Dubaï, la ville de tous les possibles, écrit son histoire record après record
Moyen-Orient Surgie des dunes d’Arabie en quelques décennies, la métropole de béton et d’acier n’en finit pas de se réinventer. Décriée pour ses excès, elle étonne par son multiculturalisme et ses ambitions écologiques
Dubaï est un chantier permanent. À chaque heure du jour et de la nuit, le tapage des outils mécaniques résonne des avenues de Downtown jusqu’aux quais de la Marina. Dans la ville-émirat, pas une année ne s’écoule sans la naissance d’un lieu stupéfiant. Le dernier en date s’appelle Atlantis The Royal. Inauguré en grande pompe en janvier dernier, cet hôtel ultra-luxueux se veut le plus exclusif du monde. Rien que ça ! C’est qu’à Dubaï, on voit les choses en grand. Première adresse estampillée Atlantis dans la ville, l’hôtel The Palm était déjà un symbole de démesure, avec ses allures de palais des Mille et Une Nuits, son immense parc d’attractions aquatiques et ses vestiges de cité antique, engloutis dans un aquarium.
En termes d’avant-gardisme architectural et d’extravagance urbanistique, Dubaï n’a aucun équivalent sur la planète. On y trouve des pistes de ski en plein centre commercial, des milliers de plantes tropicales sous un biodôme et un superbe musée curieusement dédié au futur. Mais d’autres réalisations vont beaucoup plus loin en remodelant la géographie de l’émirat, comme l’île artificielle de Palm Jumeirah, qui a doublé la longueur du littoral, ou encore The World Islands : un archipel de trois cents îles qui reconstitue un planisphère géant à quelques encablures de la côte.
Construire des immeubles sur un sol sablonneux est un tour de force, mais en élever un de 160 étages en seulement sept ans relève du prodige. Depuis 2008, la tour Burj Khalifa, qui s’élève à 828 mètres sur le quartier des affaires, est le plus haut monument jamais construit. La ville se plaît d’ailleurs à collectionner les records, avec la grande roue et l’hôtel les plus hauts du monde, le plus grand centre commercial, la plus grande fontaine et le plus long métro automatisé, pour ne citer que quelques exemples.
Histoire d’une métamorphose
Avec autant de réalisations spectaculaires, Dubaï défraie souvent la chronique. Omniprésente sur les réseaux sociaux, la destination met des paillettes dans les yeux d’une jeunesse fascinée par le luxe et la fête. Mais elle intrigue aussi. Comment le champagne peut-il couler à flots sur les rooftops huppés de Downtown pendant que l’appel à la prière résonne dans les souks de la vieille ville ? Comment les Dubaïotes, qui se déplaçaient hier encore à dos de dromadaire, se retrouvent-ils aujourd’hui au volant de bolides rutilants ?
Jusqu’au milieu du XXe siècle, Dubaï n’était qu’un village de Bédouins et de pêcheurs de perles sauvages, sans route ni eau courante. Le cheikh Rashid Al Maktoum a grandi dans une maison sans électricité. Mais lorsque le marché de la perle s’est effondré, il est parvenu à transformer son petit bout de désert perdu au bord du golfe Persique en carrefour commercial. En empruntant au Koweït et au Qatar, puis aux Émirats, unis depuis 1971, ce dirigeant visionnaire a fait construire un port, tracer des routes et bâtir un aéroport. Autant de paris gagnants qui lui ont permis de développer des écoles et des centres de soins, avant d’ériger le tout premier gratte-ciel de la ville.
Au pouvoir depuis 2006, le cheikh Mohammed Al Maktoum, a hérité de son père Rashid un sens aigu des affaires et une capacité à agir. Sa devise : « Le futur n’est pas quelque chose que l’on attend, mais que l’on crée. » Après le commerce et la finance, il a fait de l’immobilier et du tourisme les nouveaux pôles économiques de son émirat. Et encore une fois, l’audace a payé. Sans avoir misé sur le pétrole, dont il est peu pourvu, l’ancien port de pêche parvient aujourd’hui à attirer plus de touristes, plus de cargos et plus de capitaux que bien des pays occidentaux.
Un autre record détenu par Dubaï est celui du nombre d’immigrés. Tout ce bel édifice repose évidemment sur eux. Plus de 90% des 3,3 millions d’habitants sont des étrangers. Au total, 180 nationalités de toutes confessions religieuses cohabitent en sécurité dans ce creuset ethnique quasi utopique, doté d’un ministère de la Tolérance. Beaucoup y vivent confortablement. Certains y font même fortune. Mais un bon quart s’échine toujours sur des chantiers de construction, dans des conditions harassantes régulièrement dénoncées.
Un futur modèle de durabilité ?
Les 10% de Dubaïotes, auxquels l’état providence demande tout de même d’occuper un emploi, sont les mieux lotis. Leur confort de vie ne les éloigne cependant pas du désert. La plupart y ont une maison secondaire où ils se précipitent chaque week-end pour retrouver les plaisirs simples de leurs aïeux bédouins.
Aux portes de la ville, les magnifiques dunes du Rub Al Khali invitent les visiteurs à faire connaissance avec cette facette plus authentique de l’émirat. Observation des oryx, démonstration de chasse au faucon, balades à dos de dromadaire, musiques et repas traditionnels sous la tente sont au programme de journées organisées dans des zones de conservation naturelle. Pour des agences responsables comme Platinum Heritage, défigurer les dunes à bord de puissants 4x4 n’est plus vraiment dans l’air du temps.
Pendant ses années de croissance folle, on pouvait reprocher à Dubaï une totale indifférence aux problématiques environnementales. Le ski en salle n’en était qu’un exemple. Il y a moins de vingt ans, les Émirats arabes unis étaient encore le pays à la plus forte empreinte écologique par habitant au monde. Mais une prise de conscience est à l’œuvre et les choses évoluent. L’accueil de la Conférence de l’ONU sur les changements climatiques COP28, du 30 novembre au 12 décembre prochain, en témoigne.
Sur le terrain, les projets immobiliers durables se multiplient. Des quartiers pilotes, comme The Sustainable City, produisent plus d’énergie renouvelable qu’ils n’en consomment. Et dans le désert, une centrale solaire de 77 km2, en cours de construction, fournira bientôt l’électricité la moins chère du monde. Telle est la volonté du cheikh Mohammed, qui a décrété qu’avant 2050 Dubaï tirerait 75% de son énergie de sources propres. Mieux, il entend obtenir la neutralité carbone en 2071, pour les 100 ans des Émirats arabes unis. On peut parier sur sa réussite, puisqu’à Dubaï, rien n’est impossible. Surtout lorsqu’il y a un record à la clé !
Y aller
Fleuron économique de Dubaï, la compagnie Emirates permet de rejoindre la destination en 6h40 depuis le terminal 1 superbement rénové de l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. Aucun visa n’est exigé et, chose assez rare pour être soulignée, les agents d’immigration, majoritairement féminins, accueillent les visiteurs avec le sourire.
Se loger
Adresse emblématique de la Palm Jumeirah, Atlantis The Palm est bien plus qu’un hôtel. Ce luxueux resort décline le thème de l’Atlantide et de l’océan à travers des attractions spectaculaires, accessibles aux non-résidents, comme l’Aquaventure Waterpark et ses 22 hectares de jeux d’eau, ou The Lost Chambers Aquarium et ses 65.000 animaux marins. Atlantis The Palm est également une référence gastronomique à Dubaï, avec 29 restaurants de renommée mondiale. Parmi ces derniers, l’Ossiano, dirigé par le chef étoilé Grégoire Berger, propose une expérience culinaire immersive, parmi les raies et les requins.
Alternative plus abordable, 25Hours est une nouvelle adresse de Downtown. À l’ombre des Emirates Towers, cet hôtel à l’ambiance hippie chic est le cadre idéal d’un séjour décontracté. Une ambiance bohème se dégage de son grand lobby où des bibliothèques et de vastes espaces de repos invitent à bouquiner. Cette atmosphère chaleureuse se retrouve dans les chambres dont les adorables accessoires de déco rétro ont été chinés. Coup de cœur pour son bar avec vue sur le musée du futur et la possibilité d’y louer des vélos.
À voir
À l’instar de la tour Burj Khalifa et de la tour d’observation sur The Palm, les sites phares de Dubaï sont pris d’assaut par les visiteurs. Il est donc conseillé de réserver ses billets sur Internet, pour éviter les interminables files d’attente et obtenir de meilleurs tarifs.
Loin des foules, sur une île de la crique appartenant à une famille saoudienne de philanthropes, le Jameel Art Center est le premier centre d’art contemporain de l’émirat. Depuis 2018, ses dix galeries sont dédiées à la promotion des créateurs régionaux. On y trouve également un labo de recherche et une bibliothèque, des jardins exotiques, une boutique d’artisanat et un excellent bistro.
Jusqu’en avril, l’exposition « An Ocean in every drop » s’intéresse aux relations des peuples non-occidentaux avec l’eau.
Renseignements
Informations culturelles et pratiques, activités, nouvelles adresses, bons plans, événements… Le site de l’office de Tourisme est une précieuse ressource pour préparer son voyage à Dubaï.