Présidentielle 2022 : Le plan Marseille en grand d'Emmanuel Macron, un argument de campagne ?

ELECTIONS Emmanuel Macron sera ce samedi en meeting à Marseille au Pharo, là même où, en septembre dernier, il avait fait d'importantes annonces pour la ville

Mathilde Ceilles
Emmanuel Macron lors de la présentation de son plan Marseille en grand
Emmanuel Macron lors de la présentation de son plan Marseille en grand — Guillaume Horcajuelo/AP/SIPA
  • Emmanuel Macron tiendra ce samedi un meeting à Marseille, au palais du Pharo.
  • Un choix très symbolique puisque c’est de là qu’il y a quelques mois, le président de la République avait fait des annonces pour la deuxième ville de France.
  • Certains chez les soutiens marseillais du chef de l’Etat depuis brandissent ce plan comme un argument à la réélection d’Emmanuel Macron

La même scène va se rejouer, dans le même lieu, quelques mois plus tard, avec les mêmes personnages. A un détail près, qui n’en est pas un : lorsque Emmanuel Macron foulera la pelouse du jardin du palais du Pharo à Marseille ​ce samedi, surplombant ainsi le Vieux-Port, il ne viendra pas comme président de la République… mais comme candidat à sa réélection, à quelques jours d’un second tour qu’on promet serré.

« Il y a une symbolique assez forte dans le choix de ce lieu, reconnaît Pascal Chamassian, responsable de la communication de la majorité présidentielle dans les Bouches-du-Rhône. C’est plus que subliminal. » En septembre dernier, Emmanuel Macron annonçait ici même son plan Marseille en grand, qui permettait, a l’aide de milliards d’euros promis, de développer écoles, transports et autres lacunes que la deuxième ville de France accumule depuis des décennies.

Quid du plan Marseille en grand ?

Un plan qui se voulait à l’époque dénué de tout calcul électoral… jusqu’à ce qu’une déclaration d’une de ses ministres ne sème le trouble. La semaine dernière, devant une poignée de journalistes dont 20 Minutes Marseille, la ministre de la ville Nadia Hai se voulait catégorique. « Si le président n’est pas réélu, il n’y aura plus de Marseille en grand, affirme l’élue de Trappes. Que cela soit avec l’extrême-gauche ou avec l’extrême droite, il n’y aura pas de continuité républicaine. »

De là à faire de ce plan un argument électoral, dans une ville qui a placé en tête des suffrages Jean-Luc Mélenchon ? « C’est juste factuel, quand on sait la construction des finances publiques, affirme la députée LREM de Marseille Claire Pitollat. Chaque année, on vote un budget. En décembre, on a sanctuarisé tout ce qui était relatif aux écoles et à la mobilité par exemple. Mais il reste d’autres pans de ce plan à intégrer. Il va s’échelonner sur dix bonnes années. Si le président n’est pas réélu, qu’est-ce qu’il en sera fait, du plan Marseille en grand ? »

« Il faut voter pour celui qui fait du bien »

« Je suis effaré qu’on n’ait pas plus parlé localement de ce plan dans cette campagne, lance Bruno Gilles, responsable du comité municipal Horizons Marseille. C’est un argument qu’il faut remettre en avant dans cet entre-deux-tours. A un moment donné, il faut aussi appeler à un vote égoïste. Il faut voter pour celui qui fait du bien ! Le président de la République a dit qu’il aimait Marseille. Il apporte des financements. Alors soyez égoïste ! Pensez à vous ! Je ne suis pas sûr que d’autres présidents de la République en feraient autant. Les précédents avaient de l’affection pour Marseille mais des oursins dans les poches. »

« Il ne faut pas voir les choses par le petit bout de la lorgnette, tempère Bertrand Mas-Fraissinet, référent LREM dans le département. En revanche, il est vrai que le plan Marseille en grand est illustratif d’une méthode du président de la République, qui a voulu faire de Marseille une ville laboratoire. » « Je pense aussi qu’Emmanuel Macron veut aller plus loin pour Marseille, s’il est réélu, pronostique Pascal Chamassian. C’est la première fois que l’Etat aide autant Marseille, mais cela s’est fait, j’en suis sûr, en dehors des calculs politiciens, au-delà des clivages politiques. »

« Le plan Marseille en grand donne un sens à une forme de dépassement politique qui est fort ancré dans l’ADN du président de la République, affirme le maire de secteur de Marseille Lionel Royer-Perreaut, qui a récemment rallié Emmanuel Macron. Donc ce plan, ça ne peut pas nous nuire. » Reste à savoir si cet argument convaincra les électeurs marseillais, notamment ceux, majoritaires, qui n’ont pas voté pour le chef de l’Etat. « Sur le terrain, on me parle plutôt de sécurité et de trafic de drogue… », note Lionel Royer-Perreaut.