Législatives à Paris : La Nupes agacée par le « buzz antidémocratique » des deux Sandrine Rousseau

HOMONYMIE Deux candidates homonymes, Sandrine Rousseau, se présentent aux législatives dans la 9e circonscription de Paris. La Nupes voit rouge à cause de « ce coup médiatique » du Mouvement Ruralité

Marin Daniel-Thézard
Sandrine Rousseau, dans l'emission politique Elysee 2022
Sandrine Rousseau, dans l'emission politique Elysee 2022 — ISA HARSIN/SIPA
  • Sandrine Rousseau, candidate Nupes, enrage contre le Mouvement Ruralité qui a investi une homonyme face à elle dans la 9e circonscription de Paris (13e arrondissement).
  • Le parti de la ruralité admet profiter de la notoriété de l’ex-candidate à l’investiture EELV à la présidentielle, mais demande un débat sur le fond.
  • Les électeurs reconnaissant le manque de « fair-play » de LMR mais soulignent le parachutage des deux candidates.

Alors que les élections législatives approchent à grand pas, 1er tour le 12 juin, une situation inédite est apparue dans la 9e circonscription de Paris. Dans la liste des 13 candidats à l'Assemblée nationale, le nom de Sandrine Rousseau apparaît à deux reprises. Une erreur administrative ? Non ! Il s’agit bien de deux candidates homonymes. La première se présente sous les couleurs de la Nouvelle union populaire écologique et sociale ( Nupes), tandis que la seconde défend les idées du Mouvement Ruralité (LMR). Si la situation pourrait faire sourire, elle est prise bien au sérieux par les deux candidates, et par leurs électeurs.

Interrogée par 20 Minutes, Sandrine Rousseau (Nupes) apparaît passablement agacée par l’affaire. Pour elle, le 13e arrondissement n’est pas une circonscription dans laquelle les préoccupations du Mouvement Ruralité se fixent. « Il n’y a pas d’enjeux de chasse, ni de ruralité, ni de pêche, ni de tradition dans le 13e », déclare-t-elle, faisant référence à l’ancien nom du parti. La candidate écoféministe qui a débuté sa campagne auprès des habitants de la 9e circonscription déplore cette démarche car elle contribue selon elle à « prendre les électeurs pour des imbéciles », dans le seul but de « créer un buzz antidémocratique ».

La candidate Nupes dénonce une pratique qui consiste uniquement à « apporter le trouble » dans la campagne législative. La présentation de cette homonyme déplacerait le débat loin des revendications des citoyens qu’elle veut représenter. « Moi, je fais campagne pour les habitants du 13e arrondissement » assure-t-elle, tandis que son opposante « n’y mettra même pas les pieds ».

« Nous en avons assez qu’on oppose les citadins aux ruraux »

« Bien sûr, c’est un coup médiatique pour mettre en valeur nos idées et propositions », admet Jérôme Juvigny, chargé de communication du Mouvement Ruralité. Si le « coup » a fonctionné au-delà de leurs attentes, cela ne rend pas leurs intentions mauvaises. « On veut mettre en avant une union des Français. Nous en avons assez qu’on oppose les citadins aux ruraux », poursuit-il. Alors pour que les villes entendent ce message, il est nécessaire de présenter des élus dans des circonscriptions comme celle du 13e arrondissement.

« Nous sommes traités de poutinistes et de fascistes par sa garde rapprochée », déplore Jérôme Juvigny, répondant aux accusations d’acte antidémocratique assénées par son adversaire. « La démocratie, c’est l’expression. Le fait d’atteindre le point Godwin aussi rapidement sans passer par le débat, c’est ça, l’acte antidémocratique », avance-t-il. « Mme Rousseau [Nupes] n’est pas dans la tête de Sandrine [LMR] », car cette dernière le lui a assuré « si je suis élue, j’assumerai mes responsabilités ».

« Jouer sur le nom, c’est un peu prendre les électeurs pour des idiots »

Dans la circonscription, personne n’est dupe. Chacun sait que la candidature de Sandrine Rousseau LMR relève plus d’une stratégie politique basée sur le « buzz » que d’une réelle volonté de représenter les habitants du 13e arrondissement à l’Assemblée nationale. Mais cette pratique soulève pour eux la question du « parachutage » des candidats. « Quel que soit le parti, ils le sont tous », souffle l’un. Une jeune électrice est convaincue que « quelqu’un qui vient d’arriver dans le quartier ne peut pas connaître les problèmes de ses habitants ».

Concernant la querelle entre les deux Sandrine Rousseau, une cinquantenaire appuie les paroles de celle investie par la Nupes : « Jouer sur le nom, c’est un peu prendre les électeurs pour des idiots. Ce n’est pas fair-play en tout cas. » Elle tempère néanmoins les accusations de la Nouvelle union « la comparaison avec Poutine est peut-être de trop ». Pour elle, il s’agit davantage d’un mouvement politique « opportuniste » pour glaner de l’attention.