ou non d'une primaire pour désigner son candidat, conformément à ses statuts.

Cette primaire pourrait-elle être organisée par voie judiciaire, comme l'exigent trois militants qui ont assigné le PS devant le TGI de Paris? Pour l'ancien avocat, la justice pourrait désigner pour ce faire un «mandataire ad hoc». «C'est ça qui se passera s'ils ne le font pas», prévient-il.