Présidentielle 2022 : Sans se confronter, huit candidats égrènent sur TF1 leurs propositions
FAUX DEBAT Dans « La France face à la guerre », huit candidats à l’Elysée ont parlé à tour de rôle de l’Ukraine, du pouvoir d’achat et des retraites, mais sans faire de nouvelles annonces
A 26 jours du premier tour, c’est un débat qui a plutôt eu des airs de grand oral. Dans l’émission La France face à la guerre, huit des douze candidats à la présidentielle, dont Emmanuel Macron, ont confronté leurs idées lundi soir mais les uns après les autres, pour la première grande soirée électorale largement consacrée à la guerre en Ukraine.
Relations avec Vladimir Poutine, place de l’Europe, énergie, pouvoir d’achat, retraites : un à un, ils ont égrené dans une atmosphère policée leurs propositions, dans ce débat télévisé au format inédit où les candidats ne se sont jamais croisés ni ont échangé directement.
Macron pose ses conditions
Les adversaires d’Emmanuel Macron, qui avait au préalable imposé ses conditions à TF1 en refusant un débat direct, en ont surtout profité pour s’en prendre à son action. « Ce que j’essaie de faire au nom de la France, mais ce que nous essayons de faire en Européens, c’est d’essayer de stopper cette guerre sans faire la guerre », a fait valoir le président-candidat. Interrogé pour savoir s’il considérait Poutine comme un « dictateur », il a argué que ce n’est « pas en insultant ou en qualifiant que ce sera le plus efficace ». Il entend en outre continuer à lui parler.
Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour, tous trois soupçonnés de connivences passées avec le président russe, ont également refusé de se prononcer, préférant le terme d'« autocrate », contrairement à Anne Hidalgo, Valérie Pécresse et Yannick Jadot. Ce dernier veut en plus « traquer les milliardaires russes partout ». Il a également plaidé pour un embargo sur le gaz et le pétrole russe.
L’enjeu du pouvoir d’achat
Les candidats ont longuement parlé de la flambée des prix du carburant, conséquence concrète la plus immédiate de la guerre pour les Français, et plus généralement sur la défense du pouvoir d’achat, préoccupation numéro un des électeurs. Mais Emmanuel Macron n’en a pas profité pour annoncer de nouvelles mesures, soulignant, un sourire au coin de la lèvre, que « le candidat a été précédé par le président et c’est normal ». Il a ainsi rappelé que le gouvernement avait déjà dégagé 20 milliards d’euros en faveur du pouvoir d’achat citant par exemple le chèque inflation.
Plusieurs candidats ont dénoncé l’annonce du gouvernement d’une remise à la pompe de 15 centimes par litre à partir du 1er avril, estimant qu’elle « vient trop tard », à l’image d’Anne Hidalgo qui a même ironisé sur un éventuel « poisson d’avril ». Jean-Luc Mélenchon a lui plaidé pour un blocage des prix à « 1,30 euro ou 1,40 euro à la pompe ».
Le débat a également tourné autour des retraites, Emmanuel Macron confirmant son intention de repousser l’âge de départ à 65 ans, ou encore concernant les économies d’énergie et le nucléaire où ils ont affiché de profondes divergences. Jean-Luc Mélenchon a ainsi insisté sur le « danger » du nucléaire civil en cas de guerre et Yannick Jadot sur la nécessité d’en sortir, Anne Hidalgo défendant un « mixte ». Les autres, y compris Fabien Roussel, ont eux défendu le nucléaire comme instrument d’indépendance.
Quatre candidats n’étaient par contre pas présents lundi soir. Très bas dans les sondages, Nathalie Arthaud, Philippe Poutou, Nicolas Dupont-Aignan et Jean Lassalle n’avaient pas été conviés. Quelques jours plus tôt, ce dernier a d’ailleurs dénoncé le fait d’être traité comme un « candidat de merde et inutile ».