Présidentielle 2022 : Pourquoi les meetings en plein air se développent-ils ?

TENDANCE Yannick Jadot était à Marseille ce mercredi dans un meeting de rue. Un format, dans lequel s’était essayé Jean-Luc Mélenchon en 2017, qui se développe et « répond à plusieurs exigences », explique un professeur de communication politique

Alexandre Vella
Yannick Jadot en meeting en plein air à Marseille, le 2 mars
Yannick Jadot en meeting en plein air à Marseille, le 2 mars — Christophe SIMON / AFP
  • Les meetings en plein air, s’ils ne sont pas tout à fait une nouveauté, tendent à se multiplier ces temps-ci.
  • La crise sanitaire, évidemment, constitue un élément de réponse.
  • Mais ce format permet aussi de renouveler le genre, entre autres avantages, explique Philippe Moreau-Chevrolet, professeur de communication politique à Sciences Po.

« Du soleil, un peu, mais pas trop pour pas que ce ne soit désagréable, et surtout pas de pluie ! », place Yannick Jadot, depuis la scène circulaire installée sur le Vieux-Port de Marseille. Coutumier des meetings en plein air – il en a déjà donné dans six autres villes –, le candidat écologiste à la présidentielle participe au renouvellement de ces moments incontournables des campagnes électorales. Une manière de « remettre la politique au cœur de la cité » et de « s’adresser à un public différent », explique son équipe de campagne. Ce format a le vent en poupe et permet de rompre avec les meetings traditionnels.

Avant lui, on se souvient que Jean-Luc Mélenchon avait expérimenté ce format en 2017 sur ce même lieu. Plus récemment, en septembre, le président Emmanuel Macron s'y était adonné dans le jardin du palais du Pharo pour la présentation de son plan "Marseille en grand", quoiqu’une courte averse eût quelque peu gâché la fête (et fait sauter l’électricité). Un format dont Marseille n’a toutefois pas le monopole, Éric Zemmour s’y est essayé face au mont Saint-Michel le 18 février dernier. L’occasion de fournir de belles images, mais pas seulement.

« Les meetings en plein air répondent à plusieurs exigences », introduit Philippe Moreau-Chevrolet, professeur de communication politique à Sciences Po. La crise sanitaire du Covid-19, déjà, dont l’extérieur permet de s’affranchir des contraintes. En termes de prises de risque, ensuite. « Cela permet d’éviter l’effet des sièges vides. On ne va pas être aussi en train de comparer les jauges entre les différents candidats et les médias vont avoir tendance à filmer de près », poursuit le professeur. Sans oublier néanmoins que les candidats s’exposent à d’autres risques, les aléas météo notamment, mais aussi à de gênant échec, tel Jean-Chrisophe Cambadélis seul avec sa sono sur sa palette rouge en plein Paris.

Considérations financières

Il est également des motivations plus pragmatiques. Car les meetings en plein air allègent considérablement le poids financier de ceux-ci. « Pour une grande salle, il faut compter 100.000 euros minimum et on se souvient que ce sont les meetings qui avaient fait déraper les frais de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 », indique Philippe Moreau-Chevrolet. Pour celle de Yannick Jadot cette année, trois techniciens dans un camion de 30 m3 suffisent à transporter tout le matériel nécessaire. Le coût en termes de sécurité est aussi diminué, préfecture et municipalité plaçant des policiers sur le terrain.

Un format novateur toutefois complémentaire avec les grandes démonstrations de force en salle où il s’agit de créer un événement média. « Seuls les grands meetings sont susceptibles d’aboutir à une diffusion en direct à la télé », rappelle le professeur. Et pour ça, pas d’autres choix que d’aligner la monnaie.