Législatives: Jean-Luc Mélenchon prépare un rebond
POLITIQUE L'ancien candidat à la présidentielle devrait se présenter aux législatives. Reste à savoir où...
D’une discrétion absolue en cette semaine post-électorale, Jean-Luc Mélenchon est en pleine période de réflexion. Comment rebondir personnellement après une présidentielle dont il espérait beaucoup plus? Selon toute vraisemblance, l’homme aux 11,10 % devrait se présenter aux élections législatives. Même s’il reste quelques doutes. «C’est l’hypothèse qui tient la corde même si rien n’est encore définitif», confie Eric Coquerel, l’un de ses conseillers. En se faisant élire à l’Assemblée nationale, Mélenchon espère ainsi obtenir une tribune plus importante qu’au Parlement européen, dont l’actualité est peu relayée en France. Et être une force de résistance au PS. «La bataille pour le leadership à gauche ne fait que commencer. Elle n’est pas finie, elle n’est pas réglée», confiait le candidat du Front de gauche à 20 Minutes avant le premier tour.
Reste à savoir où il pourrait atterrir. Pour le moment, son Parti de gauche a réfléchi à environ huit circonscriptions dans quatre endroits de France différents. Une dans l’Hérault, une dans le Pas-de-Calais, deux trois à Marseille et deux trois sur Paris et l’Ile-de-France. «Nous les avons choisies en fonction de trois critères: il fallait que les autres forces du Front de gauche, notamment le PC, soient d’accords pour qu’il vienne, que le lieu ait une portée nationale et enfin que Jean-Luc ait des chances de l’emporter», détaille Eric Coquerel. Mélenchon donnera sa réponse samedi.
Se faire une place au soleil
Mais, l’on sait déjà que certains de ces points de chute pourraient réserver des affrontements très médiatiques. Ainsi, Mélenchon n’a pas choisi n’importe quelle circonscription dans le Pas-de-Calais: il s’agit de celle de Hénin-Beaumont où Marine Le Pen se présente. Une façon de poursuivre leur duel de la présidentielle qui avait finalement tourné en faveur de la présidente du FN, qui avait raillé «la mongolfite» de Mélenchon et s'était félicitée du «dégonflage de tête» de son adversaire. Petit problème pour Mélenchon sur cette terrre: le FN a fait 31,42 % sur la 11e circonscription du Pas-de-Calais lors de la présidentielle 2012, en tête devant le PS. Le Front de gauche n’a réalisé «que» 14,85 %.
Autre circonscription à laquelle le député européen réfléchit: la 6e de Paris où il habite et où Cécile Duflot doit se présenter grâce à l’accord entre le PS et EELV. Là, Mélenchon avait réalisé 16,63 % le 22 avril contre 5,66 % pour Eva Joly. Le jeu s’annonce donc plus serré. Et les 43,03 % réalisés par Hollande seraient alors déterminants. A Marseille, Mélenchon s’est dit impressionné par la foule de son meeting en plein air. «C’est une ville ouverte sur la Méditerranée où les mouvements sociaux sont actifs et où il faut combattre l’influence du FN», explique un de ses proches. Enfin à Montpellier, le candidat du Front de gauche veut profiter de la division du PS local pour se faire une place au soleil.
Au sujet des législatives, les négociations sont au point mort entre le PS et le Front de gauche. «C’est difficile d’avancer quand on ne fait aucune réunion de travail», peste un proche de Mélenchon qui évoque seulement «quelques contacts téléphoniques». Le FG, le PS et Europe écologie-Les Verts s’étaient plus ou moins mis d’accord pour présenter une candidature commune dans les circonscriptions où la gauche risque de passer à la trappe dès le premier tour. Sauf qu’ils ne font pas le même recensement. Le Parti de gauche a ainsi listé plus de 100 circonscriptions où ce risque existe, le PS une cinquantaine. L’entourage de Mélenchon a demandé au PS de présenter un candidat Front de gauche seul dans 16 circonscriptions (9 pour le PC, 7 pour le Parti de gauche). Pas de réponse, comme si le PS jouait la montre. «On ne pose pas d’ultimatum mais si à la fin de semaine, ça n’a pas avancé, c’est mort »