Présidentielle: Marine Le Pen en visite millimétrée chez les militaires de la force Barkhane
CAMPAGNE Après François Fillon et Emmanuel Macron, la candidate du Front national va rencontrer des militaires en opération extérieure…
En campagne pour l’élection présidentielle, Marine Le Pen est en visite deux jours au Tchad. Après un échange mardi avec le président Idriss Déby, la candidate du Front national va se rendre ce mercredi au poste de commandement de l’opération Barkhane à N’Djamena. Cette force, qui compte 3.500 militaires selon le ministère de la Défense, est composée de soldats français et africains et vise à lutter contre le terrorisme djihadiste dans l’ensemble de la zone du Sahel. La candidate frontiste n’est pas la première à rencontrer ces personnels : François Fillon leur a fait une visite en décembre, quand Emmanuel Macron a rencontré des militaires sur une base aérienne projetée en Jordanie fin janvier.
Pour Marine Le Pen, cette visite aux militaires français - qui fait partie d’un déplacement plus large visant à la « présidentialiser » auprès de son électorat et sur la scène internationale - n’est pas anodine. Les sujets de la défense et du terrorisme trouvent un écho particulier dans cette campagne électorale marquée par la crainte de nouveaux attentats. La dernière attaque sur le territoire,à l’aéroport d’Orly (Val-de-Marne) le 18 mars, a d’ailleurs ciblé des militaires. Pour les candidats, la rencontre avec les soldats, qui sont aussi des électeurs, vise à montrer leur soutien à l’institution et leur patriotisme.
Selon la disponibilité des troupes
Au Front national, on s’est pressé pour organiser cette visite car la période de réserve électorale, durant laquelle les candidats sont interdits de rencontrer des militaires, débute le 24 mars. On se réjouit par ailleurs de cette visite un peu particulière, une nouveauté par rapport à la campagne présidentielle de 2012. Ce déplacement se déroule en petit comité, Marine Le Pen étant accompagnée de son directeur de cabinet Nicolas Lesage, de son compagnon et vice-président du parti Louis Aliot, et d’un photographe (dont les clichés sont largement distribués aux rédactions pour illustrer les rencontres de la présidente du FN).
Une visite millimétrée, qui répond aux règles très précises imposées aux visites des candidats rencontrant des soldats, souligne le ministère de la Défense. Première étape, si « tous les candidats peuvent aller rencontrer des militaires, il leur faut l’accord du cabinet du ministre ». Pour un théâtre d’opération à l’étranger, l’état-major des armées est aussi sollicité.
Pas de discours aux militaires
Deuxième étape : le lieu. « La visite se fait en fonction du théâtre d’opération et des disponibilités » des troupes, souligne-t-on au ministère de la Défense. C’est-à-dire que la visite d’un sous-marin en pleine mer ou de soldats au combat n’est pas envisagée, car « les missions opérationnelles doivent être le moins impactées possible » par une visite de quelques heures d’un candidat. Celui-ci peut être accompagné par « une ou deux personnes », et les journalistes sont exclus de la visite. Cependant, un photographe de l’équipe du candidat peut prendre des clichés.
Une autre règle est soulignée par le ministère : « Pas de discours aux soldats ». « Les candidats viennent découvrir les missions et écouter les soldats, pas l’inverse ». Pas question pour le prétendant à la magistrature suprême de dérouler aux militaires son programme à l’élection présidentielle. Et ainsi tenter une instrumentalisation des armées. Les discours seront tenus en dehors des enceintes militaires. Notamment par une conférence de presse ce mercredi à 18h30 dans un grand hôtel de N’Djamena. Et sur les réseaux sociaux, dont le Front national est friand.