Nice : Ce que l’on sait du tir mortel d’un policier sur un conducteur qui a refusé d’obtempérer
EnquEte Prononcée mercredi soir, la garde à vue de l’agent auteur du tir mortel a été prolongée de 24 heures ce jeudi soir, a annoncé le procureur à 20 Minutes. L’IGPN, la police des polices, a été saisie
- Mercredi à Nice, le conducteur d’une voiture volée a été tué par le tir d’un policier après une course-poursuite et un refus d’obtempérer.
- Deux enquêtes ont été ouvertes : une première pour tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique et la seconde, par la police des polices, pour homicide involontaire par le policier auteur du tir.
Deux enquêtes ouvertes, l’IGPN – inspection générale de la police nationale – saisie et des vidéos qui interrogent. A Nice, au lendemain de la mort du conducteur d’une voiture volée, tué par le tir d’un policier après une course-poursuite et un refus d’obtempérer, l’agent en question a été placé en garde à vue. « Elle a été prolongée de 24h », a annoncé jeudi soir à 20 Minutes le procureur de la République Xavier Bonhomme. Pour les proches de la victime, « il est évident qu’on a [affaire] à un homicide, il n’y a pas de discussion là-dessus », a plaidé Me Sefen Guez Guez, leur avocat. « Dans une affaire comme celle-là, c’est l’ensemble de l’action qui doit être analysée », avance de son côté le directeur général de la police nationale qui renvoie à une enquête « difficile, complexe ».
Que s’est-il passé ?
Mercredi vers 16h30, un homme – qui circulait sans permis à bord d’une voiture volée, selon la police – est mort après avoir été touché par un tir d’un agent d’une brigade de Sécurité routière. « Le véhicule a été pris en chasse » car il « prenait bon nombre de risques » sur la voie Mathis, un axe rapide qui traverse Nice d’est en ouest, a précisé l’adjointe au procureur de la République de Nice Maud Marty. Mais au lieu de suivre les policiers, le conducteur a accéléré. Arrivé dans l’avenue Henri-Matisse, à hauteur de l’aéroport, le conducteur « a fait demi-tour pour venir percuter la voiture de police apparemment à deux occasions », a-t-elle également précisé. Un des agents, âgé de 23 ans, descendu sur la chaussée, a alors tiré « une fois », touchant le conducteur. Pris en charge par les pompiers, l’homme, « un Tunisien d’une trentaine d’années, installé dans la région depuis un an », selon le premier adjoint au maire de Nice Anthony Borré, est décédé malgré des tentatives de réanimation. Il avait, en fait, 24 ans et résidait « à Nice en situation régulière », tout comme sa famille, a précisé Me Sefen Guez Guez. Indemne, le passager de la voiture a été placé en garde à vue.
Deux enquêtes ouvertes
La représentante du parquet de Nice a annoncé que deux enquêtes avaient été ouvertes. La première a été confiée à la Sûreté départementale pour « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Pour la seconde, l’inspection générale de la police nationale a été saisie. Elle vise le policier auteur du tir mortel pour « homicide involontaire ». Ce dernier a été placé en garde à vue dans la soirée de jeudi, pour vingt-quatre heures, renouvelable une fois, a confirmé à 20 Minutes le procureur de la République de Nice Xavier Bonhomme. Interrogé sur l’éventualité que les vidéos de l’intervention diffusées sur les réseaux sociaux aient pu être déterminantes pour décider de cette mesure, le magistrat a répondu par la négative. La garde à vue, « c’est la quasi-règle » dans ce genre d’affaires, a-t-il précisé.
Que montrent ces vidéos ?
Deux séquences notamment publiées sur Twitter montrent la scène vue d’angles différents. Souvent partagées avec des commentaires mettant en cause la légitime défense, elles montrent le véhicule, bloqué par une voiture de police à l’avant, faire une marche arrière avant de s’arrêter et d’être à nouveau bloqué par la voiture de police à l’avant. L’un des deux agents présents, sorti sur la chaussée, apparaît pointant son arme sur la fenêtre côté conducteur. « Sors du véhicule, sors, sors, sors du véhicule », crie-t-il en direction de la voiture avant de faire feu à une seule reprise. Le passager sort immédiatement les mains en l’air avant d’être interpellé par l’autre policier. La réaction de l’auteur du tir « est clairement disproportionnée », a insisté Me Sefen Guez Guez, co-désigné avec Me Ouadie Elhamamouchi pour défendre la famille de la victime : « qu’importent les circonstances ou la réalité de son comportement antérieurement, il n’y avait pas de danger de mort qui justifie qu’on tue de sang froid cet homme ». Interrogé sur ces vidéos sur jeudi matin sur France Info, le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, renvoie à l’enquête « difficile, complexe » qui a été ouverte. « Dans une affaire comme celle-là, c’est l’ensemble de l’action qui doit être analysée. Ce qui s’est passé avant, dans l’environnement. La perception qu’ont pu en avoir les policiers au moment de l’intervention », a-t-il également avancé.