A bas les stéréotypes de sexe, vive la préfète ou la cheffe !
Des discours aux affiches, sites ou textes officiels, la communication des pouvoirs publics n'échappe pas aux stéréotypes de sexe: c'est pourquoi le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes publie un guide pratique pour éviter cet écueil.
En dix recommandations, le HCEfh offre un outil aux pouvoirs publics mais aussi à leurs prestataires extérieurs pour lutter contre ces stéréotypes sexistes, reproduits parfois de manière inconsciente, et qui enferment les hommes et les femmes «dans un répertoire restreint de rôles et de situations».
«Pour renverser cette tendance, l’État et les collectivités territoriales se doivent d'être exemplaires, notamment via l'utilisation de l'argent public destiné à la communication», soulignent en préambule la présidente du HCEfh Danielle Bousquet et la rapporteure Gaëlle Abily.
Le marché de la communication publique est estimé à plus de un milliard d’euros chaque année.
Le Haut Conseil prône ainsi dans ce guide présenté jeudi d'accorder les noms de métiers, titres, grades et fonctions avec le sexe des personnes qui les occupent.
Préférez Madame la maire, Madame la sénatrice ou Madame la préfète, à Madame le maire, le sénateur ou le préfet...
D'ailleurs, «en 2014, 15,7% des préfet.ète.s sont des femmes», remarquent les auteurs. De même, osez les écrivaines, les pompières ou les officières, préconise le guide, balayant l'argument prétendûment esthétique contre cet usage.
Le masculin ne l'a pas toujours emporté sur le féminin dans la langue française. Ce sont les grammairiens et lexicographes du XVIIe siècle qui ont imposé cette règle au motif que «le masculin est plus noble que le féminin», dira l'un d'eux.
L’État a quant à lui tranché en faveur du masculin en 1882 à l'heure de l'instruction publique obligatoire.
Le guide, élaboré par des membres du HCEfh, des linguistes, des fonctionnaires et des pros de la communication, préconise d'user du féminin et du masculin quand les messages s'adressent à tous et toutes.
A l'oral, en utilisant les mots et/ou adjectifs par ordre alphabétique: l'égalité femmes-hommes, les acteurs et les actrices... A l'écrit, en composant le mot comme suit: «les enseignant.e.s» ou «un.e conseiller.ère municipal.e» (racine du mot + suffixe masculin + point + suffixe féminin).
On peut aussi ruser avec des mots épicènes --dont la forme ne varie pas entre masculin et féminin-- (un.e élève, un.e membre...) ou englobants (le public, le corps professoral etc.).
- Rose/bleu -
Déjà bannies du droit français, les expressions «Mademoiselle», «chef de famille», «nom de jeune fille» ou encore «nom d'épouse» doivent être éliminées de l'ensemble des documents administratifs.
Il est courant de demander aux femmes qui exercent des responsabilités, et à elles seules, comment elles parviennent (ou pas) à mener de front carrière et vie de famille. Une habitude à proscrire! Et si la question est pertinente, la poser aussi aux hommes...
Quant aux représentations stéréotypées des femmes et des hommes, haro sur les campagnes et clips saturés de rose et de talons aiguilles, ou d'enfants et de douceur du foyer, face à des hommes à l'oeil ambitieux, en costume bleu sombre, concentrés sur leur ordinateur ou évoluant dans la nature avec virilité.
Pour un document donné, le guide suggère également de compter le nombre de femmes et d'hommes représenté.e.s sur les illustrations ou infographies et de rééquilibrer si nécessaire. De même pour les intervenant.e.s d'un colloque ou les expert.e.s interrogé.e.s.
A l'occasion de la présentation du guide doit aussi être signée la «Convention d’engagement pour une communication publique sans stéréotype de sexe», en présence de la secrétaire d’État chargée des Droits des femmes Pascale Boistard.
Le HCEfh est une instance consultative indépendante placée auprès du Premier ministre.