Ile-de-France : La police judiciaire enquête sur une série d’enlèvements sur fond de règlements de comptes
ENQUETE Deux hommes ont été enlevés, la semaine dernière, en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne, avant d’être libérés par leurs ravisseurs qui réclamaient plusieurs dizaines de milliers d’euros
- Deux hommes ont été enlevés la semaine dernière en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne, avant d’être libérés par leurs ravisseurs.
- La police judiciaire a été saisie pour faire la lumière sur ces deux affaires.
- Ce genre d’enlèvements, souvent en lien avec des histoires de stupéfiants, se produisent fréquemment, observent des policiers.
Le 17 juin, en sortant du restaurant Chez Zino (19e arrondissement de Paris) où il avait passé la soirée, Jonathan*, 36 ans, demande à sa conjointe de rentrer seule. Il la rejoindra plus tard, lui assure-t-il. Mais le lendemain soir, il ne lui a toujours pas donné signe de vie. Inquiète, elle se confie à l’un de ses amis qui, à son tour, essaie de l’appeler. Le jeune homme répond mais n’a pas le temps de parler. Un individu lui arrache l’appareil des mains et affirme que Jonathan est séquestré dans une cave, à Pantin (Seine-Saint-Denis). Il révoque une dette et réclame une rançon de 70.000 euros contre sa libération.
Prévenus, les policiers se rendent au domicile de Jonathan, à Rosny-sous-Bois. Ils tombent sur sa compagne apeurée qui fait ses bagages, redoutant d’éventuelles représailles des ravisseurs. Le parquet de Bobigny ouvre une enquête et saisit le service départemental de police judiciaire de Seine-Saint-Denis. Le téléphone de Jonathan, qui n’est pas connu des services de police, est effectivement localisé à Pantin, mais les recherches demeurent vaines. Finalement, les policiers le retrouvent au petit matin, à son domicile.
« Un coup de pression »
Selon les premiers éléments de l’enquête, il semble que Jonathan a effectivement été séquestré dans le 93 avant d’être conduit à Paris. Ses ravisseurs l’auraient libéré sans avoir pour autant touché une rançon. Les investigations se poursuivent pour faire toute la lumière sur cette affaire. « Mais les victimes de ce genre d’affaires, souvent liées à des histoires de stupéfiants, ne parlent jamais », avance une source proche du dossier. « Il y en a assez souvent en ce moment, mais pas forcément plus qu’avant le confinement, poursuit cette même source. C’est leur façon de régler leurs comptes, de mettre un coup de pression. »
Effectivement, le jour de la disparition de Jonathan, les policiers de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) sont appelés pour une affaire similaire. Une femme leur explique que son concubin a également été enlevé. Elle a reçu un appel provenant du téléphone de son compagnon. Mais à l’autre bout du fil, un homme qu’elle ne connaissait pas lui a réclamé 80.000 euros en évoquant une affaire de drogue. Les fonctionnaires se rendent alors au domicile de la victime âgée de 30 ans et constatent des traces d’effraction sur la porte.
Libéré sur un parking
L’appartement, inoccupé, a été fouillé. Un voisin leur indique aussi avoir vu la victime se faire enlever. Finalement, ses ravisseurs le libèrent le 19 juin en milieu de journée sur le parking d’un centre commercial en Seine-et-Marne. Selon nos informations, cet homme, déjà connu des services de police pour des affaires de stupéfiants, n’a pas souhaité expliquer aux enquêteurs du service départemental de police judiciaire du Val-de-Marne pourquoi il avait été enlevé et séquestré.