Présidentielle: On vous fait revivre le match des meetings de Macron et Le Pen à Paris

REPORTAGE DUPLEX Emmanuel Macron était à Bercy dans l'après-midi, quelques heures avant Marine Le Pen au Zénith...

Thibaut Le Gal et Anne-Laëtitia Béraud
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Macron et Le Pen
Macron et Le Pen — Photomontage

Ils sont depuis plusieurs mois maintenant, les favoris des sondages. Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont livrés à un duel à distance lundi à quelques heures d’intervalle. Le candidat d’En Marche ! a tenu un grand raout à Bercy en fin d’après midi. La présidente du Front national a quant à elle rassemblé ses partisans au Zénith parisien dans la soirée. 20 Minutes s’est rendu aux deux rassemblements et vous livre le match des meetings.

Ambiance : Chaude, voire tendue

Macron : Après une musique électro assourdissante et les clips « publicitaires » du candidat, les soutiens d’Emmanuel Macron ont accueilli leur champion en faisant voler les drapeaux français et européens. « Nous sommes 20.000 », a indiqué le chauffeur de salle. Le candidat est arrivé les bras en l’air, tout sourire. « Est-ce que vous entendez le murmure du printemps ? C’est le bruit d’une page politique qui est en train de se tourner ». A plusieurs reprises, le discours est interrompu par les « Macron président », une Marseillaise, et même un « je t’aime ! », hurlé par un militant.


Le Pen : Salle quasi-comble au Zénith de la Villette et ses 6.000 places où ont été déposés, tous les trois à quatre sièges, des drapeaux et des pancartes « Marine Le Pen présidente ». Alors que dans le parc parisien,  plusieurs centaines d’antifascistes tentent de passer vers le Zénith, rencontrant alors les forces de l’ordre, dedans, l’ambiance est chaude.

Les partisans sont bouillants, scandant une fois, puis dix, vingt fois : « On est chez nous ! », suivi, une fois, d’un : « La France aux Français ! ». Un groupe tente aussi un « Islam hors de France », qui n’est finalement pas repris par la foule. Le discours de la candidate est interrompu plusieurs fois, notamment par deux actions de Femen. Une première militante, munie de fleurs, tente de se jeter sur la candidate avant d’être plaquée et évacuée par la sécurité. Une deuxième crie un slogan et tente une action vers les caméras de télévision. Elle est là encore évacuée à l’extérieur par la sécurité sous les sifflets.

Différence de style

Macron : Joueur. Détendu, Emmanuel Macron a joué avec son public à plusieurs reprises, répondant aux interpellations des militants, ou s’amusant à propos de sa formule « en même temps ». « Il paraît que c’est un tic de langage, qui voudrait dire que je suis flou. Je continuerai de le dire dans mes phrases et dans ma pensée, car ça signifie que l’on prend en compte des principes qui paraissaient opposés ». Le « slogan » sera même étrangement scandé par la foule…


Le Pen : Prédicatrice. Ces quelques jours avant le premier tour de la présidentielle ? « Ce sont des jours qui nous mènent à la lumière », l’élection présidentielle représentant « un enjeu de civilisation », lance la candidate à ses fidèles. « Nous sommes aux portes du donjon qu’il faut conquérir, il ne faut rien lâcher », métaphorise encore Marine Le Pen.


Ce qu’ils disent l’un de l’autre

Macron : Sans citer directement Marine Le Pen, le candidat a dénoncé « les hérauts du repli et des ressentiments, les donneurs de leçon, ceux qui veulent rabougrir la France ». Et d’ajouter : « Ils sont infidèles à ce qui nous a précédé. Mais plus encore, ils sont infidèles à ceux qui nous suivront, à nos enfants, à la génération qui vient ».

Le Pen : Emmanuel Macron a les oreilles qui sifflent ce soir à La Villette. Marine Le Pen attaque le candidat sur l’argent ou sur sa présumée volonté de voir la France « submergée » par l’immigration. Martelant son credo sur de présumées forces liguées contre sa personne et son projet, la candidate FN multiplie les flèches contre « les profiteurs du système, la caste, l’oligarchie », dont ferait notamment partie Emmanuel Macron.

Le moral des militants

Macron : Sans surprise, le moral est au top. Bertrand, 62 ans, marcheur depuis trois mois : « Je ne suis pas inquiet des sondages, car dans la bande des quatre favoris, Macron arrive toujours en tête ou en 2e. Mais il faut toujours mobiliser, donc dès demain nous retournerons faire du porte-à-porte ». Même topo chez Ismaël, 22 ans, venu depuis la Sarthe. « Je suis convaincu que nous allons gagner. Mais il faut rester prudent. Dans la Sarthe, les Fillonistes sont par exemple très mobilisés. Il faut convaincre les nombreux indécis ».

Le Pen : Top là aussi. Selon René, 57 ans, sa championne atterrira cette année à l’Elysée : « La France va mal et seule Marine incarne l’espoir. Elle dit les choses. Les Français l’ont compris. » Arthur -dont le prénom a été modifié à sa demande-, 25 ans, hôte d’accueil en entreprise en Seine-et-Marne, dit avoir été tenté au début de la campagne par Emmanuel Macron. Mais le débat entre les candidats à la présidentielle a fait la différence pour lui. Désormais, le projet du candidat d’En Marche !, «c’est du vent ».


L’anecdote en plus : Des sportifs et la famille en guest

Macron : Dans le carré VIP, l’international de football français Yohan Cabaye. Mais c’est un rugbyman qui a joué les chauffeurs de salle. Mourad Boudjellal : « Emmanuel Macron incarne cet esprit de conquête », a lancé le président du RC Toulon, avant de donner rendez-vous au candidat le 4 juin prochain, « pour que vous nous remettiez le bouclier de Brennus ! »

Le Pen : Dans les rangs du Zénith se trouvait la mère de Marine Le Pen, Pierrette Lalanne. L’ancienne épouse de Jean-Marie Le Pen a été longtemps détestée par Marine Le Pen après avoir réalisé des photos de charme pour Playboy à la fin des années 1980. Une relation qui semble s’être apaisée.