Tuerie de Chevaline : La garde à vue du témoin levée, le mystère reste entier
ENQUÊTE Ce motard, qui avait été aperçu à proximité de la scène de crime en 2012, a été libéré après avoir été entendu deux jours par les enquêteurs
- L’homme qui avait été placé en garde à vue mercredi matin a été remis en liberté ce jeudi en fin d’après-midi. Aucune charge n’a été retenue contre lui.
- Selon la procureure d’Annecy, la garde à vue visait « à procéder à des vérifications d’emploi du temps » et à « des perquisitions » chez cette personne.
- Le témoin, qui avait été aperçu à moto près de la scène de crime en 2012, avait déjà été écarté de la liste des suspects en mars 2015.
Une nouvelle garde à vue qui n’a pas permis de faire avancer l’enquête. Entendu durant deux jours par les gendarmes de la section de recherche de Chambéry en charge de l’affaire de la tuerie de Chevaline, le motard qui avait été aperçu le jour des faits près de la scène de crime a été remis en liberté ce jeudi après-midi.
« Les explications données et les vérifications opérées ont permis d’écarter son éventuelle participation aux faits », a indiqué dans un communiqué la procureure de la République d’Annecy, Line Bonnet, ajoutant que « les investigations continuent pour identifier le ou les auteurs du crime dans le cadre de l’instruction judiciaire toujours en cours ».
Deux sœurs seules rescapées de la tuerie
Ce motard âgé d’une cinquantaine d’années pensait avoir été rayé définitivement de la liste des suspects en 2015. Pourtant, la justice s’est de nouveau intéressée à lui. Deux juges d’instructions tentent toujours de percer le mystère entourant la mort de Saad al-Hilli, un Britannique d’origine irakienne de 50 ans, de sa femme, de sa belle-mère, ainsi que celle de Sylvain Mollier, un cycliste, exécutés de plusieurs balles sur une petite route forestière en septembre 2012.
Les deux seules rescapées sont les deux fillettes du couple. L’une d’elles avait reçu une balle à l’épaule et avait été frappée à coups de crosse tandis que sa sœur s’était cachée entre les jambes de sa mère et de sa grand-mère décédées et avait miraculeusement été retrouvée indemne.
Un témoin déjà écarté de la liste des suspects
Il y a quatre mois, les magistrats avaient ordonné de boucler la scène de crime, dans le parc naturel régional du Massif des Bauges en Haute-Savoie, pour organiser une remise en situation. Plusieurs témoins avaient été convoqués sur les lieux du massacre et chronométrés sur la base de leurs déclarations. Parmi eux se trouve ce motard qui avait été aperçu à proximité des lieux de la tuerie par deux gardes forestiers. Il avait ensuite été recherché durant deux ans par les gendarmes qui avaient diffusé un portrait-robot de cet homme portant un bouc et un casque très rare fabriqué à seulement 8.000 exemplaires. Il sera finalement identifié grâce à son téléphone qui avait « borné » dans le secteur.
« C’est un chef d’entreprise de Rhône-Alpes, honorablement connu et au-dessus de tout soupçon, qui était venu faire du parapente et qui rentrait chez lui », avait expliqué en mars 2015 l’ancien procureur d’Annecy, Eric Maillaud. Pourquoi ne s’était-il pas manifesté plus tôt ? « Il dit qu’il n’a pas fait attention à tout le battage médiatique qui a été fait autour du motard et du casque », avait précisé le magistrat. Selon lui, ce père de famille, qui n’a pas de casier judiciaire, n’avait « absolument rien vu » du drame qui s’est noué sur un parking devant lequel il est pourtant passé à moto. A l’époque, il avait déjà été libéré sans être poursuivi. Une version qui a semble-t-il été remise en cause après l’opération organisée en septembre dernier.
« Mon client est soulagé »
L’homme a été placé en garde à vue mercredi afin de « procéder à des vérifications d’emploi du temps », avait simplement déclaré la procureur de la République de Chambéry, Line Bonnet. Son domicile a également fait l’objet d’une perquisition.
« Mon client est soulagé », a déclaré à la presse son avocat, Me Jean-Christophe Basson-Larbi. « Cette garde à vue n’était pas justifiée, son issue le prouve, a-t-il ajouté. On a pu constater que mon client disait la vérité et que les zones d’ombre qui existent vont perdurer. »