Présidentielle 2012. François Hollande en tête, talonné par Nicolas Sarkozy

POLITIQUE Marine Le Pen a le sourire quand Jean-Luc Mélenchon et François Bayrou affichent leur déception: tous les résultats du premier tour...

Maud Pierron
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Montage photo de François Hollande, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen.
Montage photo de François Hollande, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. — Mikael Libert/20 Minutes/SIPA

Forte mobilisation des Français, avec plus de 80 % de participation selon les dernières estimations.

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Le duel annoncé

Comme prévu, François Hollande et Nicolas Sarkozy se qualifient pour le second tour. Scénario idéal pour le socialiste qui vire en tête devant le président sortant, avec 27,97% des voix contre 26,86% d'après le dépouillement de près de 80% des bulletins, selon le ministère de l'Intérieur. Du jamais vu dans l’histoire de la Ve République. «Un désaveu» selon Aubry, «une sanction» pour François Hollande. Attention toutefois, être en tête au premier tour ne signifie pas la victoire au second, rappelle l’UMP en tentant de se rassurer: Mitterrand en 1974, Giscard en 1981 et Jospin en 1995 s’en souviennent.

La surprise Le Pen

«Troisième femme» du scrutin, elle obtient le meilleur score jamais engrangé par le FN à une présidentielle, avec 19,03% des voix. En deçà, une fois encore, de toutes les estimations. «Face à un président-sortant à la tête d’un parti affaibli nous sommes la seule opposition à la gauche laxiste et libertaire», a-t-elle lancé à ses partisans en fusion. «La vague bleue marine fait trembler le système. Des milliers de Français sont entrés en résistance. Ce n’est qu’un début», exulte-t-elle. Evidemment, la patronne du FN ne prendra parti pour aucun des deux candidats, l’«UMPS» qu’elle fustige mais ses électeurs, et leur vote au second tour, seront «la clé» de l'élection.

Bayrou s’écroule

Déception pour le centriste qui ne passe pas le seuil des 10 %, à 9,18% des voix, loin, très loin des 18,57 % de 2007. Regrettant le score du FN, «le mal français est là» — le leader du MoDem dit vouloir une «politique nouvelle» avec «un gouvernement d’union nationale». Et d’assurer, en forme d’appel du pied: «Je vais m’adresser aux deux candidats, j’écouterai leurs réponses, et je prendrai mes responsabilités». Une initiative semblable à celle d’Arnaud Montebourg lors des primaires socialistes.

Mélenchon moins bien que prévu

Il espérait être le troisième homme de l’élection et flirter avec les 15 %. Il en est loin avec ses 10,86%. Fustigeant tous «ceux qui ont préféré nous tirer dessus plutôt que nous aider» dans la «bataille» contre le FN, «honte à eux», a-t-il tonné, lâchant, à l’intention de Sarkozy et Hollande «l’un imitait, l’autre ignorait». Le leader du Front de gauche a toutefois appelé à voter Hollande, certes sans le nommer. Et «sans rien demander en échange». Réaliste, vu son score qui l’empêche de peser sur la campagne de Hollande. A relativiser toutefois car en janvier, Mélenchon aurait signé des deux mains pour faire ce score.

Des petits candidats qui restent petits

Les cinq derniers candidats totalisent à peine plus de 6% des voix. Eva Joly est à 2,15% des voix. Elle sauve l'honneur en prenant la tête des «petits» mais c'est un désaveu terrible pour l'écologiste. Elle est talonnée par Nicolas Dupont-Aignan, avec 1,86% des voix. A l'extrême gauche, Philippe Poutou du NPA (1,22%) prend le dessus sur Nathalie Arthaud (0,61%). Jacques Cheminade est bon dernier avec 0,25% des voix. Moins bien qu'en 1995, où il avait obtenu 0,27%.

Et maintenant?

«Rien n’est acquis», clament tous les ténors du PS et de l’UMP. «Une nouvelle campagne commence», selon Alain Juppé. Qui repartira sur des bases droitières pour Sarkozy car les réserves de voix des électeurs FN sont indispensables à sa réélection. Il a d’ailleurs commencé dès dimanche, assurant comprendre ce «vote de crise», citant «les frontières», «la sécurité» et «l’immigration» comme source d’«angoisse» de ces électeurs qui pour l’instant se reportent mal sur son nom. Et assurant que la «préservation du mode de vie des Français» est «la question centrale de cette élection». Offensif et très acclamé par ses supporters, il a réclamé à Hollande «trois débats», «sans faux-fuyant» car «les Français ont droit à la vérité». Initiative déclinée par le socialiste qui se pose en candidat «le mieux placé pour devenir le prochain Président». Avec le faible score de Mélenchon, il a les mains libres pour l’entre deux tours, où il devrait toujours surfer sur l’antisarkozysme. «Ce soir je deviens, par le vote des Français, le candidat de toutes les forces qui veulent clore une page et en ouvrir une autre où tous les atouts de la France seront mobilisés», a-t-il lancé depuis Tulle, où il a salué Jean-Luc Mélenchon et Eva Joly.