Résultats des régionales en Outre-mer : Participation record à Mayotte, victoire de la gauche en Guyane et en Martinique

ELECTIONS A Mayotte, dimanche, pour le second tour des élections régionales et départementales, le taux de participation a atteint 68,14 %

20 Minutes avec AFP
— 
(Illustration) Un électeur vote au premier tour des élections départementales et régionales, dimanche 20 juin.
(Illustration) Un électeur vote au premier tour des élections départementales et régionales, dimanche 20 juin. — Mourad ALLILI/SIPA

Un homme de terrain en Guadeloupe, une liste d’union de la gauche en Guyane, le retour de l’ancien président de région en Martinique et une participation record à Mayotte… Les électeurs d’Outre-mer se sont eux aussi rendus aux urnes, dimanche, 

20 Minutes fait le point sur les résultats aux élections régionales et départementales en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane et à Mayotte.

Guadeloupe

En Guadeloupe, le président sortant de la région, Ary Chalus (LREM), un homme de terrain, maire de Baie-Mahault depuis vingt ans, a été largement réélu dimanche soir. Après avoir débuté en 1989 comme conseiller municipal aux côtés du député-maire RPR de Baie-Mahault, il devient maire en 2001, et est depuis lors constamment réélu, et notamment dès le premier tour en 2014. Après s’être longtemps réclamé de sa seule « guadeloupéanité » et d’un « centre » politiquement indéfini, Ary Chalus, député de la troisième circonscription de Guadeloupe et président du Conseil Régional depuis 2015, s’est rapproché progressivement de la gauche locale.

En 2017, le président de Région Ary Chalus était le porte-parole du candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron, dans les Outremers. Alors qu’il avait misé sur le développement du tourisme comme levier de croissance en Guadeloupe pour son premier mandat à la tête de la région, avec un objectif d’un million de touristes à l’horizon 2020, la crise de la Covid 19 est venue doucher tout espoir d’atteindre cet objectif à court terme. L’homme a aussi été rattrapé, tout comme sa principale rivale Josette Borel-Lincertin, par des affaires politico-judiciaires. Il a ainsi passé plus de trente heures en garde-à-vue, en mai, dans le cadre d’une enquête pour « abus de confiance, détournement de fonds publics et financement illégal » de la campagne électorale de 2015.

Guyane

La liste d’union, entre trois candidats de gauche distancés au premier tour, avec à sa tête le député Gabriel Serville (DVG), a nettement remporté dimanche les élections dans la collectivité territoriale de Guyane (CTG). Cette victoire s’est faite au détriment du président sortant Rodolphe Alexandre, dont l’équipe avait pris les rênes de cette collectivité unique issue fin 2015 de la fusion de la région et du département. Cette liste d’union a recueilli 54,83 % des suffrages exprimés contre 45,17 % pour la liste du sortant, qui avait pourtant viré en tête au 1er tour (43,71 %). L’électorat s’est bien davantage mobilisé en Guyane pour ce deuxième tour avec un taux de participation de 53,22 % contre 34,79 % au premier tour.

Arrivé second au premier tour avec 27,68 % des suffrages, Gabriel Serville s’est distingué ces derniers mois en s’opposant parfois frontalement à la politique sanitaire de l’Etat en Guyane dans sa lutte contre le Covid-19. Il n’a par exemple pas voulu prendre position pour ou contre la vaccination tout en défendant la pharmacopée traditionnelle locale. Gabriel Serville est aussi rapporteur à l’Assemblée nationale de la commission d’enquête parlementaire évaluant actuellement la lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane. Il devra abandonner son mandat de député. Il aura finalement réussi à fédérer un électorat majoritaire entre les deux tours avec à ses côtés au sein de cette union, le maire amérindien d’Awala Yalimapo, Jean-Paul Fereira (DVG) réputé modéré, arrivé en 3e position au 1er tour.

Martinique

Serge Letchimy, 68 ans, est le nouveau leader de la collectivité territoriale de Martinique, un retour gagnant pour celui qui avait perdu sa place de président en 2015 face à Alfred Marie Jeanne. Arrivé en tête dimanche, il dispose d’une majorité confortable (26 sièges) à la collectivité de Martinique. En 2001, Aimé Césaire propose sa candidature pour sa succession à la mairie de la capitale. Quatre ans plus tard, il est élu président du parti progressiste martiniquais (PPM) d’Aimé Césaire lors du 17e congrès du parti. Réélu maire de Fort de France au premier tour en recueillant 82,62 % des suffrages exprimés, il abandonne son fauteuil deux ans plus tard en 2007, quand il est élu député. A l’Assemblée nationale, il est apparenté au groupe socialiste.

Son parti puis les alliés de la gauche le désignent comme le seul candidat pouvant détrôner Alfred Marie Jeanne au Conseil régional lors des élections de 2010. La liste « Ensemble, pour une Martinique nouvelle » qu’il conduit arrive en tête au second tour, et dispose d’une majorité de 26 élus sur 41. La mandature est difficile, la nouvelle majorité s’engage sur la réalisation du transport en site propre pensé en 1997 mais qui a des difficultés à avancer. L’équipe Letchimy engage d’énormes investissements, s’appuyant parfois sur des partenariats public/privé pour financer ses projets.

Aux élections de 2015, à la tête de la liste du groupe Ensemble pour une Martinique nouvelle (EPMN), il arrive en tête au premier tour, mais est battu au second. Les vainqueurs sont Alfred Marie Jeanne et Yann Monplaisir respectivement second et troisième au premier tour, qui ont créé l’alliance victorieuse sur une liste Gran Sanblé Pou Ba Péyi A An Chans' (rassemblement pour donner une chance au pays), estimant que « les nombreuses dépenses de l’équipe Letchimy ont mis les finances de la collectivité dans le rouge ».

Mayotte

Les électeurs de Mayotte, qui ont fortement participé dimanche au second tour des élections départementales, ont confirmé l’ancrage à droite de ce département d’outre-mer, mais l’élection de son président reste incertaine. La majorité des 26 conseillers départementaux élus dimanche sont étiquetés à droite ou au centre. Les candidats LR qui étaient en course dans sept cantons sur treize n’ont remporté que trois cantons, mais les autres élus ont tous des étiquettes divers droite ou du centre. Il sera néanmoins compliqué pour le député Mansour Kamardine, candidat à la présidence du département et vainqueur de justesse dans le canton de Sada (ouest), de constituer une majorité pour succéder au LR Soibahadine Ibrahim Ramadani qui ne se représentait pas.

Des anciens LR ou dissidents ont également cette ambition à l’instar de Ben Issa Ousseni, vice-président en charge des finances sortant, vainqueur à Tsingoni (nord-ouest) dans la seule triangulaire de ce second tour. Les centristes joueront également les arbitres avec six cantons et quelques présidentiables comme le conseiller départemental de Pamandzi, sur l’île de Petite-Terre, Daniel Zaïdani. Mais à Mayotte, on se félicite surtout du taux de participation, le plus élevé de France. Quelque 68,14 % des électeurs se sont déplacés dimanche, soit 7 points de plus qu’au premier tour et 2 de plus qu’il y a six ans.