Régionales dans les Hauts-de-France : Le vrai du faux sur la filière de l’éolien dans la région
POLITIQUE Sujet de discorde parmi d’autres entre les candidats aux régionales dans les Hauts-de-France, l’éolien fait parfois l’objet de clichés ou de fausses informations. « 20 Minutes » a tenté d’en savoir davantage sur ces mats qui peuplent nos campagnes
- Dans la bataille des régionales en Hauts-de-France, la question des éoliennes divise.
- Entre les candidats « pour » et les candidats « contre », chacun a ses arguments.
- 20 Minutes a rassemblé quelques données pour vous aider à forger votre opinion.
Les dessous des géantes ailées. S’il est un sujet qui fait débat entre les postulants au siège de président des Hauts-de-France, c’est bien celui de l’éolien. Entre radicalement « pour » et farouchement « contre », les arguments sont balancés à la volée sans que l’on puisse forcément les vérifier. Du coup, 20 Minutes a tenté de démêler le vrai du faux.
La plupart des éoliennes de France sont-elles dans les Hauts-de-France ?
Le fait avéré, c’est que la région compte le plus de mâts, juste devant le Grand-Est. Et cela représente un quart de la puissance produite par ce biais en France, soit, fin 2020, 4.867 mégawatts (MW). Mais l’information qui parle davantage, c’est le nombre de mâts qui hérissent les plaines des Hauts-de-France. « Il y en a environ 1.900 », assure Cécile Farineau, porte-parole régionale de France énergie éolienne, le « syndicat » des professionnels du secteur.
Pourquoi voit-on des grappes d’éoliennes par endroits ?
Même Karima Delli, candidate écologiste de l’Union de la gauche, s’interrogeait sur la répartition des éoliennes. « On est conscients de la concentration dans certaines régions, notamment les Hauts-de-France. Mais elle a toutes les caractéristiques topographiques favorables à l’implantation de l’éolien », reconnaît Cécile Farineau. Et sur la présence de « pôles éoliens » plutôt que d’éparpiller les mâts, c’est finalement une décision qui a été actée « il y a plus de dix ans lors du Grenelle de l’environnement », précise la porte-parole.
Une éolienne est-il un objet écoresponsable ?
France énergie éolienne assure qu’une éolienne est recyclable à 80 %. « A ce jour, seules les pales, en fibre de verre ou de carbone, ne sont pas recyclables. Mais des filières sont en train de se créer pour résoudre ce problème », assure Cécile Farineau. De même que la nouvelle réglementation, adoptée en juin 2020, oblige les installateurs à retirer l’intégralité du socle en béton lors du démantèlement du mât. Mais la question ne s’était pas encore posée, les premiers parcs installés arrivant tout juste au bout de leur durée de vie, estimée entre 20 et 25 ans.
Faut-il des milliers d’éoliennes pour compenser un réacteur nucléaire ?
Un des candidats avançait qu’il fallait 2.000 éoliennes pour produire autant qu’un réacteur nucléaire classique. C’est loin d’être exact. Sachant que le plus petit modèle de réacteur à une puissance de 900 MW et qu’une éolienne classique atteint 3 MW, la division est vite faite : 300 suffisent. « De toute façon, la question ne se pose pas de remplacer le nucléaire par l’éolien. Ce sont des modes de production qui se complètent », explique Cécile Farineau.
Cela n’est que de la théorie nous ont alerté, à juste titre, certains lecteurs calés sur le sujet. En effet, si le fonctionnement d’un réacteur nucléaire est constant, celui d’une éolienne dépend du vent. Selon les sources, les éoliennes tournent entre 80 et 90 % du temps, mais pas à plein régime. Le fournisseur d’énergie 3D Energies explique clairement que ses éoliennes fonctionnent 7.960 heures sur les 8.760 que compte une année. Mais le temps de fonctionnement rapporté à pleine puissance n’est que d’environ 1.900 heures, soit 22 % du temps. Donc, pour obtenir le même rendement qu’un réacteur de 900 MW, il faudrait en réalité plus de 1.300 éoliennes.
Le secteur de l’éolien est-il pourvoyeur d’emploi ?
Selon France énergie éolienne, la filière compte près de 2.150 emplois en équivalent temps plein (ETP). Ce chiffre comprend tout, des métiers allant du bureau d’études à la maintenance en passant par les sous-traitants. « C’est de l’emploi très diffus mais la filière est en plein développement. Les projets d’installation de parcs en instruction pourraient permettre de doubler le nombre d’emplois dans les dix années à venir », estime Cécile Farineau. A titre de comparaison, la filière nucléaire dans les Hauts-de-France génère plus de 15.000 emplois induits selon la Chambre de commerce et d’industrie régionale, dont 2.000 salariés EDF sur le seul site de Gravelines.