Toulouse : Victime déjà ciblée, trafic de drogue… Le point sur l’assassinat d’un homme de 27 ans à Empalot

enquête Un homme de 27 ans a perdu la vie jeudi soir à Empalot, tué par balles, sur fond de guerre de territoires entre dealers. Le point sur l’enquête

Hélène Ménal
La victime a été atteinte par deux projectiles, au thorax et au crâne. Elle est morte sur place. (Illustration)
La victime a été atteinte par deux projectiles, au thorax et au crâne. Elle est morte sur place. (Illustration) — Boris Horvat
  • Un homme de 27 ans a été tué jeudi soir de deux balles dans le quartier d’Empalot à Toulouse.
  • La victime, déjà connue de la justice, avait déjà été prise pour cible lors d’une fusillade, au même endroit, le 4 août.
  • Il s’agit selon le parquet de Toulouse « du seizième événement grave, en lien avec le trafic de drogue », à Empalot depuis le début le mois d’avril. Et du deuxième « narchomicide ».

Les armes ont encore parlé jeudi soir dans le quartier d’Empalot à Toulouse. Un homme de 27 ans a été tué par balles. Samuel Vuelta-Simon, le procureur de la République de Toulouse, qui a confié l’enquête ouverte pour « assassinat » à la police judiciaire, a livré ce jeudi après-midi quelques éléments de contexte sur ce deuxième homicide de l’année dans ce quartier en proie à des rivalités entre trafiquants de drogue. Voici ce que l’on sait des événements.

Que s’est-il passé ?

Le drame s’est produit devant l’immeuble du 18, rue de Menton, un lieu connu pour être un point de deal. Il était 21h45 quand un homme de 27 ans a été visé par des tirs d’arme à feu. « Il a été atteint notamment par deux projectiles, l’un au thorax, l’autre au crâne », précise le parquet. Un passant, habitant du quartier, a tenté sur lui des manœuvres de réanimation. En vain. Le jeune a été déclaré mort sur place.

Qui était la victime ?

La victime avait déjà réchappé à une tentative d’assassinat, exactement au même endroit, le 4 août dernier. Pris pour cible par des tirs d'« un tireur non identifié à ce jour » et « alors qu’il était vraisemblablement en action de guet au profit des trafiquants », poursuit le procureur, il avait été blessé à la fesse et au pied. L’enquête, elle aussi confiée à la PJ, est toujours en cours pour cette première tentative de neutraliser la victime.

Le parquet précise par ailleurs que cet homme était connu « de la justice pour avoir été poursuivi ou condamné pour des faits de viols sur mineur, stupéfiants, vols, escroqueries et violences, commis principalement en Ariège ».

Que se passe-t-il Empalot ?

Le quartier populaire d’Empalot, relativement proche du centre-ville de Toulouse, fait l’objet depuis plusieurs années d’une vaste opération de rénovation urbaine. Sa célèbre, et plutôt mal famée, dalle commerciale enclavée, a notamment disparu au profit d’espaces plus ouverts. Pourtant, les incidents s’y multiplient depuis le mois d’avril 2023. « Le quartier est en proie à des rivalités entre trafiquants qui veulent récupérer des points de vente illicite de stupéfiants », explique Samuel Vuelta-Simon. Le magistrat a recensé « seize événements graves en lien avec le trafic de drogue » depuis le début de cette guerre des territoires. Un premier habitant, de 26 ans, a été tué le 29 mai. Encore une fois au 18, rue de Menton. Quatre suspects ont été mis en examen dans l’enquête sur sa mort, dont trois sont en détention provisoire.

Par ailleurs, il y a eu quatre autres tentatives d’homicides par arme à feu « qui ont occasionné des blessures à des individus manifestement impliqués dans des trafics », et une dizaine d’autres épisodes de tirs autour de ce même point de deal qui n’ont pas fait de victime.

Que demande le maire ?

Evoquant une période « triste » pour Empalot, le maire Jean-Luc Moudenc, avait déjà tiré la « sonnette d’alarme » la semaine dernière en espérant obtenir des renforts spécialisés de police nationale.

A la lumière de l’assassinat de jeudi soir, il renouvelle son souhait ce vendredi. « Ce qui s’apparente à un nouveau règlement de comptes confirme l’urgence d’agir et de renforcer au plus vite tous les moyens de police et de justice, pour contrôler davantage ces points de deal […] et démanteler les réseaux très organisés qui sont derrière, dit-il. Nous ne devons pas nous habituer à ces drames et nous laisser gagner par la lassitude ».