Bretagne : « Une balle dans la tête »… Les journalistes d’un hebdomadaire encore menacés de mort

PRESSE Une nouvelle plainte, la deuxième en deux semaines, a été déposée à la gendarmerie de Carhaix

Jérôme Gicquel
Implanté à Carhaix dans le Finistère, l'hebdomadaire Le Poher a été fondé en 1996.
Implanté à Carhaix dans le Finistère, l'hebdomadaire Le Poher a été fondé en 1996. — Le Poher
  • Le 8 février, la rédaction du Poher a reçu un appel téléphonique avec des menaces de mort visant son rédacteur en chef.
  • L’hebdomadaire breton avait déjà déposé plainte il y a deux semaines après la réception d’un message « à connotation raciste et particulièrement menaçant et injurieux ».
  • Ces menaces semblent avoir pour toile de fond le projet Horizons, un projet d’accueil de réfugiés dans le centre Bretagne qui a été abandonné en début d’année sous la pression de l’extrême droite.

Elle dénonce « une entrave à la liberté de la presse. » Basée à Carhaix (Finistère), la rédaction du Poher est depuis quelques jours la cible de menaces de mort. Fin janvier, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire Erwan Chartier-Le Floc’h avait déjà déposé plainte après avoir reçu par mail un message « à connotation raciste et particulièrement menaçant et injurieux » dans lequel était écrit « On va te crever ».

Ces menaces semblent avoir pour toile de fond le projet Horizons à Callac (Côtes-d’Armor). Financée par un fonds privé, l’initiative visait à redynamiser cette bourgade rurale avec l’accueil sur plusieurs années de dizaines de réfugiés dans des bâtiments désaffectés de la commune. Cible de l’extrême droite, le projet a finalement été abandonné début janvier par le maire de Callac, qui a préféré renoncer après les menaces reçues par plusieurs élus.

Les menaces « semblent provenir de l’ultradroite »

Malgré l’arrêt du projet, la tension reste toujours palpable dans le centre Bretagne. Le 8 février, la rédaction du Poher a ainsi reçu un appel téléphonique en fin de journée. « La personne chargée de l’accueil décroche, raconte Erwan Chartier-Le Floc’h sur le site de l’hebdomadaire. Une voix masculine demande à parler au rédacteur en chef et ajoute : « A quelle heure je peux passer lui mettre une balle dans la tête ? ». Avant de raccrocher, l’individu aurait également menacé du même sort la salariée du journal.

Suite à cet appel, une nouvelle plainte a été déposée vendredi à la gendarmerie de Carhaix. Pour la rédaction de l’hebdomadaire, « ces menaces, particulièrement dans leur dimension raciste, semblent provenir de la mouvance de l’ultradroite, en lien essentiellement, avec les évènements survenus à l’automne 2022 à Callac. »

A cette période, deux manifestations particulièrement tendues s’étaient déroulées dans la commune pour s’opposer au projet d’accueil de réfugiés. « Que cet ou ces individus agissent par idéologie ou en raison de déséquilibres psychologiques n’enlève rien à la gravité des menaces, s’insurge Erwan Chartier-Le Floc’h. Ces dernières sont d’autant plus intolérables qu’elles visent à intimider des journalistes et salariés qui font leur travail d’information générale. »