Attaque au couteau à Annecy : « Chrétien de Syrie », réfugié en Suède… Le suspect doit subir un examen psychiatrique

enquete L’assaillant est un homme né en 1991 en Syrie, qui habitait en Suède depuis dix ans et qui est arrivé en France à la fin de l’année 2022. Il doit subir un examen psychiatrique ce vendredi matin

Thibaut Chevillard
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Annecy : Ce que l’on sait de l’attaque au couteau qui a fait 6 blessés — 20 Minutes
  • Un réfugié armé d’un couteau a fait six blessés, dont quatre enfants de 22 à 36 mois, jeudi matin, semant la terreur dans un parc près du lac d’Annecy, avant d’être interpellé par la police.
  • Une enquête, confiée à la direction centrale de la police judiciaire, a été ouverte pour tentative d’assassinats. « En l’état, il n’y a pas d’éléments qui pourraient nous laisser entendre qu’il y a une motivation terroriste », a indiqué la procureure d’Annecy, Line Bonnet-Mathis, lors d’une conférence de presse.
  • L’homme de nationalité syrienne, né en 1991, avait obtenu le statut de réfugié en Suède, où il a vécu pendant dix ans. Il était entré en situation régulière sur le territoire français, où il avait déposé une deuxième demande d’asile en novembre 2022, selon une source au sein de la police.

L’attaque a été filmée par un témoin avec son téléphone portable. Les images, qui circulent sur les réseaux sociaux, montrent une scène d’une violence inouïe. Un homme vêtu d’un short et d’un haut noir, un foulard bleu noué sur la tête, tient un couteau dans la main droite. Il trottine dans une aire de jeu située aux abords du jardin de l’Europe, à Annecy, et semble choisir ses cibles. Des passants, effrayés, crient. Soudain, il se dirige vers des poussettes et frappent des enfants en bas âge. A deux reprises, l’assaillant, qui porte une croix chrétienne, dit en anglais : « Au nom de Jésus Christ ». Il prend ensuite la fuite calmement. Le suspect est interpellé quatre minutes plus tard par la police qui a ouvert le feu, sans le blesser. Il a été placé en garde à vue au commissariat de la ville.

Un examen psychiatrique est prévu vendredi matin, a indiqué Gérald Darmanin sur TF1 jeudi soir. «L'enquête en cours va permettre de déterminer le mobile», a déclaré la procureure d'Annecy Line Bonnet-Mathis, précisant ne «pas exclure à ce stade un acte insensé».

Il a quitté la Suède après s'être vu refuser la nationalité

Selon nos informations, le suspect s’appelle Abdalmasih H. et est âgé de 31 ans. De nationalité syrienne, il résidait auparavant à Trollhättan, dans le sud-ouest de la Suède, depuis 2013. Il vivait avec sa femme, dont il est depuis séparé, et leur enfant âgé aujourd’hui de 3 ans. « Nous nous sommes rencontrés en Turquie, nous sommes tombés amoureux et nous sommes venus ici (en Suède). Après deux ans, nous nous sommes mariés, mais il n’a pas pu obtenir la nationalité suédoise, donc il a décidé de quitter le pays. Nous nous sommes séparés parce que je ne voulais pas quitter la Suède », a confié son ex-épouse à l’AFP, ajoutant qu’elle n’avait « plus beaucoup de nouvelles ». 

Selon l’autorité suédoise des Migrations, il avait effectivement demandé et obtenu un permis de séjour en 2013, mais il a échoué à plusieurs reprises à obtenir la nationalité depuis 2017.

Pas « d’antécédents psychiatriques » ou « judiciaires »

Arrivé en France en situation régulière en fin d'année dernière, le suspect a demandé l’asile auprès de l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) le 28 novembre 2022. En vain. « Il s’avère qu’il avait déjà obtenu le statut de réfugié en Suède », précise à 20 Minutes une source proche du dossier. « Sa demande lui a donc été refusée en France. Il était régulier du point de vue du droit de l’Union. » Dans son dossier de demande d’asile déposé en France, il s’était déclaré « chrétien de Syrie », selon une source policière. « On est face à quelqu’un a priori sans domicile fixe et qui a un parcours migratoire en Europe », a précisé, lors d’un point presse, la Première ministre, Elisabeth Borne, ajoutant qu’il s’agit d’un « individu a priori isolé. »

La France « a pris contact avec tous les services judiciaires et des services de renseignement des autres pays en Europe et au-delà, et ce monsieur n’a pas d’antécédents judiciaires, n’est connu d’aucun service de renseignement et on n’a pas identifié d’antécédents psychiatriques », a fait savoir la cheffe du gouvernement. Le mobile de l’attaque reste à déterminer. « En l’état, on n’a pas d’éléments qui pourraient nous laisser entendre qu’il y a une motivation terroriste », a déclaré de son côté la procureure d’Annecy, Line Bonnet-Mathis, précisant que l’enquête, confiée à la direction centrale de la police judiciaire, était ouverte pour tentative d’assassinats.