Incendie dans un gîte en Alsace : La conformité du bâtiment au cœur des interrogations
DRAME•Une enquête préliminaire pour « homicides » et « blessures involontaires aggravées par la violation d’une obligation de sécurité » a été ouverte après le drame de Wintzenheim20 Minutes avec AFP
Plusieurs gîtes, dont deux qui n’étaient manifestement pas déclarés : la conformité des hébergements de la propriétaire de « La Petite Venise », ravagé mercredi par un incendie et qui a coûté la vie à onze personnes à Wintzenheim (Haut-Rhin), est au cœur des interrogations.
Au milieu des collines vosgiennes, dans la vallée de Munster, le hameau de La Forge, rattaché à Wintzenheim, repose dans un écrin de verdure et de calme. C’est pourtant là qu’a eu lieu mercredi l’incendie le plus meurtrier en France depuis 2016.
La conformité en question
Passé le choc suscité par ce drame, les questions se sont multipliées sur la conformité du bâtiment détruit, qui accueillait 28 personnes, la plupart en situation de handicap mental léger.
Il s’agit en réalité de deux gîtes, distribués sur plusieurs niveaux : un au rez-de-chaussée, dont les 17 pensionnaires ont pu sortir indemnes ; et un autre dans les étages, où les 11 victimes ont péri.
Selon le quotidien régional L’Alsace, le gîte du bas était baptisé « À la petite Alsace » et celui du haut « La petite Venise ». Le journal publie d’ailleurs des images des intérieurs élégants, avec lambris, charpentes apparentes et murs pastel.
« Homicides involontaires »
Dès jeudi, la vice-procureure de Colmar, Nathalie Kielwasser, expliquait que le bâtiment n’avait pas reçu la visite d’une commission de sécurité, pourtant « obligatoire » pour un établissement recevant du public (ERP). S’il disposait de détecteurs de fumée, ceux-ci n’étaient pas conformes à ce type de structure.
Devant la complexité des investigations, son parquet s’est d’ailleurs dessaisi ce vendredi au profit de celui de Paris, qui a ouvert une enquête préliminaire pour « homicides » et « blessures involontaires aggravées par la violation d’une obligation de sécurité ».
Adjoint au maire de Wintzenheim, Daniel Leroy affirmait également jeudi que le bâtiment, une ancienne grange avec écuries de 500 m2 rénovée il y a quelques années, n’avait « fait l’objet d’aucune autorisation pour l’activité (que la propriétaire) y a exercé ». Il ne disposait pas non plus « d’autorisations de travaux pour pouvoir accueillir des personnes handicapées ».
Les aménagements non déclarés
La demande de travaux déposée en mairie ne concernait que des « aménagements des façades », alors qu’en réalité, les modifications ont surtout porté sur des aménagements intérieurs visant à transformer la grange en gîte, selon Daniel Leroy.
Et dans sa demande, aucun hébergement n’est mentionné, juste une « activité agricole » avec « éventuellement des animaux », selon l’élu.
Devant les journalistes, il a aussi évoqué « deux autres bâtiments » dans lesquelles la propriétaire, qui n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP, avait auparavant installé des gîtes, mais de plus petites dimensions, pouvant accueillir au total environ une vingtaine de personnes et soumis à une réglementation plus souple.
Des commentaires critiques
Sur sa page Facebook, repérée par L’Alsace, elle partage publiquement et abondamment sa passion pour les chevaux, multipliant les photos de concours hippiques.
Son profil permet aussi de suivre, clichés à l’appui, la chronique des travaux qu’elle entreprend à La Forge, comme en septembre 2016 où elle annonce un « gîte de groupe avec mezzanine, pour 15 personnes, avec terrasse de 160 m2 et puits de lumières pour voir les écuries et les chevaux à l’étage du dessous ».
Un site dédié est mentionné : hotelcheval.com. Désormais inactif, il reste toutefois consultable dans les archives du Web et fait état au total de sept gîtes, dont quatre accueillant de 10 à 12 personnes.
Sur Facebook, ses hébergements suscitent l’enthousiasme de plusieurs personnes. Mais d’autres, mécontentes, ne mâchent pas leurs mots : « handicapé ou non, évitez absolument le gîte « À la Petite Alsace », s’énerve un ancien locataire. Déplorant un « accès en fauteuil roulant (…) seulement possible grâce à deux planches et aux efforts des autres colocataires », il appelle à « éviter cette loueuse professionnelle (???) qui gère d’autres gîtes ».
Et depuis l’incendie, de nouveaux commentaires vengeurs sont apparus sur son profil, certains appelants à ce que « justice soit faite ».
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