Drôme : Que s’est-il passé à Crépol où un jeune de 16 ans est mort dans une expédition punitive ?
enquête Dans la nuit de samedi à dimanche, un groupe d’une dizaine de personnes s’est attaqué à des jeunes dans une soirée privée à Crépol, dans la Drôme
C’est un petit village de même pas 600 habitants qui se réveille sous le choc. Crépol, dans la Drôme, a été le théâtre d’une scène surréaliste de violence quand un groupe de jeunes a débarqué dans une soirée privée, armés. Un jeune de 16 ans a été tué. Une enquête a été ouverte par le parquet de Valence. Retour sur les informations disponibles sur ce drame.
Une « expédition » au milieu de la nuit dans une soirée privée
« Le bal se passait bien, il touchait à sa fin et les gens commençaient à rentrer chez eux. C’est à ce moment qu’ils ont commencé à attaquer », se souvient Anthony, 16 ans, dans les colonnes du Parisien. « Eux », ce sont un groupe d’au moins une dizaine de personnes qui s’est rendu au milieu de la nuit à Crépol, village à 20 km au nord de Romans-sur-Isère. Environ 350 personnes participaient au « bal de l’hiver » du village d’à peine plus de 500 habitants. Une « soirée privée » qui se tenait dans la salle des fêtes de la commune, a expliqué à l’AFP le procureur de Valence, Laurent de Caigny.
Quatre vigiles assuraitent la sécurité à l’entrée de la soirée. L’un d’entre eux qui a interdit au groupe d’entrer, a été blessé à l’arme blanche. Alors qu’il se trouvait en « difficulté », des personnes sont sorties de la soirée et « s’en est suivie une rixe générale », a précisé le procureur. « Une bande est venue pour tuer des gens », a déploré la maire (DVD) Martine Lagut citée par le Dauphiné libéré. « Ils n’étaient pas venus pour s’amuser mais pour faire du mal », a-t-elle assuré.
Un bilan dramatique
Les pompiers, intervenus sur les lieux peu après 2 heures, ont dénombré plus de 20 victimes. Un adolescent de 16 ans, Thomas, est décédé des suites d' « un coup de couteau » alors qu’il était en route pour l’hôpital de Lyon. Deux jeunes hommes ont été hospitalisés en « urgence absolue », selon les secours. L’un d’eux, âgé de 28 ans, a reçu « des coups de couteau au niveau du thorax ». Le second est âgé de 23 ans. Une troisième personne d’abord déclarée en urgence absolue a vu son état s’améliorer, ont précisé les pompiers, qui ont dénombré 17 victimes supplémentaires, souffrant notamment de contusions.
« Dénonçant la barbarie et la tragédie » de la nuit, le club de rugby RC Romans-Péage a expliqué sur X que le jeune homme décédé était un de ses joueurs et mis en ligne une photo du jeune homme tout sourire dans son maillot.
Des témoins sous le choc
Pas vraiment habituée à une telle violence, la commune est sous le choc. « La population est traumatisée. C’était pourtant une soirée conviviale avec 350 jeunes, tout s’était bien passé jusque-là. Ça semble irréel. On envoie ses enfants pour s’amuser et on vient récupérer un cercueil… il n’y a pas de mots. Il y avait pourtant quatre vigiles qui surveillaient la soirée. Comme on était en plan Vigipirate, ils étaient là pour fouiller les jeunes qui rentraient au bal. Mais les agresseurs ont agi à l’extérieur de la salle des fêtes », a expliqué la maire de la commune, Martine Lagut, au Parisien.
Au lendemain des faits, une retraitée qui vit à côté de la salle des fêtes raconte avoir d’abord cru à un attentat. « J’ai regardé la place mais la nuit, on n’y voit rien… Tout s’est passé très vite en tout cas… Au début, j’ai cru que c’était une attaque terroriste », raconte-t-elle au Dauphiné libéré.
Plus proche de la scène, Hugo, 18 ans, relate au Parisien qu’il était « vers l’entrée » quand il a vu « Thomas se faire planter un couteau dans le cœur et dans la gorge. Un hélico l’a emmené à Lyon, mais il y est passé malheureusement. Je suis choqué parce que c’était un collègue à moi, on a fait du rugby ensemble, on était au collège ensemble, et je l’ai vu mourir. Il y a eu une bataille entre les agresseurs et ceux qui ont eu le courage de leur faire face. » « J’ai vu Thomas s’écrouler. Ça m’a traumatisé, ajoute à son tour Anthony au quotidien. J’étais à côté de lui, j’ai son sang sur mon pull. Ça s’est passé trop vite, je l’ai vu avec sa main sur son ventre, en train de mourir. Pourquoi lui ? »
Enquête ouverte
Une enquête a été ouverte pour « homicide et tentative d’homicide » « en bande organisée » et confiée aux gendarmes, a indiqué le procureur.
Selon les premiers éléments recueillis, la venue du groupe d’agresseurs était probablement préméditée et « peut-être liée à un compte à régler avec quelqu’un » présent à la soirée, a détaillé Laurent de Caigny. Aucune interpellation n’a eu lieu à ce stade.