Hardcore: au Hellfest, festival de musiques extrêmes «faut que ça bouge!»
«Faut que ça bouge!»: nichée à une centaine de mètres des scènes principales du «Hellfest», le festival de musiques extrêmes qui fête ses dix ans à Clisson (Loire-Atlantique), la «Warzone» est «le défouloir» pour des milliers d'amateurs de punk et de hardcore.
Repartant en sueur de cette «zone de guerre» après «une bonne trentaine de minutes» de sauts, bonds et bousculades, Vincent, Nantais de 46 ans, explique n'y «faire que des passages», plusieurs fois dans la journée, car «après un certain moment, ça devient trop massif car la scène est trop petite».
Le principe de cette scène dédiée au punk et au hardcore ? «Faut que ça bouge !», lance en criant le quadragénaire, sous une musique assourdissante.
Héritier du punk, le hardcore est un style de musique qui «se détache pas mal de tous les autres proposés au +Hellfest+. C'est efficace, minimaliste, plus rythmé, un peu lourd», souligne Benjamin, musicien de 24 ans venu de Poitiers.
Son public, «plus puriste», va de «l'ado au fan de hardcore +old school+ de 50 ans et ancien punk», qui tous exécutent «les mêmes codes et danses rituelles», poursuit-il.
- 'Loin du +rock system+'-
L'une de ces danses, le +mosh pit+, un «mélange de kung fu et de capoiera», consiste à sauter à l'intérieur d'un cercle en remuant des bras et en faisant de «grands mouvements de jambes», indique le jeune homme.
«C'est un défouloir, mais l'ambiance est bon enfant», assure Charly, 18 ans.
Pendant que les chanteurs hurlent des «Move, move» («bouge, bouge») ou des «Jump, jump» («saute, saute»), au milieu de deux chansons aux paroles quasi inaudibles, des «métalleux» par dizaines survolent la foule en perpétuel mouvement, passant au-dessus des barrières situés au-devant de la scène.
«Ca pousse, ça pousse, ça pousse, et on arrive à un moment où ça va pousser tellement fort qu'on ne va pas pouvoir rester dans la zone. Si on y reste, c'est qu'on n'a pas encore dépassé les limites», décrit «JF», 32 ans, une croix rouge dessinée sur le front, avant tout venu «pour les sensations».
Les groupes, qui se sont produits dans l'après-midi, Merauder ou Terror, «sont accessibles, proches de leur public, on est très loin du +rock system+», affirme la Francilienne Sophie, 44 ans, vêtue d'un tee-shirt «Hardcore still lives» («Le hardcore vit toujours»).
Dans la soirée, d'autres «papes du hardcore», les Américains de Madball et Biohazard, devaient électriser la «Warzone», pendant qu'à une bonne centaine de mètres de là, sur la «Mainstage», les papys du rock ZZ Top et Scorpions faisaient leur grand retour dans le pré de Clisson, au coeur du vignoble nantais.
Les Allemands de Scorpions, «ça représente mon adolescence. En principe, j'écoute plutôt du +black death+ et je n'avais pas du tout aimé leur concert ici en 2011, mais là le son est excellent», déclare Anne-Marie, 55 ans, une habituée du festival qui a «eu une grosse émotion au feu d'artifice».
Juste avant que Scorpions, 50 ans de scène, n'enflamme la scène, le «Hellfest» a, pour son dixième anniversaire, offert à ses dizaines de milliers de festivaliers un spectacle pyrotechnique de douze minutes, notamment sur la musique d'AC/DC, réalisé par l'un des meilleurs artificiers du monde, Jacques Couturier.
Avant la tombée de la nuit, ce sont les Américains de Faith No More, l'un des pionniers de la scène fusion, qui sont montés sur scène tous vêtus de blanc, pour la première fois à Clisson.
Le «Hellfest» doit clore les portes de sa 10e édition dimanche soir avec les concerts de Korn et Nightwish.