Manifestation de buralistes contre la hausse des taxes sur le tabac
Environ 200 buralistes ont manifesté devant le Sénat à Paris ...© 2014 AFP
Environ 200 buralistes ont manifesté devant le Sénat à Paris pour dénoncer en particulier la hausse des taxes sur les cigares et cigarillos, examinée mercredi dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), et plus généralement contre la politique du gouvernement sur le tabac.
"Avec cette nouvelle hausse de taxes qui pourrait être adoptée dès le mois de janvier et faire passer le paquet de cigarillos le plus vendu de 7 à 17 euros, le gouvernement cherche à nous faire disparaître", a martelé Pascal Montredon, président de la confédération des buralistes, sifflet rouge autour du cou pour exprimer le mécontentement de la profession.
Cette mesure "pourrait entraîner une très forte baisse du chiffre d'affaires des 550 bureaux de tabac spécialisés dans ces ventes en France", a-t-il prévenu.
"Amendement sur la fiscalité des cigares = +150% de taxes, +250% de hausse de prix"; "Non au projet de loi sur la fiscalité des cigares et des cigarillos" ou encore "buralistes en colère"...Les manifestants, en majorité des buralistes mais aussi des commerciaux de groupes de tabac, brandissaient des dizaines de pancartes exprimant leur couroux.
Le sénateur de l'Yonne (divers droite) Jean-Baptiste Lemoyne leur a apporté son soutien dans une brève allocution.
Porté par l'ancienne ministre Michèle Delaunay (PS), et cosigné par des socialistes et des écologistes, l'amendement a été voté le 23 octobre en première lecture à l'Assemblée nationale, contre l'avis de M. Christian Eckert, le secrétaire d'Etat chargé du Budget.
Ce dernier avait argué devant l'Assemblée nationale que "la France est le pays d'Europe continentale qui pratique les tarifs les plus chers" alors que les produits visés, cigares et cigarillos, ne représentent que "2% du marché en volume". Selon M. Eckert, "augmenter la fiscalité fait augmenter les achats illégaux".
"Si cet amendement, qui vise à multiplier par 2,5 les prix de ces produits, est appliqué, c’est une activité complémentaire pour les buralistes qui va disparaître", a rappelé M. Montredon, exhortant les sénateurs à le supprimer.
La manifestation intervenait à la veille d'un congrès national des buralistes à Paris qui s'annonce musclé,en prévision de la venue de M. Eckert.
Le cigarettier Seita (Imperial Tobacco) qui s'est associé à ce mouvement, a indiqué dans un communiqué "partager les inquiétudes de la profession", dénonçant une "mesure qui n'a pas de sens au regard des objectifs de santé publique".
"Si cet amendement était confirmé, une boîte de 20 cigarillos +Fleur de Savane+ passerait de 7 euros à 17,60 euros, et même à 24 euros au 1er janvier 2016, par l'application mécanique des règles fiscales en vigueur", prévient le cigarettier, qualifiant l'amendement de "tout simplement déraisonnable et abusif" et "risquant de pousser l'ensemble des consommateurs de cigares et cigarillos vers le marché noir".
A contrario, le comité national contre le tabagisme (CNCT) a salué cet amendement, l'estimant justifié "par des raisons de santé publique et de justice fiscale élémentaire", et appelant "les responsables politiques à ne pas céder aux pressions des fabricants de tabac et de la confédération des buralistes".
Le CNCT espère que "les sénateurs seront soucieux de l’intérêt général comme leurs collègues députés". Il a souligné que "les buralistes ont connu une progression continue et sans précédent de leurs revenus (+67% de 2002 à 2011 et cette progression se poursuit) et sont massivement soutenus financièrement par la collectivité (2,6 milliards sur la même période).