Présidentielle 2022 : Les Jeunes avec Macron passés de « la conquête » à la frustration d’une campagne à un meeting
LES JEUNES AVEC Ils avaient entre 18 et 25 ans. En 2017, ces jeunes hommes et femmes ont milité en faveur d’Emmanuel Macron, futur vainqueur de l’élection présidentielle. « 20 Minutes » a retrouvé ces « Jeunes avec Macron ». A l’aune de la très courte campagne du président sortant, ils éprouvent de la nostalgie pour celle de 2017
- 20 Minutes se replonge dans le passé des quatre dernières campagnes présidentielles en retrouvant des jeunes militants dont le favori a été élu. Que reste-t-il de cette aventure ? Quelles sont les images marquantes ?
- Pour ce deuxième volet, nous avons interrogé des jeunes engagés pour Emmanuel Macron en 2017, et qui ont tous rempilé pour la nouvelle campagne du président sortant.
- Tous ont été marqués par la ferveur des meetings de 2016 et 2017, ce qui leur manque en 2022.
« "Parce que c’est notre projet", ça nous a tous marqués ». Marie Mouffokes, 17 ans en 2016, gardera « à jamais » le souvenir du discours enflammé d’Emmanuel Macron, le 10 décembre de cette année, porte de Versailles à Paris. On se souvient du candidat, les bras tendus vers le ciel ou le doigt pointé devant lui, hurlant devant plus de 10.000 personnes : « Ce que je veux, c’est que vous, partout, vous alliez le faire gagner, parce que c’est notre projet ! »
« Ce meeting est très représentatif de l’ambiance de cette campagne, se souvient-elle. Il y avait une ferveur incroyable, et c’était très jeune. En plus, quasiment à tous les meetings, je montais sur scène à la fin pour chanter La Marseillaise aux côtés d’Emmanuel Macron. J’étais vraiment au cœur, et quand on a 17 ans, cela laisse des souvenirs pour la vie. »
« Une campagne ascendante »
Ce meeting de la porte de Versailles, est-il le moment qui a fait basculer la campagne d’Emmanuel Macron en 2017 ? « C’était une campagne ascendante, et il y a eu plusieurs moments marquants, nuance le député Sacha Houlié, qui venait de lancer Les jeunes avec Macron dans la Vienne : il y a eu la grande marche, le meeting de la Mutualité, puis celui de la porte de Versailles qui a acté que l’on était capables de faire d’immenses rassemblements… Mais on a commencé vraiment à y croire au meeting de Lyon en février 2017. Là on s’est dit qu’on allait gagner. »
Ce n’était pourtant pas gagné d’avance. Mélissa Karaca, aujourd'hui coordinatrice des Jeunes avec Macron en Nouvelle-Aquitaine, et à la fac de droit de Bordeaux à l’époque, garde en mémoire les réflexions qu’elle se prenait par ses copains étudiants. « Au départ on me disait : "Mais tu vas pas soutenir Macron, quand même ? ". On l’étiquetait comme le futur "Président des riches", alors que moi, ce sont ses positions sur l'égalité des chances qui m'ont convaincues. Il y avait quelques tensions, même si à Bordeaux, ça allait, on n’était pas non plus en territoire hostile et je n’ai pas pris de tracts dans la figure. »
Hugo Libourel a rejoint En Marche en décembre 2016, à l’âge de 17 ans, alors qu’il était au lycée à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques). Lui, se souvient surtout des interrogations sur « l’absence de parti politique derrière le candidat ». « Beaucoup nous demandaient si ça valait vraiment le coup de voter pour lui, si finalement il n’obtenait aucune représentation à l’issue des législatives. Cela a changé aujourd’hui. »
« Dès le moment où je me suis inscrite, je me suis engagée à fond »
La plupart de ces jeunes baignaient déjà dans un contexte politisé au moment de leur engagement pour Emmanuel Macron. Le père de Marie Mouffokes était conseiller de Maxime Bonnot, ex-maire de La Rochelle (Charente-Maritime), un bastion socialiste. « A table, on parlait politique, et tous les étés, j’allais aux universités d’été de La Rochelle. » Elle a basculé vers Emmanuel Macron en raison « de ses prises de position sur la jeunesse, ça me parlait. »
Chez Hugo Libourel, on parlait beaucoup politique à la maison aussi. « Le débat pouvait même être parfois musclé ». Avant de créer Les Jeunes avec Macron, Sacha Houlié avait adhéré dès ses 17 ans aux jeunes socialistes.
Seule Mélissa Karaca s’est engagée en politique en même temps qu’elle rejoignait Emmanuel Macron. « Je ne baignais pas du tout dans la politique, mais dès le moment où je me suis inscrite, je me suis engagée à fond. J’ai commencé le terrain, puis j’ai pris des responsabilités au sein du mouvement. »
Cette année, « on est tous un peu frustrés »
Tous les quatre sont encore en première ligne pour cette nouvelle campagne. Même si elle n’a rien à voir avec celle de 2017. « On avait fait campagne un an, là on fera campagne un mois, résume Sacha Houlié. Nous étions dans la conquête en 2017, alors que là on a un bilan à défendre. » « Le contexte, la guerre en Ukraine, la crise sanitaire, est très particulier cette année, ajoute Marie Mouffokes. En plus de cela c’est un président sortant, ce n’est plus l’outsider de 2017. On est donc obligés de repenser notre manière de faire campagne. »
« En 2017, c’était moins bien organisé que cette année, pointe de son côté Hugo Libourel. Nous n’étions que deux parmi Les Jeunes avec Macron sur la côte basque, quand nous sommes une vingtaine cette fois-ci. »
Mais il est clair qu’ils ne retrouveront pas la ferveur des meetings de la précédente campagne. « On attend tous avec impatience celui du 2 avril, pour avoir quelques sensations qui nous rappellent 2017, positive Marie Mouffokes. Mais, oui, on est tous un peu frustrés de ne pas pouvoir vivre cela pleinement. »