Résultats des régionales : Abstention record, contre-performance du RN, majorité laminée... Les enseignements du scrutin

POLITIQUE L'abstention historique, entre 66 et 68 % selon les sondages, a eu un impact sur les résultats du premier tour des régionales ce dimanche

Thibaut Le Gal
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Elections régionales : Top et flop du premier tour — 20 Minutes
  • Le premier tour des régionales a été marqué par une abstention record, entre 66 et 68 % selon les sondages.
  • Cette faible participation semble avoir favorisé les présidents sortants, et donc les partis traditionnels que sont le PS et Les Républicains.
  • A contrario, le Rassemblement national est moins haut que prévu, et le parti de la majorité ne parvient pas à se maintenir dans plusieurs régions.

Un scrutin miné par un effondrement de la participation. Au premier tour des régionales ce dimanche, l’abstention  atteindrait entre 66,1% et 68,6%, un record tous scrutins confondus en France hors référendum. Pour le reste, le parti Les Républicains  arriverait en tête sur l'ensemble du territoire (entre 27,2 et 29,3 %) devançant le Rassemblement national (autour de 19 %), les listes conduites par le PS (entre 16,5 et 17,6 %), EELV (environ 12 % des voix) et La République en marche (10-11 %). Prime aux sortants, contre-performance RN, claque pour la majorité… 20 Minutes revient sur les enseignements de cette élection.

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Abstention record : l’opposition accable l’exécutif

Tous les responsables politiques ont regretté la participation d’une faiblesse historique. « Le niveau de l’abstention est particulièrement préoccupant », a déclaré dans un tweet le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Mais l’opposition a mis en cause la responsabilité de l’exécutif. « Ce soir le gouvernement a gagné, car il cherchait l’abstention massive », a fustigé le numéro 2 du RN, Jordan Bardella sur TF1. « Il y a dans l’organisation du scrutin une responsabilité énorme du gouvernement, jamais il n’y a eu un tel cafouillage », a abondé le patron de LR Christian Jacob, dénonçant le problème des professions de foi non reçues par certains électeurs. L’insoumis Jean-Luc Mélenchon a lui réclamé une commission d’enquête sur les conditions dans lesquelles s’est déroulé le vote. Des critiques balayées par Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, qui a évoqué « la situation sanitaire » et rappelé que le maintien du scrutin avait été validé par « toutes les formations politiques ».

La contre-performance du RN

En tête dans six régions en 2015, le parti de Marine Le Pen ne serait en pole position qu'en Provence-Alpes-Côte d'Azur, où Thierry Mariani devancerait très légèrement le président LR sortant,  soutenu par la majorité, Renaud Muselier. La percée prédite par les sondages n’a donc pas eu lieu pour le RN, qui enregistre 9 points de moins qu'en 2015. « Le RN n’atteint pas les scores espérés dans les Hauts-de-France, en Nouvelle-Aquitaine, en Auvergne, en Occitanie, dans le Grand-Est… », énumère Luc Rouban, chercheur au Cevipof et directeur de recherches au CNRS. « Il semble être touché par une abstention différentielle : son électorat s’est moins déplacé que celui des blocs de droite et de gauche, plus âgés et plus éduqués, qui sont remis en selle », ajoute le politologue. L’espoir du RN pourrait résider en Paca, qui se jouera en triangulaire, après le maintien annoncé de l'écologiste Jean-Laurent Felizia au second tour.

A droite et au PS, la prime aux sortants

L’abstention semble ainsi avoir privilégié les présidents sortants, qui distancent parfois assez largement leurs rivaux et pourraient être réélus au second tour. Qu’ils soient socialistes comme Carole Delga en Occitanie et Alain Rousset en Nouvelle-Aquitaine ou LR comme Jean Rottner dans le Grand-Est. A droite, le patron des Hauts-de-France Xavier Bertrand arrive nettement en tête et devrait conserver sa majorité, et sa candidature à la présidentielle, dimanche prochain. Laurent Wauquiez (LR) en Auvergne-Rhône-Alpes et Valérie Pécresse (Libres !) en Île-de-France, ses possibles concurrents pour 2022 à droite, font aussi la course en tête. A gauche on espère garder les cinq régions métropolitaines : Bretagne, Centre-Val-de-Loire, Bourgogne Franche-Comté, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie.

Une claque pour LREM et le gouvernement

La majorité avait fait savoir qu’elle n’espérait pas grand-chose du scrutin, si ce n’est de pouvoir jouer les faiseurs de roi. Mais dans les Hauts-de-France, malgré la présence de cinq ministres dont Eric Dupond-Moretti et Gérald Darmanin, en Occitanie et en Auvergne-Rhône-Alpes, les listes LREM sont sous les 10% et ne pourront même pas se maintenir en vue du second tour. « On retrouve le scénario des municipales. Quand ils ne s’associent pas à LR, ils paient leur manque d’implantation territoriale », résume Luc Rouban. Les ministres MoDem Marc Fesneau en Centre-Val-de-Loire (16 %) et Geneviève Darrieussecq (14 %) en Aquitaine font un peu mieux, mais leur troisième place ne devrait pas permettre de l’emporter.