Loire-Atlantique : Il n’y a jamais eu autant de personnes en garde à vue qu’en 2022

SECURITE Les autorités ont présenté, jeudi, le bilan annuel de la délinquance dans le département

Julie Urbach
Le commissariat Waldeck-Rousseau à Nantes.
Le commissariat Waldeck-Rousseau à Nantes. — F. Elsner/20 Minutes
  • En 2022, plus de 8.000 personnes ont été placées en garde à vue, un chiffre record qui a augmenté de 8 % en un an.
  • Une activité judiciaire intense qui s’explique par la présence bien plus nombreuse des forces de l’ordre sur le terrain, indiquent les autorités, qui constatent des résultats favorables en matière de délinquance sur les quatre derniers mois de l’année.

L’activité a été intense dans les locaux de la police, de la gendarmerie, et dans les tribunaux de Loire-Atlantique en 2022. A tel point que l’an dernier, plus de 8.000 personnes ont été placées en garde à vue, a révélé le procureur de la République de Nantes, à l’occasion du bilan annuel de la délinquance présenté jeudi. « Ce chiffre a augmenté de plus de 8 % en un an sur l’ensemble du département, poursuit Renaud Gaudeul. Il se place bien au-delà du record des 7.400 gardes à vue, qui remontait à 2019. » Le nombre de défèrements a dans la foulée « explosé de 35 % » alors que « près de 25.000 faits ont été élucidés ».

Quelles explications à ce phénomène ? En plus d’une démographie qui augmente, la présence bien plus nombreuse des forces de l’ordre sur le terrain serait l’une des plus évidentes, selon les autorités. Après un début d’année plutôt défavorable en matière de délinquance (mais avec des indicateurs « en deçà de ceux de 2019 »), quelque 70 policiers nationaux, affectés principalement sur la voie publique, se sont en effet progressivement déployés.

Un renfort doublé ponctuellement par la mise sur le terrain d’une unité de CRS, après une série de faits de violences qui ont secoué l’agglomération nantaise. « Dans le centre-ville, 453 patrouilles pédestres ont été réalisées entre octobre 2022 et janvier 2023, contre 174 l’an passé à la même période », illustre le nouveau préfet Fabrice Rigoulet-Roze, qui se félicite « des résultats favorables des quatre derniers mois de 2022, avec une dynamique qui se poursuit en 2023 ».

Les principaux chiffres de la délinquance

Des chiffres « encourageants » même si les affaires à traiter ont été encore nombreuses l’an passé. Si les vols avec violences sont en baisse depuis quatre ans (-33 %), les cambriolages ont retrouvé le niveau de 2019 (plus de 11.000 en 2022) en Loire-Atlantique. Les « atteintes volontaires à l’intégrité physique » sont en hausse de plus de 15 %, guidées par toujours une inquiétante montée des violences intrafamiliales (plus de 5.000 victimes en 2022). Les infractions à la législation sur les stupéfiants ont elles aussi augmenté. « Il y a eu une hausse très conséquente, autant en matière de trafics que d’usage », relève le général Roland Zamora, commandant de la région de gendarmerie.



Pour la ville de Nantes, les vols avec violences (-41 % en quatre ans), cambriolages (-10 %), vols de véhicules (-9 %) ou violences dans les transports en commun (-16 %) sont en baisse mais les atteintes volontaires à l’intégrité physique sont similaires au chiffre de 2019 (avec une augmentation de 9,5 % des violences physiques non crapuleuses). Dans le centre-ville « elles ont diminué de 30,9 % par rapport à 2019 et ont augmenté de 15,81 % par rapport à 2021 », écrit la préfecture dans son rapport.

Et les conséquences de cette forte activité se retrouvent tout au long de la chaîne judiciaire, alertent les procureurs de la République de Nantes et Saint-Nazaire, dont les parquets travaillent, eux, « à moyens constants ». A la maison d’arrêt de Nantes, le taux d’occupation actuel serait de 165 %, indique Renaud Gaudeul, « avec déjà plus de 110 matelas au sol ». Mercredi, une nouvelle lettre a été envoyée par la maire de Nantes (PS) Johanna Rolland et trois parlementaires au garde des Sceaux pour demander des moyens supplémentaires pour la justice nantaise.