UMP: La «guerre des chefs» se réenclenche
LEGISLATIVES Entre Jean-François Copé et François Fillon, le destin de l'ancien parti majoritaire est en suspens...
La lourde défaite de l’UMP et de ses alliés, dimanche, enclenche un nouveau cycle pour l’ancien parti majoritaire. Il est face à plusieurs questions, dont l’une des plus pressantes concerne sa présidence, qui sera débattue lors d’un congrès du parti en novembre.
Les 261.000 militants revendiqués par Jean-François Copé vont élire à l’automne le nouveau président de l’UMP, un poste laissé en suspens par Nicolas Sarkozy pendant son mandat à l’Elysée. Et la «guerre des chefs», enclenchée fin mai entre Jean-François Copé et François Fillon, respectivement secrétaire général et ancien Premier ministre, risque d’être féroce.
Ligne politique du parti à définir
Les deux ténors de l’UMP, tous deux réélus dimanche, ne devraient de plus pas être les seuls à briguer la présidence du parti. François Baroin, réélu député de l’Aube, déclare ce lundi matin sur RTL ne pas exclure se présenter «si ses idées ne sont pas représentées». L’ancien ministre Laurent Wauquiez n’exclut rien non plus, affirme son entourage. Quant à l’ancien ministre Jean-Pierre Raffarin, il se dévouerait à briguer cette présidence, «si c’était nécessaire»…
Face à ces ambitions, Jean-François Copé a appelé, dimanche soir, à éviter «les querelles de personnes» au sein de l’UMP. «Dès demain c’est le temps de la reconquête qui commence. […] Les Français ne comprendraient pas que nous nous perdions dans les querelles de personnes», a-t-il déclaré au siège du parti. Se défendant de toute ambition, le député-maire de Meaux distille néanmoins ses intentions, comme ce lundi matin, sur France Info, où il se présente en «chef d’équipe», en «chef de famille» du parti.
Querelles d’égo
Outre sa présidence, l’UMP est face à la question brûlante de ses valeurs. Continuera-t-il sur la ligne Patrick Buisson, du nom du conseiller de Nicolas Sarkozy, qui a motivé la «droitisation» du parti? Une ligne suivie notamment par l’ancien Président durant la présidentielle, mais aussi les membres du mouvement Droite populaire, et certains responsables tels Nadine Morano pour les législatives. Elle s'est notamment traduite par la stratégie du «ni-ni», abandonnant la doctrine du front républicain face au FN. Nadine Morano, qui a multiplié les appels du pied répétés aux électeurs du Front national, a finalement été battue à Toul.
Autre possibilité: le retour à une ligne «plus centrale»? Les langues, ce lundi matin, se délient. L’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, déclare sur BFMTV-RMC que la «stratégie de Grenoble», la «dérive droitière» de l’UMP «a échoué». «Notre majorité, dans le passé, a été un peu hémiplégique, sa partie droitière était plus renforcée que sa partie centrale», précise-t-il, ajoutant que «le FN a une histoire qui ne le met pas dans le camp de la République».
Un automne mouvementé
François Baroin, élu dans la 3e circonscription de l’Aube, critique lui aussi et sévèrement sur RTL la stratégie de certains membres l’UMP pendant les législatives. «A trop courir derrière le FN, on le crédibilise», lance-t-il, jugeant qu’il est «évident qu’il faut que l’on s’interroge». Lapidaire, la sénatrice UMP Chantal Jouanno lance sur le réseau Twitter: «Triste défaite sans appel qui sanctionne la stratégie de droitisation. Fin du silence sur la refondation mais opposition sans concession.»
François Baroin, député UMP de l'Aube : "A trop...
L’ancienne ministre Roselyne Bachelot, estime dans son livre à paraître A feu et à sang que cette «dérive» «dans le champ ultraconservateur», qui «provient de l’influence du trio Claude Guéant, Emmanuelle Mignon et Patrick Buisson», est une «faute sur le fond et une erreur sur la forme».
De son côté, Jean-François Copé, en fragile chef du parti, martèle son souhait d’ouvrir «une vaste réflexion sur (les) valeurs» de l’UMP. «Une réflexion de fond est indispensable sur ce qui nous rassemble, sur le socle de nos valeurs et sur notre projet commun», prévient Alain Juppé dans Le Monde. Le chantier est vaste, et l’automne promet ses luttes.