Présidentielle: La nouvelle mode des meetings en plein air

POLITIQUE Cette manière de réunir ses partisans n'a que des avantages pour les candidats...

Alexandre Sulzer avec Maud Pierron
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François Hollande en meeting à Montpellier le 29 mars 2012.
François Hollande en meeting à Montpellier le 29 mars 2012. — C. ENA / AFP

Ça a commencé timidement avec les stand-up d’Arnaud Montebourg pendant les primaires socialistes. Depuis, les meetings de plein air et en pleine ville se sont multipliés. Ils sont l’une des seules innovations de la campagne 2012. François Hollande en est le plus friand, lui qui en a fait une dizaine depuis son premier, le 13 mars, à Valence. Jeudi, c’est au tour de Jean-Luc Mélenchon d’investir la place du Capitole à Toulouse après le coup de force à la Bastille le 18 mars dernier. Nicolas Sarkozy a, de son côté, appelé «tous ceux qui se retrouvent» dans ses idées à se réunir «par milliers» place de la Concorde le dimanche 15 avril. Jour où François Hollande tiendra le sien sur l’esplanade du château de Vincennes.

Le socialiste confiait la semaine dernière aimer ces «petites réunions spontanées», qui lui permettent d’avoir un «style plus relâché» et de mobiliser dans toute la France puisqu’il ne s’interdit pas d’en faire deux par jour, comme mercredi, à Blois puis à Tours. D’être plus court aussi, de refaire dans l’humour et le participatif pour «taper» Nicolas Sarkozy. «Cela permet à François Hollande d’être dans une relation plus directe avec les Français et de rassembler un public plus large, plus mêlé, car il y a une dimension conviviale qu’on ne retrouve pas dans les meetings», explique Bernard Cazeneuve depuis Narbonne, où François Hollande s’adonne encore à sa nouvelle passion jeudi à la mi-journée. C’est, dit-il, «une tradition ancrée à gauche» de faire des réunions publiques en plein air, et François Mitterrand, lorsqu’il était premier secrétaire du PS, les multipliait dans les fédérations. Preuve en est que François Hollande ne copie pas simplement Mitterrand pour sa gestuelle…

Exposition médiatique réduite, comme les coûts

«L’avantage des meetings en plein air, c’est avant tout un coût réduit », explique Thierry Saussez, un spécialiste de la communication politique qui avait déjà organisé pour Jacques Chirac en 1988 un meeting place de la Concorde -«le nom du lieu est un programme électoral en soi», s’amuse-t-il. Un intérêt financier confirmé dans l’entourage de Nicolas Sarkozy et François Hollande. «Avec les chaînes d’info en continu et l’interdiction de la publicité politique, les grandes foules prennent une place inédite dans la campagne, analyse Thierry Saussez. Les placer dans des lieux familiers, au cœur de la cité, a tout son sens.»

«La politique, ce n’est pas quelque chose de triste», glisse Pascale Le Néouannic, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon. L’animation musicale et les slogans inventés par les militants contribuent à apporter un «côté festif». Comme dans une manifestation. Ce n’est pas un hasard de ce côté-ci de l’échiquier politique. «La campagne est une lutte sociale, la symbolique du pavé est donc importante», assume Pascale Le Néouannic. Autre avantage, selon le Front de gauche: un meeting en plein air évite la coupure entre les militants dans une salle et ceux contraints de suivre une réunion à l’extérieur sur des écrans géants. «Tout le monde est ensemble, il y a une véritable communion.»

Plus simple de mentir sur l’affluence?

«Ça permet surtout de raconter n’importe quoi sur l’affluence puisqu’on ne peut pas compter», raille-t-on dans l’entourage de François Bayrou. Le candidat centriste n’entend pas céder à la mode des meetings en plein air. «C’est à qui aura sa plus grosse Bastille, déplore-t-on au MoDem. L’obsession de la forme masque l’ignorance sur le fond.» Au FN non plus, les meetings à l’extérieur ne sont pas envisagés. Un proche de Marine Le Pen glisse que le projet avait été envisagé pour l’un des derniers rassemblements avant le premier tour, à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Avant d’être abandonné. «Vous connaissez le temps qu’il fait dans la région… »

Au Front de gauche, la prochaine étape est un rassemblement sur la plage du Prado à Marseille le 14 avril. Dans l’entourage de Jean-Luc Mélenchon, on prend soin de préciser qu’il s’agira d’une fin de manifestation qui pourrait se prolonger fortuitement, faute d’un accord en bon et due forme de la mairie pour un meeting. Mais d’autres idées émergent déjà. Le meeting du 19 avril porte de Versailles devraient être retransmis sur écrans géants à Montpellier et à Rennes. En plein air.

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