Présidentielle: Un jeune sur cinq n'en a «plus rien à faire de la politique»

INFO 20 MINUTES La dernière enquête de « 20 Minutes » montre que les jeunes, découragés, choisissent de tourner le dos à la politique…

Coralie Lemke
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Carte d'électeur ou non, certains jeunes n'ont pas prévu de se déplacer aux urnes.
Carte d'électeur ou non, certains jeunes n'ont pas prévu de se déplacer aux urnes. — S. GOMIS/SIPA

Un jeune sur cinq déclare qu’il n’en a « plus rien à faire de la politique » selon la dernière enquête #Moijeune réalisée par OpinionWay pour 20 Minutes*. Un chiffre qui monte jusqu’à un jeune sur quatre (26 %) dans le Sud-Ouest et chez les personnes vivant dans de petites communes dont la population varie entre 2.000 et 20.000 habitants. En cause, la déconnexion des politiques avec le quotidien des électeurs. Mais aussi les affaires qui rythment la campagne présidentielle.

« Je ne compte pas accorder de crédit à un homme politique véreux. Ils sont à dix mille lieues de notre réalité. La seule raison aujourd’hui pour laquelle nos pitoyables politiques se battent autant, c’est pour les avantages que ce poste leur apporte », tonne Elodie, une Lyonnaise de 21 ans. Quand il pense aux politiques, Nicolas, 23 ans et originaire de Bretagne se dit « vous n’en valez pas la peine ! » « Ce phénomène d’indifférence et d’écœurement s’étend de plus en plus. Un désengagement qui résulte de l’effondrement de la morale publique, avec d’une part les révélations sur les politiques mais aussi le manque de résultat perçu au quotidien », explique Brice Teinturier, auteur de Plus rien à faire, plus rien à foutre, qui explore en détail le profil de ces « prafistes » [un terme issu de la contraction de « Plus rien à faire, plus rien à foutre »].

Ils n’iront pas voter

Si bien que 34 % des jeunes ont choisi de ne soutenir aucun candidat. Dans l’isoloir, ils opteront pour des stratégies différentes, comme le vote blanc (20 %), le vote nul (2 %) ou l’abstention (12 %). « Ce ne sont pas de simples abstentionnistes. Ils sont en général très politisés mais ont perdu toute confiance », souligne le spécialiste.

A 20 ans, Diana, étudiante en ingénierie en Normandie, a elle aussi perdu la foi. « Je croyais très fort à un changement avant. J’étais à fond dans la politique, je lisais tous les programmes, regardais tous les débats et j’étais contre le vote blanc et l’abstention… Et puis petit à petit j’ai perdu toute illusion. »

Rien à voir avec le vote FN

« On est loin du vote de la colère, du fameux ‘’coup de pied dans la fourmilière’’. Les prafistes n’adhèrent pas du tout aux valeurs du FN. Les frontistes croient en leur projet, les prafistes, eux, ne croient plus en la politique », précise Brice Teinturier. « Je souhaiterais faire bouger les choses mais à une si grosse échelle, rien ne me paraît possible », regrette Stéphane, 29 ans, qui habite à Sartrouville en Ile-de-France.

Pour Brice Teinturier, le mandat de François Hollande y est pour beaucoup. « En 2012, beaucoup d’électeurs ont choisi François Hollande pour faire barrage à Nicolas Sarkozy. Puis au fil des mois, les prafistes ont perdu leur intérêt pour François Hollande. »

* Etude OpinionWay pour 20 Minutes réalisée en ligne du 15 au 17 mars 2017 auprès d’un échantillon représentatif de 1.188 jeunes âgés de 18 à 30 ans (méthode des quotas).

Si vous avez entre 18 et 30 ans, vous pouvez participer au projet «#MOIJEUNE», une série d'enquêtes lancée par 20 Minutes et construite avec et pour les jeunes. Toutes les infos pour vous inscrire en ligne ici.