Présidentielle. Hollande en tête, Sarkozy sur ses talons, Le Pen en arbitre
POLITIQUE Candidat par candidat, tous les résultats et les analyses...
- François Hollande: 28,63%
- Nicolas Sarkozy: 27,08%
- Marine Le Pen: 18,01%
- Jean-Luc Mélenchon: 11,13%
- François Bayrou: 9,11%
Ce dimanche a vu une forte mobilisation des Français, avec plus de 80% de participation selon les dernières estimations.
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François Hollande
Scénario idéal pour François Hollande. Le socialiste vire en tête à l’issue du premier tour, avec 27,97% des voix, selon le dépouillement de près de 80% des bulletins. L’écart est faible avec Nicolas Sarkozy, qui a obtenu 26,86% des voix mais c’est un résultat historique: jamais un président sortant briguant un nouveau mandat n’est arrivé deuxième au premier tour dans l’histoire de la Ve République. Le socialiste peut se prévaloir du soutien clair et net d’Eva Joly et de Jean-Luc Mélenchon qui lui permet de réaliser l’union de la gauche nécessaire contre un Nicolas Sarkozy offensif. François Hollande se place comme le candidat «le mieux placé pour devenir le prochain Président». Le faible score de Jean-Luc Mélenchon est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle: d’un côté il laisse à François Hollande les mains libres, il ne sera pas «l’otage» de Mélenchon comme le martelait l’UMP, mais il affaiblit le «total gauche», qui se monte à 42,81%. «Rassembler, rassembler», la gauche mais aussi le centre, ce sera le pari du socialiste, qui continuera de surfer sur l’antisarkozysme tout en tentant de résister à la pression du camp Sarkozy qui va le pousser à la faute. «Toutes les conditions sont réunies pour obtenir une victoire. Mais, entre les conditions et la victoire, il y a une campagne», reconnaissait-il dimanche à Tulle.
Nicolas Sarkozy
Deuxième au premier tour… Un échec pour le président sortant même s’il s’en défend. «Rien n’est joué» et «une nouvelle campagne commence», assure Juppé qui, comme les autres, compte sur l’égalité du temps de parole pour remonter. Les ténors de l’UMP insistent que le fait qu’arriver en tête au premier tour ne signifie pas la victoire au second: Mitterrand en 1974, Giscard en 1981 et Jospin en 1995 s’en souviennent. Vu les scores, Nicolas Sarkozy n’aura pas d’autres choix que d’aller chercher les électeurs de Marine Le Pen. Il a commencé dès dimanche soir, assurant comprendre ce «vote de crise», citant «les frontières», «la sécurité» et «l’immigration» comme source d’«angoisse» de ces électeurs qui pour l’instant se reportent mal sur son nom. Offensif, il a réclamé à Hollande «trois débats» car «les Français ont droit à la vérité». Proposition déclinée par le socialiste mais qui devrait être réitérée toute la semaine pour camper Hollande comme le candidat de «l'esquive». Attention car à trop se droitiser, le président-candidat risque de pousser mécaniquement le centre et François Bayrou vers François Hollande: il faudra réussir le grand écart. Compliqué donc même si arithmétiquement, tout reste jouable. Plus encore si Sarkozy arrive à le pousser à la droite.
Marine Le Pen
Le troisième homme est une femme. Avec 19,03% des voix, elle plie le match de la troisième place face à Jean-Luc Mélenchon avec le meilleur score jamais engrangé par le FN à une présidentielle. En deçà, une fois encore, de toutes les estimations. «Face à un président-sortant à la tête d’un parti affaibli nous sommes la seule opposition à la gauche laxiste et libertaire», a-t-elle lancé à ses partisans en fusion. «La vague bleue marine fait trembler le système. Des milliers de Français sont entrés en résistance. Ce n’est qu’un début», exulte-t-elle. Evidemment, la patronne du FN ne prendra parti pour aucun des deux candidats, cet «UMPS» qu’elle fustige et prend date pour l’après-présidentielle, avec l’éventuelle explosion du paysage à droite.
Jean-Luc Mélenchon
Lui aussi affichait le masque de la déception. Il espérait être le troisième homme de l’élection et flirter avec les 15%. Il en est loin avec ses 10,86%. A Stalingrad, il a tancé tous «ceux qui ont préféré nous tirer dessus plutôt que nous aider» dans la «bataille» contre le FN. «L’un imitait, l’autre ignorait», a-t-il regretté. Mais le leader du Front de gauche a toutefois appelé à voter Hollande, certes sans le nommer. Et «sans rien demander en échange». Réaliste, vu son score qui l’empêche de peser sur la campagne de Hollande. En janvier, le leader du Front de gauche aurait toutefois signé pour un score supérieur à 10%. Et dès dimanche il a pris date, non pas pour le 6 mai «où il veut battre Sarkozy» mais pour le 1er Mai, où il appelle ses troupes à être à côté des syndicats. Un avant goût de son rôle dans une future majorité de gauche?
François Bayrou
Auprès de ses militants, il avait du mal à cacher sa déception. 9,18% des voix, c’est en dessous du seuil symbolique des 10%, mais loin, très loin des 18,57% de 2007. Regrettant le score du FN , «le mal français est là», a-t-il insisté - le leader du MoDem dit vouloir une «politique nouvelle» avec «un gouvernement d’union nationale» pour sortir «la France de l’ornière». Le centriste, cette fois, devrait agir pour le second tour: «Je vais m’adresser aux deux candidats, j’écouterai leurs réponses, et je prendrai mes responsabilités.»
Eva Joly
L’écologiste, malgré une belle dernière semaine de campagne, n’a pas sauvé les meubles. Avec 2,15%, elle est dans les eaux basses de l’écologie politique, pas si loin des 1,57% de Dominique Voynet en 2007. La faute à la crise, a-t-elle dit, et à la «calomnie» visant sa personne. Mais même si elle a clairement appelé à voter Hollande le 6 mai, EELV ne pourra pas éviter une rapide remise en question. Car avec son faible score, les accords législatifs signés avec le PS apparaissent de plus en plus fragiles.
Philippe Poutou et Nathalie Arthaud
L’ouvrier de Ford n’aura jamais rivalisé avec Olivier Besancenot. Avec lui, le NPA n’obtient qu’1,22% des voix. Mais il sauve l’honneur puisqu’il fait le double du score de Nathalie, qui pour LO, a recueilli 0,61% des voix.
Jacques Cheminade
L’ovni du premier tour a obtenu 0,25% des voix, soit, plus de 71.000 voix, selon 80% des bulletins dépouillés. Anecdotique mais c’est moins qu’en 1995, où il avait obtenu 0,28% des voix.
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