Présidentielle: Sarkozy met la barre à droite en défendant la «République forte»

CAMPAGNE Le président a repris à son compte les propos de Guéant, proposé l'étiquetage de la viande halal, et accusé Hollande de «cynisme» pour ses propositions fiscales...

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Nicolas Sarkozy lors d'un meeting de campagne à Bordeaux, le 3 mars 2012.
Nicolas Sarkozy lors d'un meeting de campagne à Bordeaux, le 3 mars 2012. — AFP PHOTO / LIONEL BONAVENTURE

Nicolas Sarkozy a défendu ce  samedi une vision de la «République forte» qui fait respecter l'autorité  de la loi, sanctionne les délinquants, préserve l'identité nationale et  combat le clientélisme.

Pour son cinquième meeting de campagne, le président-candidat, qui  s'exprimait devant 8.000 personnes réunies dans un hall du parc des  expositions de Bordeaux, s'en est aussi pris à son adversaire  socialiste, François Hollande, accusé de «cynisme» au sujet de ses  propositions fiscales.

Des propositions  manifestement destinées à la frange la plus à droite de l'électorat

Abordant les questions régaliennes pour la première fois depuis son  entrée en campagne le 15 février, il a développé des propositions  manifestement destinées à la frange la plus à droite de l'électorat  qu'il avait su séduire en 2007 mais qui est aujourd'hui repartie vers le  Front national.

Signe de cette volonté, il a repris à son compte des prises de  position controversées de son ministre de l'Intérieur, Claude Guéant,  sur les civilisations qui ont irrité la communauté musulmane et celles,  développées vendredi, sur les dangers du vote des étrangers aux  élections locales.

Pour Nicolas Sarkozy, la République «demande à chacun de prendre en  partage des valeurs, une histoire, une culture, une langue le Français,  un mode de vie, et même une idée de la civilisation qui est pour nous  incompatible avec l'inégalité entre les hommes et les femmes». Il a enfoncé le clou en défendant la laïcité, présentée comme «notre  façon à nous, les Français, de distinguer le spirituel et le temporel». «C'est une affaire de civilisation, la nôtre», a-t-il poursuivi.

Le droit de vote des étrangers serait «porter atteinte à  la République»

À propos du droit de vote des étrangers aux élections locales  proposé par le Parti socialiste, il a estimé, en reprenant les  déclarations de Claude Guéant, que cela reviendrait à «porter atteinte à  la République (...) ouvrir la voie au vote communautaire (...) mettre  les maires sous la menace du chantage communautaire».

A l'appui de ses propos, le ministre de l'Intérieur avait invoqué le  risque que des conseillers municipaux étrangers ne rendent obligatoire  la nourriture halal dans les cantines scolaires, ce que le chef de  l'Etat a dénoncé en termes similaires.

S'il a condamné la polémique lancée par la présidente du FN, Marine  Le Pen, sur l'importance croissante de la viande halal dans la  distribution, il a néanmoins reconnu «à chacun le droit de savoir ce  qu'il mange, halal ou non», pour souhaiter l'étiquetage des viandes «en  fonction de la méthode d'abattage». Il a poursuivi en stigmatisant les positions du PS sur l'immigration  pour estimer qu'il fallait mettre des conditions au regroupement  familial.

«Honte à ceux qui se sont joints aux séparatistes basques», jeudi

Nicolas Sarkozy a entamé son discours en revenant sur les incidents  de Bayonne (Pyrénées Atlantiques), jeudi, où sa visite a été perturbée  par des nationalistes basques et des militants socialistes. «Honte à ceux qui se sont joints aux séparatistes basques, petite  minorité animée d'une haine aveugle contre la France et prête à tout»,  a-t-il déclaré, «honte à ceux qui considèrent qu'une campagne électorale  doit être une succession de guets-apens et de coups bas».

Il a évoqué également les questions de justice, pour ajouter deux  propositions aux dernières mesures qu'il a mises en oeuvre comme  président: une remise à plat de la justice des mineurs, dont une des  priorités doit être «l'obligation de réparer le dommage causé», et la  possibilité pour les victimes de faire appel pour «les décisions  d'assises, la détention provisoire et l'exécution des peines».

Il a invoqué le «devoir» qu'est à ses yeux la continuité du service  public pour estimer que le service minimum dans les transports en  commun, à l'école et dans le transport aérien était un «principe  républicain». Accusant sans le nommer le PS de ne pas vouloir contrarier sur ce  point «la clientèle» des syndicats, notamment les syndicats  d'enseignants, il a déclaré que «saboter le service public, c'est un  scandale qui mérite des sanctions exemplaires».

Nicolas Sarkozy a enfin dit voir «la lutte des classes» derrière la  proposition de François Hollande de taxer à 75% la part des revenus qui  dépasserait le million d'euros annuel. «Quand on propose un taux d'imposition de 75% pour faire payer les  riches et que l'on explique le lendemain: "Cela  -je cite- n'a pas  vocation à rapporter un seul euro au budget de l'État", je dis que c'est  du cynisme, je dis que c'est une tartufferie et ceux qui disent ceux-là  sont des tartuffes.»