La généralisation du tiers payant sera simple ou ne sera pas

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Le président François Hollande, le 5 février 2015 à Paris
Le président François Hollande, le 5 février 2015 à Paris — Alain Jocard AFP

François Hollande a posé jeudi comme condition à la généralisation du tiers payant la simplicité du mécanisme, qui reste à définir, dans une tentative de rassurer les médecins, à nouveau appelés à fermer leurs cabinets pour s'opposer au projet de loi santé.

 «Le tiers payant (généralisé) ne sera mis en place que si un mécanisme simple de paiement est possible pour les professionnels de santé», a déclaré François Hollande, lors de sa cinquième grande conférence de presse à l'Elysée.

En janvier, le président était monté au créneau pour défendre l'une de ses promesses et mesure phare du projet de loi santé de Marisol Touraine, victime d'une fronde du monde médical. Comprenant les craintes, il avait promis un système simple.  

Jusqu'à jeudi, la généralisation de la dispense d'avance de frais à tous les patients en 2017 n'avait jamais été remise en question par le gouvernement, la ministre défendant bec et ongles le «socle» de sa loi.

Pour Gérard Bapt, député PS et rapporteur du budget de la Sécurité sociale, «l'annonce» de François Hollande a levé «un point d'achoppement».

«Il s’agit d’une opportunité de relance du dialogue souhaité par la ministre (...) avec la levée de la cause de crispation née de l’affichage d’une date butoir pour le tiers-payant généralisé», a estimé le député dans un communiqué.

Mais les propos du président ont laissé Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), «dubitatif». 

«Il n'y a rien de nouveau. La ministre a toujours dit que le système serait simple (...) On ne veut pas entendre parler d'un tiers payant généralisé avec les assurances complémentaires donc notre position n'a pas varié», a-t-il déclaré à l'AFP.

«Qu'est-ce que nous disons depuis un an ? Le système n'est pas simple.» a réagi Claude Leicher, le président du principal syndicat de médecins généralistes MG France, qui appelait jeudi à la fermeture de cabinets, aux côtés du syndicat des jeunes médecins généralistes (SNJMG). 

«On ne peut pas le mettre en oeuvre de façon pratique, c'est la raison pour laquelle nous ne voulons pas de l'obligation» de pratiquer le tiers payant, a-t-il déclaré, rappelant toutefois son ouverture à un système qui ferait de l'Assurance maladie l'unique payeur des médecins. 

- manifestation le 15 mars -

 

Le tiers payant cristallise les tensions chez les médecins, qui craignent de se retrouver à la solde des multiples acteurs (Assurance maladie et des centaines de mutuelles) à solliciter pour se faire rembourser.

Pour renouer le dialogue, Marisol Touraine a mis en place des groupes de travail pour réécrire les points litigieux du texte. De premières conclusions sont attendues pour la mi-février, avant l'examen du projet de loi par le Parlement début avril. 

Mais «le calendrier est intenable», a estimé lors d'un point presse jeudi le président de la Fédération des médecins de France (FMF), Jean-Paul Hamon.

Et les désaccord subsistent, même entre les mutuelles et les assureurs, qui doivent présenter ensemble un dispositif «simple» pour la généralisation du tiers payant.

Outre ce point, les médecins dénoncent le pouvoir accru conféré selon eux aux agences régionales de santé, ou encore la  possibilité pour les pharmaciens de vacciner. 

Autre motif de grève, sans lien avec la loi santé: l'absence de revalorisation tarifaire pour les généralistes depuis 2011. Ces derniers demandent ainsi une consultation à 25 euros contre 23 euros actuellement, mais l'Assurance maladie se refuse à toute négociation sur le sujet avant la tenue des élections professionnelles en fin d'année. 

Une nouvelle grève est d'ores et déjà prévue le 19 mars, a averti Claude Leicher, qui ne s'est pas risqué à évaluer la mobilisation de jeudi.

Les médecins sont également appelés à poursuivre le boycott de la carte vitale et à se joindre à une manifestation nationale le 15 mars à l'initiative des internes en médecine, venus gonfler les rangs des contestataires en déposant un préavis de grève illimitée la semaine dernière.