Législatives: Comment le mouvement citoyen Ma voix veut «hacker l'Assemblée nationale»
REPORTAGE Avec les élections législatives, le mouvement Ma voix espère envoyer des citoyens tirés au sort à l'Assemblée nationale...
- Présent dans 43 circonscriptions, Ma Voix présente 86 candidats issus de la société civile…
- Le mouvement, sans chef ni programme, entend remettre les citoyens au cœur de la politique…
« Qui me représente le mieux ? » Pour le mouvement Ma voix, la réponse se trouve dans le miroir. Le mouvement citoyen, né en septembre 2015, a choisi des affiches de campagne originales pour les élections législatives. Pas de photo de candidat ni de logo, mais simplement un miroir dans lequel tout le monde peut se regarder. Ce vendredi après-midi, ils sont postés place de l’Odéon à Paris, pour faire connaître leur mouvement.
« Ici, on sort des cases traditionnelles et des chemins tous tracés. Le 6 mai, lors d’une grande réunion, nous avons tiré au sort les 86 hommes et femmes qui allaient être candidats pour nous représenter à l’Assemblée nationale. C’était un moment très fort », raconte Quitterie de Villepin, veste jaune fluo sur le dos. L’ancienne journaliste et soutien du mouvement répète inlassablement le fonctionnement de Ma voix aux passants.
Pas de programme, pas de leader
Avec une organisation horizontale, le mouvement n’a pas de « chef ». Les participants sont simplement regroupés par ville ou par quartier. Tout le monde participe comme il en a envie. Sur leurs tracts, aucun programme n’est annoncé. « Nous proposons une méthode et non une idéologie. Chaque décision sera soumise à un vote en ligne. Si une majorité de personnes est en faveur d’une loi, le député votera pour. Si ce n’est pas le cas, il votera contre », explique Nesrine, parisienne et membre du mouvement depuis octobre 2015. Elle assure qu’au sein du mouvement, personne ne fait passer ses propres idées devant celles de la communauté. « Je n’ai pas la moindre idée de quel bord politique sont mes collaborateurs. »
Aux passants qui s’inquiètent de voir des novices à l’Assemblée, Juliette, 21 ans, répond qu’elle a mis au point des outils pour les former à la vie politique. « Avec d’autres étudiants en Droit à la Sorbonne, nous avons créé des MOOCs sur différentes thématiques. Ce sont des cours accessibles en ligne qui ont pour but de rendre intelligible à tout le monde le fonctionnement des institutions. »
Présente de longues minutes place de l’Odéon, Alice, une passante de 33 ans, repart avec un flyer jaune fluo dans les mains. « Ils ont le mérite d’éveiller les consciences mais je ne voterai pas pour eux. Faire pression sur les élus, ça date du 19e siècle. La lutte, c’est dans la rue que ça marche », explique celle qui se dit « syndicaliste depuis de nombreuses années. »
Même son de cloche chez Charles, 20 ans, étudiant et qui n’a pas prévu d’aller voter aux élections législatives. « L’idée est vachement intéressante. Mais qu’est-ce qui me garantit que ceux qui iront siéger à l’Assemblée ne sont pas corrompus ? »
Discuter et danser
Sur le trottoir, chacun met la main à la pâte. Juliette, la jeune étudiante, lance un Facebook live avec son téléphone. Quitterie de Villepin astique les miroirs salis par la pluie. D’autres membres se lancent dans une danse improvisée, qui aura le mérite d’attirer quelques passants. « C’est exactement ça qui me plaît dans ce mouvement : la spontanéité et le fait que chaque individu peut s’émanciper au sein de la démocratie », confie Laetitia, qui travaille dans l’événementiel à Paris. Ici le mot d’ordre c’est « agir ». « On en a marre d’aller aux urnes tous les cinq ans pour sauver la République. On veut réengager les citoyens dans le processus de décision », explique Nesrine. Présent dans 43 circonscriptions, le mouvement Ma voix dit ne pas avoir d’objectif chiffré pour le scrutin. Leur seul but affiché : « hacker l’Assemblée nationale. »