Toulouse: A deux ans des élections municipales, La République en marche va-t-elle brouiller les cartes?
MUNICIPALES Les maires viennent de boucler la première partie de leur mandat. A deux ans des élections municipales, « 20 Minutes » se demande quelles sont les forces en présence à Toulouse…
- Le maire sortant, Jean-Luc Moudenc (LR), sera sans aucun doute candidat à sa propre succession.
- La République en marche n’a pas encore indiqué si elle investissait un candidat face à Jean-Luc Moudenc, jugé plutôt « Macron-compatible ».
- Plusieurs noms circulent à gauche, mais aucun n’est officiellement candidat. Les partis traditionnels (PS-EELV-PC) devront composer avec la France Insoumise, plébiscitée lors des dernières élections.
Dans deux ans, si le calendrier ne bouge pas, les Toulousains devront élire leur futur maire. Pour l’heure, aucun parti n’a avancé ses pions sur l’échiquier politique. A gauche, on prête l’intention à beaucoup de socialistes de partir à la reconquête de la mairie.
Quant au maire de droite sortant, Jean-Luc Moudenc (LR), il continue à enchaîner les inaugurations et à occuper le terrain, laissant peu de place à La République en Marche. 20 Minutes fait le point sur les forces en présence.
Qui est Jean-Luc Moudenc, le maire sortant ?
Jean-Luc Moudenc n’a pas encore officiellement indiqué qu’il était candidat à sa propre succession… tant cela paraît certain.
En 2008, après 37 ans d'absence, la gauche avait reussi a remporté le Capitole à ses dépens, lui qui avait pris la succession au pied levé de Philippe Douste-Blazy.
Après une traversée du désert, celui qui s’inscrit dans la tradition baudisienne d’une droite modérée a réussi à retrouver son fauteuil de maire en 2014. Au lendemain de sa victoire, il avait tout de suite indiqué qu’il s’inscrivait dans la durée.
Et pour l’heure, au sein de sa famille politique, personne ne cherche à le lui contester. Même s’il a à plusieurs reprises tendu la main à Emmanuel Macron et lancé avec Christian Estrosi « La France Audacieuse », le mouvement « de droite et du centre portant la voix des territoires ».
« Cela a été tellement difficile à reprendre, cela ne servirait à rien d’avoir un candidat purement Les Républicains », insiste un cadre du parti de Laurent Wauquiez. Car si Jean-Luc Moudenc a réussi à empocher les clés du Capitole, pour son entourage c’est parce qu’il « a su faire du Macron avant Macron ». « Il y a quatre ans, sa liste comprenait 50 % de personnes issues de la société civile. Il a derrière lui les Républicains, mais surtout Toulouse Métropole ensemble qui a ses propres troupes et a des militants fidèles à Moudenc », explique un de ses proches.
LREM présentera-t-elle un candidat face au maire sortant Macron-compatible ?
Un maire sortant Macron-compatible, d’autant plus qu’il peut compter sur deux députés de la majorité présidentielle au sein de sa propre équipe municipale. Et dans une commune où La République en marche a tout raflé lors des dernières élections législatives, cela a du poids.
Avec de tels résultats, LREM pourrait légitimement présenter un candidat aux municipales. Selon Europe 1, pour un parlementaire, « à l’instant T, Jean-Luc Moudenc n’est pas sur la ligne de LREM », sous-entendant qu’il pourrait avoir un écueil sur sa route. « Ce serait un mauvais calcul et un vrai risque de perdre pour les macronistes. Par contre, il est certain que certains membres de la majorité présidentielle poussent d’autres candidatures dans l’ombre », relève un connaisseur du monde politique toulousain.
Parmi les noms qui reviennent régulièrement, il y a notamment ceux de l’ancienne première adjointe au maire de Pierre Cohen et actuelle Garde des Sceaux, Nicole Belloubet, ou encore celui du président de la Chambre régionale de commerce et d’industrie, Alain di Crescenzo.
Qui pour mener l’opposition municipale à gauche ?
S’il y en a qui verraient d’un bon œil une candidature LREM, et donc une opportunité de voir Jean-Luc Moudenc déstabilisé, ce sont les élus d’opposition. Pendant plusieurs mois, le socialiste Pierre Cohen et ses anciens colistiers écologistes et communistes ont eu du mal à se remettre de leur défaite. Aujourd’hui, l’opposition municipale joue collectif face au maire Les Républicains.
De là à faire une alliance lors des prochaines municipales dès le premier tour, rien n’est moins sûr. Sans parler même de savoir qui pourrait être tête de liste. Pierre Cohen n’a pas encore levé l’option d’une candidature. Mais depuis quatre ans, le banc de ses fidèles s’est raréfié. Au sein du PS, les différents courants ont bien du mal à se structurer. Certains prêtent des ambitions à la vice-présidente de la Région, Nadia Pellefigue. « Mais elle n’aura certainement pas de majorité au sein du parti », prédit un cadre PS.
Depuis plusieurs mois, l’ancien maire de Tournefeuille, le sénateur Claude Raynal laisse planer le doute sur une éventuelle candidature. Le nom de l’élu municipal Romain Cujives circule aussi.
« Avant le qui, il faudrait se pencher sur le quoi. Et puis, notre électorat qui est parti chez Mélenchon y restera. L’enjeu ce sont ceux qui sont allés chez Macron, soit ils sont fixés sur une candidature En Marche, sinon il faudra les reconquérir », insiste un socialiste.
La France Insoumise en trouble-fête ?
Aux deux extrêmes de l’échiquier politique, il faudra surtout compter sur la France Insoumise, le Front National n’ayant jamais percé dans la Ville rose. Au premier tour de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon était arrivé en tête du scrutin sur la Ville rose. Moins de deux mois après, les candidats France Insoumise réalisaient de très bons scores aux législatives. Si le scrutin ne s’était déroulé que sur la Ville rose, trois d’entre eux siégeraient aujourd’hui à l’Assemblée nationale, notamment Manuel Bompard, l’actuel directeur des campagnes du parti de Jean-Luc Mélenchon.
On continue à voir les militants lors d'actions ou dans les cortèges des manifestations. Plus concentrés sur la législative partielle qui se joue dans la 8e circonscription les 11 et 18 mars, les Insoumis joueront certainement le rôle des trouble-fêtes, comme les Motivé-e-s en leur temps. « La France Insoumise est très ancrée dans la ville et aura de grandes ambitions », a récemment assuré Manuel Bompard au Journal Toulousain.
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