Troisième homme pour quoi faire?

POLITIQUE Troisième de la présidentielle, une place enviée mais à négocier...

Maud Pierron
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Montage des principaux candidats à l'élection présidentielle (de gauche à droite: Marine Le Pen (FN), Nicolas Sarkozy (UMP), François Bayrou (MoDem), François Hollande (PS) et Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche))
Montage des principaux candidats à l'élection présidentielle (de gauche à droite: Marine Le Pen (FN), Nicolas Sarkozy (UMP), François Bayrou (MoDem), François Hollande (PS) et Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche)) — 20 Minutes

Marine Le Pen, François Bayrou, Jean-Luc Mélenchon…Ils rêvent d’une qualification pour le second tour mais se (ra)battent plus sûrement pour la troisième place d’une présidentielle dominée par François Hollande et Nicolas Sarkozy. Gare toutefois à bien négocier le virage de l’entre-deux-tours pour faire fructifier ce butin électoral.

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Car pour peser, il faut d’abord rabattre. «Une troisième place n’a d’intérêt que si l’on se désiste au profit d’un des deux», explique Paul Bacot, auteur de Les mots des élections, aux Presses universitaires du Mirail. Un Jean-Luc Mélenchon troisième, avec d’excellents reports de voix en faveur de François Hollande, monnaiera cher son ralliement. François Bayrou, à la même place, sera courtisé par un Nicolas Sarkozy en manque de réserve de voix. Quant à Marine Le Pen, ce seront plus certainement ses électeurs qui seront dragués.

Un second tour compliqué dans tous les cas

«Une troisième place influe sur les législatives, sur la constitution d’un gouvernement, sur le financement de la vie politique [la dotation publique des partis vient du nombre de députés élus et de voix recueillies, Ndlr]», rappelle le politologue Paul Bacot. Au PS, par exemple, à mesure que la cote de Mélenchon augmente, l’hypothèse Aubry à Matignon se renforce. «Si on reste à ce niveau, il y aura une répercussion inévitable sur les législatives. On deviendra une force incontournable et cela mettra fin au bipartisme», anticipe Eric Coquerel, conseiller de Jean-Luc Mélenchon qui rappelle que, «pour l’instant, aucun accord n’est signé avec le PS» et qu’une participation à un éventuel gouvernement n’a rien d’acquis. Bayrou, lui, refuse désormais de confirmer qu’il fera un choix au second tour.

«Pour Hollande comme pour Sarkozy, le second tour sera très compliqué, analyse Rémi Lefebvre, politologue à Lille. Sarkozy devra trouver des réserves de voix et Hollande devra rassembler la gauche, avec un Mélenchon demandant des gages, tout en l’élargissant».