Elections européennes : A Marseille, la droite s’effondre, le Rassemblement national, en tête, se voit « plus que jamais » à la mairie
RESULTATS A un an des municipales de Marseille, bastion historique de la droite, Les Républicains enregistrent aux européennes un piètre score, au profit notamment du Rassemblement national
- A Marseille, le RN arrive en tête aux européennes, tandis que LR ne dépasse pas les 10% dans ce qui constitue pourtant son bastion historique.
- A un an des municipales, la partie s’annonce donc compliquée pour la droite, avec, en toile de fond, une possible désunion.
- A l’extrême-droite, Stéphane Ravier voit en ce scrutin européen un marchepied favorable pour la mairie centrale.
Seulement 8,30 % des suffrages exprimés. A Marseille, bastion historique des Républicains, qui sont actuellement à la tête de la ville, de la métropole, du conseil départemental et de la région, la droite a enregistré ce dimanche aux européennes un des scores les plus bas de son histoire. Les Républicains terminent ainsi en cinquième position. Pour rappel, aux dernières législatives, les Républicains avaient rassemblé 25,21 % des suffrages, devant le Front national et ses 11,02 %.
« C’est un très mauvais résultat, un échec retentissant, reconnaît Yves Moraine, chef de file des Républicains au sein du conseil municipal de Marseille. La droite n’a jamais été aussi basse, c’est assez inédit. » A un an des municipales, dans une ville où le maire ne se représente pas, la partie s’annonce-t-elle donc compliquée pour les Républicains dans la deuxième ville de France ? Contactés, ni Renaud Muselier, ni Martine Vassal, ni même Bruno Gilles, tous trois poids lourds de la droite marseillaise et candidats déclarés ou possibles aux municipales, ne souhaitent répondre à nos demandes d’interview, arguant chacun un « manque de temps ».
L’union impossible ?
Martine Vassal et Bruno Gilles renvoient vers leurs communiqués de presse, publiés peu de temps après que le couperet des européennes est tombé. Avec, dans chacun, le même appel : celui de l’unité. « La victoire n’est possible que lorsque nous sommes rassemblés et à l’écoute des préoccupations de nos concitoyens », lance ainsi Martine Vassal. « À nous de préparer les prochaines échéances dans un esprit de responsabilité et d’union », abonde Bruno Gilles.
Mais comment envisager l’union de la droite, quand l’une, pas encore officiellement candidate, affirme qu’elle ne « s’interdit rien », et l’autre, déjà candidat depuis plusieurs mois, qu’il ira « jusqu'au bout » quoi qu’il arrive ? « Il ne faut pas se fermer les yeux, les municipales vont être très difficiles, concède Yves Moraine, lui-même un temps candidat à la mairie. Et sans union, ça va être particulièrement difficile. L’union, c’est la condition pour gagner. Je crois encore que c’est possible. Ce n’est pas simple, mais c’est possible. Il y a eu des sondages, il va y en avoir d’autres, et il faut regarder celui ou celle qui a le plus de chances de conduire vers la victoire. »
Le RN en tête
Une union d’autant plus nécessaire que, pour ces élections européennes, le Rassemblement national enregistre un important score, au point d’arriver en tête à Marseille, avec 26,31 % des voix, comme dans de nombreuses communes de la région Paca. Excepté Nice, il s’agit même de la seule grande ville française où le parti de Marine Le Pen parvient à se hisser sur la première marche du podium.
De quoi nourrir les espoirs de Stéphane Ravier, candidat RN à la mairie de Marseille. « J’y crois plus que jamais, confie-t-il. Le Rassemblement national a gagné 1.500 voix de plus à Marseille par rapport aux précédentes européennes (ou le FN était déjà en tête, ndlr). Les Républicains font partie des vestiges de Marseille. Ils se sont pris une déculottée historique, y compris dans ce qui est vu par certains comme des fiefs de la droite, à l’image du 9e arrondissement. »
« Sanctionner un système »
Et d’affirmer : « Il y a une volonté de sanctionner un système et ses représentants, en la personne de Jean-Claude Gaudin et ses amis. Quand Gaudin fait valoir le fait qu’il a fait baisser le chômage, il oublie la réalité, à savoir qu’un quart des Marseillais survivent en dessous du seuil de pauvreté et sont dans la merde, sociale, économique, communautaire. Je tends la main à tous les Marseillais. »
« Localement, ce n’est qu’une déclinaison de ce qu’il s’est passé nationalement veut croire Yves Moraine. Il n’y a pas de leçon locale particulière à tirer de ce scrutin. Je ne crois pas à une influence locale, positive ou négative. » Sans évoquer toutefois une donnée nouvelle dans l’échiquier politique marseillais, qui pourrait être au cœur des prochaines discussions au sein de LR : aux européennes, LREM arrive en seconde position à Marseille, avec 20,56 % des voix. Et si certaines têtes de proue locales du mouvement ont fait savoir qu’ils n’envisageaient nullement une alliance avec la droite, à Paris, cette possibilité est loin d’être écartée…