UMP: François Fillon déterre la hache de guerre
POLITIQUE Il casse le pacte du silence imposé jusqu’aux législatives et évoque la présidence de l’UMP...
C’était promis, juré. L’UMP n’afficherait aucun signe de division jusqu’au 17 juin, au second tour de la législative. Les bonnes intentions ont vécu. Dès le lendemain de son début de campagne, François Fillon se pose en chef de l’opposition en annonçant dans une interview à paraître vendredi dans Le Figaro Magazine que «depuis le départ de Nicolas Sarkozy, il n'y a plus, à l'UMP, de leader naturel». Un missile porté contre son rival, Jean-François Copé, actuellement secrétaire général du parti. A la question: «Vous serez donc candidat à la présidence de l’UMP?» l’ancien Premier ministre répond: «Je prendrai toute ma part, avec d’autres, à cette compétition.»
«Ce n’est pas une surprise»
«Qu’il souhaite prendre sa part, ce n’est pas une surprise», relativise le député de Paris Jean-François Lamour, un filloniste pur jus, alors que l’interview fait grand bruit à droite. Pour lui, il ne s’agit pas d’une annonce de candidature, laquelle «interviendra après les législatives». «Je ne vois pas pourquoi on s’inquièterait de voir un ancien Premier ministre poser des jalons tandis que d’autres l’ont déjà fait pour 2017», poursuit-il. Nouvelle pique à l’attention de Jean-François Copé. «On a souvent dit que François Fillon était trop discret, trop silencieux. Il faut qu’on me dise ce qu’il doit faire alors!»
Il n’empêche. L’annonce de François Fillon, connu pour son habituelle rondeur, surprend, même chez certains de ses amis. Ainsi, Bernard Debré, l’un de ses principaux soutiens dans son implantation à Paris, dit «tomber des nues». «C’est trop tôt, on est dans une dynamique d’union, ce n’est pas une bonne attitude à avoir, ça n’apporte rien, qu’il fasse sa déclaration le 18 juin [au lendemain des législatives]», regrette le député de Paris. «Je l’ai vu deux fois hier et ce matin au bureau politique et il n’en a jamais été question», constate-t-il. «Copé est déjà en difficulté dans sa circonscription, ça ne pas l’aider.»
Copé pas surpris
Même son de cloche pour Arnaud Danjean, le candidat UMP qui part à la reconquête de la circonscription d’Arnaud Montebourg en Saône-et-Loire et qui bénéficiera de la visite de François Fillon la semaine prochaine. «On doit parler de la question du leadership de la droite sereinement, je ne crois pas que cela puisse se faire en pleine campagne», tacle-t-il. «Je le dirai à Fillon, comme je l’ai dit à Copé.»
Finalement, seul l’entourage du secrétaire général Jean-François Copé ne se dit «pas surpris». Comprendre qu’il n’en attendait pas moins. «Vraiment, j'invite tous mes amis, toutes générations confondues, toutes sensibilités confondues à l'UMP à suivre ce chemin de la sagesse qui consiste à ne se mobiliser que dans la perspective des élections législatives», a réagi Jean-François Copé depuis Strasbourg (Bas-Rhin) où il est en déplacement de campagne. Jeudi, il sera à Besançon (Doubs) pour une rencontre avec les militants tandis que François Fillon mettra le cap vendredi sur l’Hérault. Les chemins de la sagesse vont se multiplier pour l’un et pour l’autre dans les semaines à venir.