Trois jihadistes français présumés arrêtés au Pakistan, jugés à Paris

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(De g à d) Mohamed Al Mesbah El Hafiani, Gregory Serge Boudrioua et Mehdi Hammami debouts dans le box des prévenus lors de leur procès à Paris, le 23 octobre 2014
(De g à d) Mohamed Al Mesbah El Hafiani, Gregory Serge Boudrioua et Mehdi Hammami debouts dans le box des prévenus lors de leur procès à Paris, le 23 octobre 2014 — Benoit Peyrucq AFP

Trois hommes arrêtés en 2012 au Pakistan en compagnie d'un autre Français considéré comme un cadre historique d'Al-Qaïda ont comparu jeudi à Paris, accusés d'avoir voulu rejoindre le jihad armé.

Mehdi Hammami, 27 ans, Grégory Boudrioua, 30 ans, et Mohamed el Hafiani, 31 ans, avaient été interpellés dans la province du Balouchistan fin mai 2012 et détenus dans le plus grand secret, avant d'être renvoyés en avril 2013 en France, où ils furent mis en examen pour «association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes» et placés en détention provisoire.

Lors de leur arrestation ils se trouvaient dans un pick-up en compagnie notamment d'un autre Français, Naamen Meziche, né en 1970 à Paris et vieille connaissance des services de sécurité occidentaux qui le considèrent comme un cadre historique d'Al-Qaïda. Il a été expulsé vers Paris en octobre 2013 et est depuis détenu.

Les trois hommes, originaires de la région d'Orléans, affirment pourtant avoir seulement voulu se rendre dans la ville pakistanaise de Lahore, pour y étudier le tabligh, une voie musulmane fondée sur la prédication.

Mehdi Hammami dit avoir entamé un «chemin spirituel» alors qu'il était dans l'armée de 2005 à 2010. Il avait un temps refusé de servir en Afghanistan, avant d'en être dispensé pour «raisons médicales». Grégory Boudrioua, un ami d'adolescence, s'est lui converti alors qu'il était à l'université. Ils avaient rencontré le troisième homme quelques mois avant leur départ. Ils quittent la France fin 2011 en voiture sans prévenir leurs proches -tous trois, pères de famille, assurent avoir eu des «problèmes de couple». Puis gagnent la Turquie, où ils laissent leur véhicule pour passer en Iran.

Arrivés à Zahedan, tout près des frontières afghane et pakistanaise, ils expliquent avoir été pris en charge dans une maison, où il sont restés quatre mois, visas expirés. Les passeurs leur font enfin traverser la frontière. Ils assurent avoir changé de véhicule côté pakistanais, et être montés dans le pick-up dans lequel ils auraient vu pour la toute première fois Meziche juste avant leur interpellation.

Que Zahedan soit un centre de transit connu pour le jihad afghan, ils affirment l'avoir ignoré, puisqu'ils avaient pour seuls viatiques «Le Routard» ou «Le Petit Futé».

Sauf qu'en garde à vue M. El Hafiani a dit à plusieurs reprises que le but était de «gagner l'Afghanistan pour faire le jihad» et qu'il pensait que la maison de transit à Zahedan était liée à Al-Qaïda.

Mais devant le tribunal correctionnel il assure aujourd'hui avoir «signé les PV sans les lire» et que les policiers ont falsifié ses propos.

«Si j'avais pensé que c'était Al-Qaïda, je serais pas resté», assure M. Hammami. «Jamais je n'ai pensé que c'était Al-Qaïda», renchérit M. Boudrioua.