Yves Cochet: «Ouvrir une nouvelle page»
INTERVIEW Le député de Paris et soutien de Nicolas Hulot estime que les amis de l'ex-animateur doivent participer à la campagne d’'Eva Joly...
Nicolas Hulot est le grand absent de ces Journées d’été. Etes-vous déçu?
Oui, certainement. On comprend qu’il ait pu hésiter, qu’il se soit dit que ça nuirait à Eva Joly. Mais j’aurais voulu qu’il vienne ici pour dire: «Je suis avec vous, je ne dirai pas un mot négatif sur Eva Joly, la primaire c’est fini, on passe à autre chose». Il aurait pu venir pour influencer la campagne d’Eva Joly. Les débats sur la dette, c’est bien, Eva Joly a fait une interview sur l’économie, c’est bien. Mais ce n’est pas comme ça qu’on positionne la campagne sous l’angle de l’écologie. Nous, les amis de Nicolas Hulot, nous voulons influencer lourdement la campagne d’Eva. J’y participerai d’une manière ou d’une autre. Je ne veux pas de titre officiel, je ne veux pas être dans l’organigramme. Mais nous devons être présents autour d’Eva pour représenter symboliquement le rassemblement. Il faut que son équipe représente la diversité de l’écologie.
Les soutiens de Nicolas Hulot se réunissent ce jeudi soir. S’agit-il d’une thérapie de groupe?
Il s’agira de débriefer, de dire ce qui a marché et ce qui n’a pas marché, comprendre pourquoi on a échoué. En fait, cette réunion, c’est un peu comme un rituel pour acter la fin de la phase de la primaire, et ouvrir une nouvelle page. Il faut rebondir et regarder vers l’avant, au sein d’un collectif. En réalité, c’est Nicolas Hulot le plus affecté, le plus blessé. C’est un sensible, un affectif. Moi, je suis un blindé de la politique. J’ai fait 19 élections, j’ai connu 14 défaites amères…
Nicolas Hulot ne serait donc pas un politique?
Il y a une interrogation à ce sujet, c’est vrai. Il dit que la greffe n’a pas pris, mais on peut se demander dans quel sens elle n’a pas prise. Il dit qu’il veut continuer mais il ne sait pas comment ni sous quelle forme. Il réfléchit beaucoup.
Daniel Cohn-Bendit, lui, s'interroge sur l'opportunité d'une candidature écolo et préfererait un vrai accord électoral avec le PS...
Dany, je l’adore. C’est un emmerdeur utile, il vient pour nous insulter (rires). Mais il doit prendre conscience qu’il nous déborde sans arrêt. Il pourrait être pour une fois dans une position légitime vis-à-vis du parti. Dany n’a jamais fait de scrutin uninominal à deux tours, il ne sait pas ce que c’est de gagner avec 51%. Et en parlant tout le temps d’un groupe parlementaire, il fait une faute politique. Un groupe parlementaire, c’est 15 députés. Nous, on doit en revendiquer 60. Il faut un rapport de force, ça passe par la présidentielle. Compter sur la générosité du PS, c’est d’une naïveté! Il faut au contraire un rapport de force très dur: c’est soit un accord sur le fond et un accord législatif, soit rien, on sera contre le PS dans toutes les circonscriptions. On n’a pas à avoir le syndrome du petit frère vis-à-vis du PS. Le PS a une dette vis-à-vis de nous, il la paiera chèrement.
Europe-Ecologie-Les Verts fête ses neuf mois, quels sont les prochains défis?
Au-delà des échéances électorales que nous devons réussir, le principal défi du parti, c’est d’acquérir une image de crédibilité et de sérieux. Que les Français pensent que l’écologie politique, c’est l’avenir de la France. On a un peu cette crédibilité au niveau local, mais au niveau national, on est loin du compte. D’un parti qui a les solutions pour résoudre les problèmes du quotidien des Français.