Roselyne Bachelot: «La stratégie droitière était une erreur sur le fond et sur la forme»
INTERVIEW L'ancienne ministre Roselyne Bachelot se confie à «20 Minutes», revenant sur la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy…
A l'occasion de la parution de A feu et à sang*, mercredi, l'ancienne ministre Roselyne Bachelot s'est confiée à 20 Minutes. Dans son ouvrage, la femme politique écrit ses impressions au fil de la campagne électorale pour l'élection présidentielle. Elle y pointe un président-candidat Nicolas Sarkozy à bout de souffle et une équipe de conseillers déconnectés des réalités. «Au coeur de la machine», l'ancienne ministre éclaire ce quotidien de campagne qui se terminera par une défaite.
Quel est le but de votre livre?
J’ai écrit ce livre pendant la campagne, au cœur de la machine, tant pour mettre de la distance avec les événements que pour dire ma vérité. Ce livre n’est pas un règlement de comptes à l’égard de Nicolas Sarkozy.
Vous écrivez que «Nicolas Sarkozy n’a rien pour lui, sauf lui-même, et tout contre lui, dont lui-même»…
Les erreurs qui l’ont empêché de gagner étaient évitables. Il a été de loin le meilleur leader européen sur la gestion de la crise. Mais ses adversaires l’ont attaqué sur le Fouquet’s, le bling-bling... Nicolas Sarkozy a été son pire ennemi.
Comment jugez-vous cette campagne présidentielle?
On est passé à côté de la campagne. La stratégie droitière était une erreur sur le fond et sur la forme. Les résultats de la présidentielle puis des législatives l’ont démontré.
Vous critiquez violemment les ex-conseillers du président, à savoir Claude Guéant, Patrick Buisson et Emmanuelle Mignon…
Ces gens-là ne connaissent pas la vie politique. Ils ne vont jamais sur le terrain ni voir un électeur. J’ai constaté que le président a été isolé du terrain et de ses ministres.
Que souhaitez-vous pour l’UMP aujourd’hui?
Il faut réfléchir à un autre fonctionnement de la politique, mettre en place une démocratie participative, instaurer la diversité. C’est pourquoi je vais faire campagne pour François Fillon à la présidence de l’UMP.
Vous évoquez la rivalité entre Copé et Fillon pour la présidence de l’UMP, une élection qui se tiendra en novembre...
La formule «guerre des chefs» est inutilement blessante. Dans un parti politique, il est normal qu’il y ait une compétition. Et comme dans toute compétition, il peut y avoir des coups tordus. C’est prévisible. Le monde de la politique n’est ni pire ni meilleur que tous les lieux de pouvoir.
Vous qualifiez Raffarin et Borloo de «pseudo-alliés»…
Jean-Pierre Raffarin et Jean-Louis Borloo nous ont mis un coup de poignard dans le dos en affirmant que le gouvernement ne menait pas de politique sociale, alors que nous avons préservé et amélioré notre modèle social. Réclamer un tournant social était un déni de réalité.
Rachida Dati et Rama Yade sont, selon vous, des «erreurs de casting»…
La politique n’est pas un métier mais elle doit être exercée de manière professionnelle. Il faut de l’expérience que l’on acquiert par l’exercice de mandats électifs.
* A feu et à sang, Carnets secrets d'une présidentielle de tous les dangers, de Roselyne Bachelot, parution le 20 juin chez Flammarion.