Seine-Saint-Denis : Un an et demi après le meurtre d’Eyoub, douze hommes derrière les verrous

enquete Les policiers de la brigade criminelle ont interpellé un homme qu’ils recherchaient depuis plus d’un an. Il est suspecté d’être impliqué, comme 11 autres personnes, dans le meurtre d’un jeune de 19 ans, en mai 2022 à Aulnay-sous-Bois

Thibaut Chevillard
Les enquêteurs de la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne ont interpellé onze suspects (illustration)
Les enquêteurs de la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne ont interpellé onze suspects (illustration) — SYSPEO/SIPA
  • Le 31 mai 2022, peu après minuit, une fusillade éclate dans la cité des 3.000, à Aulnay-sous-Bois. Eyoub, un jeune homme de 19 ans, est touché au dos. Il décède sur place, malgré l’intervention des secours.
  • Depuis un an et demi, les enquêteurs de la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne, chargée des investigations, multiplient les interpellations. Douze personnes ont été mises en examen dans cette affaire.
  • Le dernier suspect, qui nie les faits, a été interpellé vendredi dernier à Evry (Essonne). Il a été placé en détention provisoire.

On évoque régulièrement les violences qui gangrènent certains quartiers de la Seine-Saint-Denis. On parle moins des succès de la police judiciaire qui parvient, régulièrement, à identifier et interpeller des suspects, impliqués dans affaires de règlements de compte sur fond de trafic de stupéfiants. 

Dernier exemple en date avec cette affaire réalisée par la brigade criminelle parisienne. Les enquêteurs sont parvenus à arrêter douze hommes, soupçonnés d’avoir pris part au meurtre d’Eyoub, un jeune homme de 19 ans, le 31 mai 2022, à Aulnay-sous-Bois. Selon nos informations, confirmant celles du Parisien, Faïd L., le dernier suspect recherché, a été arrêté le 29 septembre à Evry (Essonne).

Retour en arrière. Le 31 mai 2022, peu après minuit, une fusillade éclate dans la cité des 3.000, à Aulnay-sous-Bois. Quatre hommes, qui circulent à bord de deux voitures, ouvrent le feu sur un groupe de personnes. Touchée au dos par une balle de 9 mm, Eyoud décède sur place, malgré l’intervention des médecins du Samu. Une enquête est ouverte par le parquet de Bobigny. Les enquêteurs de la Crim', saisis des investigations, parviennent rapidement à identifier les véhicules des tireurs : une Renault Clio et une Citroën C3.

« Coup de pression »

Les investigations téléphoniques les mettent sur la piste de cinq suspects. Quatre d’entre eux sont interpellés le 13 septembre 2022. En garde à vue, l’un admet avoir recruté le conducteur de la Citroën, un certain Salim M., contre 800 euros. Ce dernier est interpellé le 18 octobre 2022 et mis, à son tour, en examen. Un autre suspect confiera plus tard au juge d’instruction le mobile du crime : il s’agissait de mettre un « coup de pression » sur « un type de Sevran ou d’Aulnay », indique une source policière.

Les enquêteurs parviennent ensuite à identifier deux autres suspects. L’ADN du premier, Madjid M., a été relevé sur une cartouche retrouvée sur la scène de crime. Face aux policiers, le suspect nie son implication dans l’homicide. Il admet seulement avoir remis des munitions à une tierce personne, dont il ne souhaite pas divulguer l’identité. Le second suspect, Abdelmalek O., est identifié après un travail de téléphonie. Il est soupçonné d’avoir été sur place lors des faits. Mais lui aussi conteste être impliqué.

Recherché depuis un an et demi

Les 14 et 15 février 2023, nouvelle vague d’interpellations. Quatre hommes sont placés en garde à vue rue du Bastion. Suspecté d’avoir commandité l’opération alors qu’il se trouvait en prison, l’un d’eux a été relâché, faute d’éléments probants.

Deux des autres suspects, Reda D. et Bouzid E., expliquent aux policiers qu’un certain Abdelhamid D. a fourni les armes utilisées lors de la fusillade. Ce dernier est interpellé le 16 mai 2023 à la gare de Dunkerque. En garde à vue, il préfère garder le silence. Lui aussi est mis en examen et placé en détention provisoire.

Enfin, le 29 septembre, les policiers interpellent Faïd L. à Evry. Le suspect, âgé de 26 ans, avait échappé à la vague d’interpellation du 13 septembre 2022. Il faisait depuis l’objet d’un mandat de recherche. Devant les enquêteurs, il conteste avoir pris part à une expédition punitive. Selon lui, il s’est bien rendu du côté de Sevran le soir des faits, mais pour acheter une certaine variété d’herbe de cannabis, de la Californienne, avec deux autres personnes. A l’issue de sa garde à vue, il a été mis en examen samedi dernier et écroué.