Législatives 2022 : Où sont les points chauds à Paris et en Ile-de-France ?

PASSAGE EN REVUE Ce serait un exploit si LREM et ses alliés parvenaient à conserver toutes les circonscriptions parisiennes et franciliennes acquises en 2017 lors des élections législatives, ce dimanche et le 19 juin

Guillaume Novello avec Rachel Garrat-Valcarcel
Les panneaux électoraux pour les législatives dans la 11e circonscription de Paris.
Les panneaux électoraux pour les législatives dans la 11e circonscription de Paris. — Francois Mori/AP/SIPA
  • En 2017, LREM et ses alliés étaient parvenus à faire de l’Ile-de-France leur pré carré à la faveur de la dynamique Macron et de la division de la gauche.
  • Cinq ans plus tard, ce n’est plus la même salade. L’étiquette Macron, si elle reste porteuse, ne l’est plus autant, et l’union à gauche devrait permettre à Nupes de récupérer des circonscriptions perdues en 2017, notamment à Paris et en Seine-Saint-Denis.
  • Certains ministres candidats se retrouvent ainsi dans une situation délicate, comme Clément Beaune dans la 7e circonscription de Paris ou encore Amélie de Montchalin, dans la 6e de l’Essonne.

Le camp présidentiel sera sur la défensive pour les prochaines législatives en Ile-de-France, pour le 1er tour ce dimanche et le 2nd le 19 juin. Principalement parce que LREM et ses alliées avaient quasiment tout raflé en 2017 avec 13 députés sur 18 à Paris, 10 sur 13 dans les Hauts-de-Seine et même 11 sur 12 dans les Yvelines. Il sera donc difficile pour le parti présidentiel de faire mieux. Faire aussi bien sera déjà une victoire puisque l’opposition est plus solide qu’il y a cinq ans, notamment avec l’union de la gauche. Le RN est lui globalement cantonné à de faibles scores dans la région tandis que LR est dans l’inconnu après le score catastrophique de Valérie Pécresse à la présidentielle. Allez, on vous emmène dans un tour d’Ile-de-France des circonscriptions à surveiller.

Paris

Dans la capitale, sont quasi assurés de rempiler, pour LREM, Sylvain Maillard (1re)*, Gilles Legendre (2e), ancien président du groupe LREM à l’Assemblée, Olivia Grégoire (12e), porte-parole du gouvernement, et Danièle Obono pour Nupes (17e). L’union de la gauche devrait pouvoir reprendre sans trop de difficultés les circonscriptions 5, 6, 9 et 16 où sont donc respectivement bien placés, Julien Bayou, patron d'EELV, Sophia Chikirou, conseillère de l’ombre de LFI, Sandrine Rousseau (EELV) et Sarah Legrain. Ça risque d’être moins facile que prévu pour Stanislas Guérini, le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, qui se représente face à Léa Balage El Mariky (Nupes) dans la 3e circonscription où la gauche a cumulé près de 41 % des voix au premier tour de la présidentielle contre 37 % pour Macron.

Danielle Simonnet, Sandrine Rousseau et Sarah Legrain croient en la victoire de la gauche aux prochaines législatives.
Danielle Simonnet, Sandrine Rousseau et Sarah Legrain croient en la victoire de la gauche aux prochaines législatives. - ISA HARSIN/SIPA

Ce sera très serré dans la 7e circonscription pour le ministre chargé de l’Europe, Clément Beaune, qui affronte la Nupes Caroline Mécary et où Mélenchon a fait 31,3 % des votes au premier tour contre 36,4 % pour Macron. La députée LREM Laetitia Avia sera également sous pression dans la 8e, tout comme Pierre-Yves Bournazel dans la 18e où il affronte le médiatique Aymeric Caron pour Nupes. Les 10e et 11e circonscriptions pourraient, quant à elles, basculer à gauche en cas de forte poussée Nupes. A noter que dans la 11e, la candidate d’union de la gauche n’est autre qu’Olivia Polski, adjointe en charge du commerce et réputée proche d'Anne Hidalgo. Une autre proche de la maire, Lamia El Aaraje, se présente en dissidente face à Danielle Simonnet (LFI) dans la 15e circonscription. Enfin LR tentera de conserver la 4e et la 14e circonscriptions, qui correspondent peu ou prou au 16e arrondissement et dont le maire Francis Szpiner est candidat dans la 14e.

Essonne

Dans le département, LREM va tenter de récupérer la 5e circonscription où le député Cédric Villani a viré à gauche, ce qui est plutôt rare dans la vie politique, à part peut-être François Mitterrand. Le roi de l’algèbre sera candidat à sa réélection sous la bannière Nupes mais aura face à lui Paul Midy, ancien directeur de campagne de Benjamin Griveaux et Agnès Buzyn aux dernières municipales de Paris. Mais ce ne sera pas facile puisqu’au premier tour de la présidentielle, la gauche totalise autant que Macron (environ 36 %). Dans le camp d’en face, ce ne sera pas évident non plus pour Amélie de Montchalin, ministre de la Transition écologique, dans la 6e circonscription. Elle y affronte Jérôme Guedj, déjà député du coin donc bien implanté et surtout dans une circonscription où Mélenchon a fait mieux que Macron. Par ailleurs, Nupes peut espérer récupérer les 1re et 9e circonscriptions tandis que Nicolas Dupont-Aignan tentera de préserver le seul siège francilien de la droite souverainiste (8e).

Amélie de Montchalin devra se méfier de Jérôme Guedj (Nupes) si elle veut conserver son portefeuille de ministre de la Transition écologique.
Amélie de Montchalin devra se méfier de Jérôme Guedj (Nupes) si elle veut conserver son portefeuille de ministre de la Transition écologique. - PATRICK GELY/SIPA

Hauts-de-Seine

Terrain favorable pour Ensemble (LREM et ses alliés) d’autant que Constance Le Grip élue en 2017 sous l’étendard LR (6e) se représente mais aux couleurs de LREM tandis que Thierry Solère (9e) est passé au service de Macron quelques années plus tôt. Les Républicains vont donc avoir du mal à obtenir ne serait-ce qu’un siège dans ce département où autrefois ils régnaient en maîtres. La gauche devrait conserver la 1re circonscription et pourrait faire basculer les 11e et 7e.

Constance Le Grip a choisi de quitter LR pour un camp plus prometteur, LREM.
Constance Le Grip a choisi de quitter LR pour un camp plus prometteur, LREM. - Jacques Witt/SIPA

Seine-Saint-Denis

Le paradis ou presque pour Nupes puisque tout l’état-major de LFI devrait pouvoir rempiler, à savoir Alexis Corbière (7e), Eric Cocquerel (1re), Clémentine Autain (11e) ou encore Bastien Lachaud (6e). Nupes devrait aussi pouvoir récupérer les 3, 8 et 12e circonscriptions détenues par Ensemble. Enfin, Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, parviendra-t-il à conserver son siège dans la 5e circonscription ? Un scrutin à suivre car se dresse face à lui l'avocate cathodique Raquel Garrido pour Nupes.

Eric Coquerel, Clémentine Autain, Alexis Corbière, Raquel Garrido, Aurélie Trouvé et Thomas Portes sont tous candidats dans le 93.
Eric Coquerel, Clémentine Autain, Alexis Corbière, Raquel Garrido, Aurélie Trouvé et Thomas Portes sont tous candidats dans le 93. - ISA HARSIN/SIPA

Yvelines

Dans les Yvelines où LREM et le Modem avaient obtenu 11 sièges sur 12 avant une législative partielle (11e) remportée par LR en 2020 à la suite de la démission de Nadia Hai au moment de son entrée au gouvernement, on ne s’attend pas à de grands changements au vu des résultats de la présidentielle. La gauche pourrait en fait récupérer les deux circonscriptions détenues par LR, la 11e donc, où Benoît Hamon avait été élu député en 2012 et la 8e, autour de Mantes-la-Jolie, où Mélenchon a fait 37,9 % des voix au premier tour.

Yaël Braun-Pivet, la ministre des Outre-mer, devrait être assez facilement réélue dans la 5e circonscription des Yvelines.
Yaël Braun-Pivet, la ministre des Outre-mer, devrait être assez facilement réélue dans la 5e circonscription des Yvelines. - Jacques Witt/SIPA

Val-de-Marne

LREM et son allié Modem l’avaient emporté en 2017 dans 7 des 11 circonscriptions. Ce sera compliqué de toutes les conserver car Nupes pourrait bien récupérer la 2e, la 7e et la 11e où Mélenchon a, à chaque fois, fait plus que Macron à la présidentielle. Ce sera donc compliqué pour Roxana Maracineanu, ancienne ministre des Sports, qui affronte dans la 7e Rachel Keke pour Nupes. Pas évident non plus dans la 3e circonscription où Laurent Saint-Marin, tête de file LREM aux dernières régionales, ne part pas super favori face au jeune Louis Boyard dans une circonscription où Mélenchon a devancé Macron de 10 points.

Ça s'annonce compliqué pour Roxana Maracineanu dans la 7e circonscription du Val-de-Marne.
Ça s'annonce compliqué pour Roxana Maracineanu dans la 7e circonscription du Val-de-Marne. - Michel Euler/AP/SIPA

Val-d’Oise

Il sera compliqué pour Ensemble de rééditer le carton de 2017 avec 9 circonscriptions sur 10. En effet, dans quatre circonscriptions (5e, 8e, 9e et 10e), Mélenchon récolte plus de 35 % des voix au premier tour, dépassant même les 50 % dans la 8e. François Pupponi (MoDem) a donc du souci à se faire face à Carlos Martens Bilongo (Nupes). Enfin Aurélien Taché qui a effectué le même transfert que Cédric Villani devrait pouvoir rempiler sans trop de difficultés dans la 10e circonscription.

Transfuge de LREM, Aurélien Taché sera candidat Nupes dans le Val-d-Oise.
Transfuge de LREM, Aurélien Taché sera candidat Nupes dans le Val-d-Oise. - ISA HARSIN/SIPA

Seine-et-Marne

Ensemble pourrait bien réussir à conserver ses cinq sièges même si ce sera difficile dans la 10e circonscription face à l’union de la gauche. Olivier Faure, patron du PS, devrait être réélu tranquillement dans la 11e circonscription. A surveiller le vote RN dans un département où Marine Le Pen a récolté pas mal de voix, devançant même Emmanuel Macron au second tour dans la 4e circonscription. Celle de Christian Jacob, patron de LR, qui ne se représente pas et laisse la main à Isabelle Périgault. Pas évident comme baptême du feu.

Fort du soutien de la gauche unie, Olivier Faure devrait être réélu sans trop de problèmes.
Fort du soutien de la gauche unie, Olivier Faure devrait être réélu sans trop de problèmes. - ISA HARSIN/SIPA

* Pour des facilités de lecture, la circonscription sera simplement désignée par son numéro